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Monde. La Chine recueille l’ADN de 700 millions d’hommes

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La Chine met en place le plus grand système de surveillance génétique au monde en collectant des échantillons de sang d’hommes et de garçons dans tout le pays. (Image :  pixabay / CC0 1.0)
 

La Chine met en place le plus grand système de surveillance génétique au monde, en recueillant des échantillons de sang de plus de 700 millions d’hommes et de garçons dans tout le pays. Ce fait a été révélé dans un rapport publié par l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI). Lorsque la base de données génétiques sera complète, les autorités chinoises pourront retrouver les parents de n’importe quel homme via un prélèvement de salive, de sang ou de tout autre élément génétique.

Collecte d’échantillons d’ADN

Le projet de collecte d’ADN est en cours depuis 2017. Combiné à des technologies telles qu’un système de surveillance massive équipé d’une IA (Intelligence Artificielle) capable de reconnaître les visages, le régime chinois pourra se concentrer sur des groupes tels que les minorités religieuses, les militants pro-démocratie, les Tibétains, etc. La police affirme qu’elle a besoin de la base de données pour confondre les criminels. Toutefois, ce projet a suscité une forte opposition à l’intérieur même de Chine.

Les militants des droits de l’homme soulignent que le projet permettra aux fonctionnaires chinois de suivre, d’identifier, de contrôler et de punir les proches des « criminels » s’ils ne parviennent pas à attraper le « coupable ». Même si les autorités chinoises l’affirment, il est difficile de croire que les gens fournissent de leur plein gré ces échantillons d’ADN. Les militants des droits soutiennent que la collecte se fait sans consentement, parce que les citoyens vivant dans un État autoritaire n’ont pratiquement aucun droit de refuser, sous peine que leur famille soit inscrite sur la liste des « ménages noirs » et que l’accès aux hôpitaux, aux transports, etc, leur soit limité.

Les membres de la famille d’un « ménage noir » voient leur accès aux hôpitaux limité. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Les membres de la famille d’un « ménage noir » voient leur accès aux hôpitaux limité. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

« La capacité des autorités à découvrir qui est le plus intimement lié à qui, étant donné le contexte de la punition de familles entières suite à l’activisme d’une personne, va avoir un effet paralysant sur la société dans son ensemble », a déclaré Maya Wang, chercheuse sur la Chine pour Human Rights Watch, au New York Times. Beaucoup craignent que Pékin n’utilise de fausses preuves par l’ADN pour condamner des personnes ciblées, comme par exemple, une personne pro-démocratie. Les autorités chinoises n’auraient qu’à récupérer son échantillon d’ADN déjà collecté et le placer sur une scène de crime, puis arrêter la personne en l’accusant d’être liée au crime.

En mars de cette année, des échantillons de sang ont été prélevés auprès de la population masculine de la municipalité de Guanwen, dans le sud-ouest de la province du Sichuan, dans le cadre du projet « Sharp Eyes ». Ce projet inciterait les gens à dénoncer les voisins qu’ils soupçonnent d’être engagés dans une activité « anti-PCC ». La base de données ADN masculine est utilisée par une société de bio-ingénierie pour construire un « Skynet ADN », Skynet étant le système de police chinois qui combine les mégadonnées et la surveillance vidéo.

Une entreprise américaine impliquée

Selon le rapport, de nombreuses entreprises chinoises et étrangères sont impliquées dans la fourniture des équipements nécessaires à la collecte et à l’analyse des échantillons d’ADN. Parmi elles, la société biomédicale américaine Thermo Fisher pose problème. Plusieurs législateurs américains ont critiqué Thermo Fisher pour avoir fait des affaires avec le régime communiste.

L’entreprise américaine Thermo Fisher a fourni au gouvernement chinois des séquenceurs d’ADN utilisés pour collecter des informations génétiques. (Image : Capture d’écran /  YouTube)
L’entreprise américaine Thermo Fisher a fourni au gouvernement chinois des séquenceurs d’ADN utilisés pour collecter des informations génétiques. (Image : Capture d’écran /  YouTube)
 

La société a défendu l’accord en avançant un argument de faible teneur, à savoir que ses produits aident à traquer les « criminels ». Dans un État autoritaire, toute personne qui exprime son opinion contre les intérêts du pouvoir est considérée comme un criminel. Vendre des produits qui peuvent essentiellement aider un tel gouvernement à arrêter des personnes innocentes va définitivement à l’encontre de l’éthique des affaires.

Rédacteur Fetty Adler

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