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Tradition.  Le bon couplet, ou duilian, du festival des bateaux-dragons

CHINE ANCIENNE > Tradition

Le cinquième jour du cinquième mois du calendrier lunaire se déroule le festival traditionnel chinois Duanwu, également connu sous le nom de festival Duan Yang ou festival des bateaux-dragons. Le festival des bateaux-dragons a aussi permis de produire quelques-uns des meilleurs couplets, ou duilian, qui ont rencontré un certain succès.

Les érudits chinois ont toujours apprécié les joutes verbales autour des couplets ou duilian, déclinés sous forme de charades. Il appartenait à chacun de faire valoir son érudition, sa sagesse et surtout son sens de la répartie.

Le bon couplet, ou duilian, du festival des bateaux-dragons
Zhu Yuanzhang (朱元璋 - 1328 à 1398), dont le nom de temple était l’empereur Taizu des Ming et qui a régné en tant que l’empereur Hongwu (洪武),fondateur de la dynastie Ming, était doué pour les couplets. (Image : wikimedia / Wen Zhengming / Domaine public)

L’empereur Taizu des Ming et ses ministres lors d’un festival des bateaux-dragons

Zhu Yuanzhang (朱元璋 - 1328 à 1398), dont le nom de temple était l’empereur Taizu des Ming et qui a régné en tant que l’empereur Hongwu (洪武), fondateur de la dynastie Ming, était doué pour les couplets. Une année, lors du festival des bateaux-dragons, il a invité ses ministres autour d’un banquet et proposé un duilian : « La porte de Duanmen est au Nord, celle de Wumen est au Sud, et la cour a donné un banquet pour le festival de Duan Wu ».

Dans le couplet supérieur, le Duan de Duanmen et le Wu de Wumen constituent ensemble le mot « Duanwu » qui se trouve dans la phrase : « La cour a donné un banquet au festival de Duanwu ». Il appartenait ensuite aux autres invités du banquet d’enchaîner le couplet suivant le style. Mais cela ne semblait pas aussi simple.

À ce moment-là, le ministre Shen Ying a réfléchi rapidement, et a répondu : « La liste des candidats retenus au printemps vient en premier, la liste de l’automne vient après, les examens impériaux sont organisés au Printemps et à l’Automne »

Sous la dynastie Ming, la liste de printemps, également appelée Jiabang, annonçait le nom des candidats ayant réussi au plus haut degré et finale dans l’examen impérial en Chine impériale. La liste d’automne, également appelée Yibang, était destinée aux candidats inscrits à l’examen impérial provincial. Dans la deuxième partie du couplet, les deux listes du « printemps » et de l’« automne » faisaient écho aux deux portes de Duanmen et Wumen, en même temps, le nom des saisons « printemps et automne » fait écho au nom du festival de Duanwu, les deux parties du couplet étaient parfaitement symétriques et naturelles.

Le bon couplet, ou duilian, du festival des bateaux-dragons
Une fois, lors de la fête des bateaux-dragons, le grand peintre de la dynastie Ming, Wen Zhengming (文徵明 - 1470 à 1559) a rencontré un érudit. Leurs couplets étaient si accomplis que l’érudit a tapé des mains en signe d’admiration. (Image : wikimedia / Wen Zhengming / Domaine public)

Le peintre Wen Zhengming répond par un duilian clair et fluide

Une fois, lors de la fête des bateaux-dragons, le grand peintre de la dynastie Ming, Wen Zhengming (文徵明 - 1470 à 1559) a rencontré un érudit. Ce dernier a écrit la première partie du couplet et a demandé à Wen Zhengming de le compléter par une deuxième phrase : « Le premier jour des dix premiers du mois et le milieu des dix jours du milieu du mois, ce sont le jour de shuori de la nouvelle lune et le jour de wangri de la pleine lune ». Wen Zhengming a répondu avec désinvolture : « le 5ème jour du 5ème mois, et le 9ème jour du 9ème mois, ce sont les fêtes de Danyang et de Chongyang ». Le couplet était si naturel et symétrique qu’il se déroulait avec fluidité : c’était donc une paire merveilleuse. L’érudit a tapé des mains en signe d’admiration.

Jeu de couplet entre les hommes de talents

Selon la légende, dans les temps anciens, deux hommes talentueux surnommés Chen et Li aimaient faire des couplets pour se divertir. Lors d’un festival des bateaux-dragons, ils sont passés devant un lac. Chen a improvisé une phrase : « Il y a un double soleil (Chong Yang) au Festival de Duanwu, le soleil et son reflet au fond de l’eau claire (Qing Ming) ». Li ne voulant pas être en reste a murmuré cette réponse : « Il y a de la petite neige (Xiao Xue) lorsque le gel (Shuang Jiang) tombe sur les avant-toits au grand froid (Da Han) ».

Les deux hommes n’ont pu s’empêcher d’échanger un sourire, car la première partie de ce couplet contient les noms de trois festivals : « Duanwu », « Qing Ming » et « Chongyang », et la deuxième est incrustée des noms de trois périodes saisonnières, à savoir « Grand froid », « Gel » et « Petite neige ». Le froid d’hiver et la chaleur de l’été créent un contraste poétique et donnent un charme particulier.

Des couplets plus populaires pour éclairer le festival

Le folklore a fait circuler une telle paire de couplets décrivant le festival : « A midi (l’heure de Wushi) du Festival de Duanwu, les gens célèbrent le festival de Duanwu. Le premier jour du printemps, les gens font la sortie printanière pour profiter du printemps ».

Le jour de la fête de Duanwu, les gens préparent des zongzi, accrochent de l’acore odorant sur la porte, participent à la course de bateaux-dragons et à d’autres activités. À midi, chaque famille fait la fête dans une ambiance festive. Le couplet ci-dessus représente l’atmosphère du festival folklorique des bateaux-dragons.

Après le « premier jour du printemps », c’est le retour du printemps à la terre, les gens sortent de chez eux pour aller dans la nature, la deuxième partie du couplet décrit comment le peuple profite du printemps. Les trois « Wu » font écho avec les trois « Printemps » pour créer un couplet sans faille, fluide et d’un grand intérêt.

Le bon couplet, ou duilian, du festival des bateaux-dragons
Ces joutes verbales, très répandues dans la Chine ancienne, outre le fait de marquer l’érudition, reflétaient la sérénité et la vertu de ces hommes qui joutaient avec les mots pour stimuler leur sens de la créativité et leur richesse intérieure. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)

Des références aux Analectes de Confucius

Selon la légende, il était une fois un jeune homme très doué, en moins d’un an, il a passé successivement deux examens : celui de présélection, le Tongshi, avant le festival des bateaux-dragons et l’examen provincial, le Xiangshi, après le Festival Chongyang. Alors quelqu’un a écrit un couplet pour le féliciter : « Avant le festival des bateaux-dragons, tu as réussi à l’examen Tongshi et après le festival Chongyang, tu es devenu un Juren en passant par l’examen provincial ».

À première vue, ce couplet est difficile à comprendre, mais en fait, la seconde moitié du premier couplet est tirée des Analectes de Confucius : - Madame Ji : « La dame s’appelle Tong devant son époux », mais il a omis avec sagesse le mot Tong. La seconde moitié du second couplet est tirée des Analectes de Confucius - Duc Wey Yuan : « Un gentilhomme ne recommande pas les gens selon leurs paroles ». « Recommander les gens » (Ju Ren) s’écrit de la même manière que le titre accordé aux candidats retenus à l’examen provincial « Juren » mais qui a été omis comme « Tong ». Ainsi, il est clair que le contenu de ce couplet est le suivant : avant le festival des bateaux-dragons, tu as réussi à l’examen Tongshi et après le festival Chongyang, tu es devenu un Juren en passant par l’examen provincial. Ce couplet est approprié et unique.

Ces joutes verbales, très répandues dans la Chine ancienne, outre le fait de marquer l’érudition, reflétaient la sérénité et la vertu de ces hommes qui joutaient avec les mots pour stimuler leur sens de la créativité et leur richesse intérieure.

Rédacteur Charlotte Clémence
Collaboration Yi Ming

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