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Monde. La Chine sanctionne cinq entreprises américaines du secteur de la défense pour des ventes d’armes à Taïwan

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Le 7 janvier, le gouvernement chinois a annoncé qu’il imposerait des sanctions à cinq entreprises américaines du secteur de la défense en réponse aux nouvelles ventes d’armes à Taïwan. Cette mesure, annoncée par le ministère chinois des affaires étrangères, marque une évolution significative dans les relations déjà tendues entre la Chine et Taïwan.

Les sanctions à l’encontre de BAE Systems Land and Armaments, Alliant Techsystems Operations, AeroVironment, Viasat et Data Link Solutions, font suite à l’approbation par le département d’État américain d’un programme militaire de 300 millions de dollars destiné à renforcer les systèmes d’information tactique de Taïwan. Cet accord a exacerbé le conflit de longue date sur la souveraineté de Taïwan.

« Les récentes ventes d’armes (par les États-Unis à Taïwan) portent gravement atteinte à la souveraineté et aux intérêts de sécurité de la Chine et compromettent sérieusement la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan », a déclaré le ministère chinois des affaires étrangères dans un communiqué publié à la suite de l’approbation de l’accord. Les sanctions prévoient le gel des actifs de ces entreprises en Chine, ainsi que l’interdiction pour les personnes et les organisations chinoises de faire des affaires avec elles.

Un différend de longue date

Taïwan, une île gouvernée démocratiquement et connue officiellement sous le nom de République de Chine (ROC), a toujours été au cœur du conflit. Bien qu’elle conserve sa propre souveraineté et sa gouvernance de facto, le Parti communiste chinois (PCC) la revendique comme faisant partie de son territoire et promet depuis longtemps d’utiliser tous les moyens nécessaires pour la réunifier avec la Chine continentale.

Ces dernières années, le PCC a intensifié ses activités militaires dans le détroit de Taïwan, notamment par des incursions fréquentes dans la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan et par des exercices navals. Cette situation, associée à l’exclusion de Taïwan des Nations unies en 1971 en reconnaissance de Pékin comme « seul gouvernement légitime de la Chine », a renforcé l’isolement de l’île par rapport à la communauté internationale.

La situation souligne également l’équilibre délicat des pouvoirs dans le détroit de Taïwan, une voie navigable de 160 kilomètres de large qui sépare Taïwan de la Chine continentale. Le calendrier des sanctions de Pékin, intervenu quelques jours seulement avant les élections présidentielles et législatives du 13 janvier, est perçu comme une manœuvre stratégique visant à influencer le paysage politique de l’île.

« Le gouvernement chinois reste inébranlable dans sa détermination à sauvegarder la souveraineté nationale, la sécurité et l’intégrité territoriale et à protéger les droits et les intérêts légitimes des entreprises et des citoyens chinois », indique le communiqué du ministère, reflétant la position ferme de la Chine face à ce qu’elle perçoit comme une ingérence des États-Unis et de l’Occident dans ses affaires intérieures.

Un élément crucial pour la défense crédible de Taïwan

Les États-Unis, quant à eux, maintiennent que leurs ventes d’armes sont cruciales pour l’autodéfense de Taïwan. L’Agence de coopération pour la sécurité de la défense du Pentagone a déclaré que la vente d’armes servait à « soutenir la modernisation des forces armées taïwanaises et le maintien d’une défense crédible ».

Les analystes craignent cependant que ces développements n’augmentent le risque de conflit militaire, notamment avec les exercices militaires réguliers de la Chine autour de Taïwan qui rappellent la persistance de la menace. Bien qu’ils reconnaissent la République populaire de Chine plutôt que Taïwan, Les États-Unis sont légalement tenus de garantir la capacité de Taïwan à se défendre, ce qui conduit souvent à des actions telles que des mouvements de navires de guerre dans le détroit de Taïwan, aggravant encore la situation de Pékin.

En vertu du Taiwan Relations Act (TRA) de 1979, la loi sur les relations avec Taïwan qui engage les Etats-Unis à soutenir l’autodéfense de Taïwan sous forme d’armement et de renseignements, Washington a également continué à entretenir des relations informelles avec l’île, bien qu’elle ne la reconnaisse pas formellement comme une nation indépendante.

Les sanctions sont largement symboliques

L’efficacité des sanctions de Pékin, qui sont avant tout considérées comme « largement symboliques », reste à voir, note Song Zhongping, ancien instructeur de l’Armée populaire de libération (APL) de Chine. « Lorsque les actions de certaines entreprises de défense constitueront une menace pour les intérêts nationaux et la sécurité nationale de la Chine, Pékin imposera des sanctions réciproques à leur encontre », a-t-il déclaré au South China Morning Post (SCMP).

Alors que les entreprises de défense américaines ne font généralement pas d’affaires avec la Chine, l’impact des sanctions pourrait encore réduire les opportunités commerciales entre les deux pays. Toutefois, la valeur symbolique de ces actions ne peut être sous-estimée dans le domaine de la politique internationale, note Song Zhongping.

« En imposant ces sanctions, la Chine espère que ces entreprises se rendront compte que mettre en péril la sécurité nationale de la Chine entraînera inévitablement la perte du marché chinois ».

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

Source : Simmering Tensions: China Sanctions 5 US Defense Firms Over Arms Sales to Taiwan

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