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Chine. Typhon Doksuri : les inondations sans précédent en Chine suscitent ressentiment et protestations

ACTUALITÉ > Chine

La réaction des autorités chinoises aux graves inondations survenues à Pékin et dans ses environs après le passage du typhon Doksuri a suscité une grande colère. De nombreuses personnes accusent le Parti communiste chinois (PCC) de sacrifier des communautés rurales pour les utiliser comme « fossés » afin de protéger la capitale et le projet de prestige de Xi Jinping, la nouvelle zone de Xiong’an.

De nombreuses régions de l’est et du nord de la Chine ont été ravagées par des inondations à la suite de l’attaque du typhon Doksuri, qui a touché terre sur la côte sud-est de la Chine le 28 juillet avant de se diriger vers Pékin et le nord-est du pays.

Les inondations ont été les plus graves que Pékin ait jamais connues depuis le début des relevés, il y a plus de 140 ans. Les eaux pluviales ont même ouvert une brèche dans la Cité interdite, vieille de 600 ans, qui était auparavant protégée par son système de drainage élaboré et qui avait permis au palais impérial de rester au sec lors des graves inondations qui avaient frappé la capitale chinoise en 2012.

Cultures et moyens de subsistance détruits

La province de Hebei, dans le nord de la Chine, qui entoure Pékin et compte plus de 60 millions d’habitants, a été la plus touchée par le typhon Doksuri.

Soixante-sept des quatre-vingt-trois réservoirs de la préfecture de Baoding ont débordé sous l’effet des fortes pluies. La ville de Zhuozhou a été particulièrement touchée, avec des précipitations moyennes atteignant plus de 350 millimètres (environ 13,5 pouces) pour la seule journée du 1er août.

Des centaines de milliers de personnes ont été évacuées en raison des inondations, qui ont causé des milliards de yuans de dommages économiques et submergé de vastes superficies de terres agricoles, encore indéterminées.

Des images de Pékin montrent des bus et des voitures transportant des passagers emportés par les torrents, tandis qu’une vidéo de l’aéroport de Daxing de la capitale montre des pistes et des aires de roulage remplies d’eau.

Ailleurs, dans la province de Fujian au sud, et dans les provinces du nord-est, on peut voir des cultures détruites par les inondations.

Les autorités ont affirmé que les inondations n’avaient fait que quelques dizaines de victimes, alors que le journaliste citoyen Gao Yu affirme qu’au moins 200 personnes ont péri rien qu’à Mentougou, une banlieue de l’ouest de Pékin.

Gao Yu, qui est basé à Pékin, a également déclaré que les autorités de Mentougou ont bloqué les signaux de téléphonie mobile pour empêcher les gens de diffuser en direct des scènes de la catastrophe.

Utiliser la population comme un fossé

Alors que les inondations s’aggravaient dans la province du Hebei, des responsables du PCC ont suggéré que les autorités canalisent l’eau vers les zones peuplées de faible altitude plutôt que de laisser les inondations menacer davantage Pékin ou Xiong’an, situé à l’est de Baoding.

La nouvelle zone de Xiong’an, destinée à devenir un deuxième centre administratif politique pour la direction du PCC, a fait l’objet d’une grande attention dans la propagande du dirigeant chinois Xi Jinping et est présentée comme un élément majeur du « plan millénaire » du régime.

Entre le 31 juillet et le 5 août, plusieurs responsables du PCC ont proclamé l’importance d’utiliser les villes et les communautés rurales du Hebei pour « servir résolument de fossé » à Pékin et à Xiong’an.

Parallèlement, des ordres ont été donnés au niveau administratif local pour ouvrir des brèches dans de nombreuses digues situées dans les zones inondées. Ces décisions ont suscité la colère des habitants des zones touchées, comme en témoignent les images d’affrontements entre les habitants, la police et les démolisseurs.

Dans tous les cas, les digues ont été détruites malgré les protestations des habitants.

Les experts des médias du PCC ont exhorté la population à faire confiance aux « bonnes intentions » du régime, tandis que les autorités locales ont critiqué les citoyens qui ont diffusé des informations sur les catastrophes naturelles pour avoir ruiné l’image publique de leurs communautés.

Dans le même temps, les citoyens ont largement accusé les autorités et les organisations caritatives d’État (y compris la Croix-Rouge chinoise) d’imposer des formalités administratives inutiles et suspectes aux personnes qui tentent de faire des dons pour venir en aide aux sinistrés du Hebei.

Selon un journaliste de l’hebdomadaire chinois Southern Weekly, depuis le 3 août, les fonctionnaires de Zhuozhou « entreposent » les fournitures données par les habitants concernés et les revendent aux personnes dans le besoin au lieu de les distribuer comme prévu.

Le 4 août, de nombreuses équipes de secours organisées par des civils, qui n’avaient pas le droit d’entrer dans la zone sinistrée, ont quitté la région, et l’Armée populaire de libération (APL) a pris le relais.

Le 1er août, les autorités de Zhuozhou ont affirmé qu’il n’y avait « aucun mort et aucun disparu » parmi les 130 000 personnes touchées par les inondations, ce qui a suscité la colère de la population locale. Les affirmations du gouvernement ont été contredites par des images prises par un journaliste de la chaîne de télévision publique locale, qui aurait trouvé de nombreux corps dans une maison inondée.

L’ancien camarade de classe du journaliste, qui a relayé l’information sur les médias sociaux, a déclaré que les habitants de Zhuozhou se « réveillaient lentement » face aux horreurs commises par le régime du PCC, après avoir payé un « prix douloureux » pendant les inondations.

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

Source : Unprecedented Flooding in China Leads to Resentment, Protests

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