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Chine. La Chine construit une troisième base de silos à missiles nucléaires

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La construction d’un troisième réseau de silos de missiles nucléaires, censé abriter plus de 100 missiles balistiques intercontinentaux, a été identifiée en Chine par des responsables du Pentagone, à l’aide d’images satellites, selon The Washington Times.

Cette base, découverte tout récemment, est la troisième de cette taille identifiée cette année par les services de renseignement américains.

« L’amiral Charles Richard, chef du Commandement stratégique américain, a déclaré jeudi 12 août que les deux premiers champs de missiles en construction font partie de l’expansion « explosive » des forces nucléaires de la Chine », selon le rapport du Washington Times.

Lors d’une conférence sur la défense antimissile, l’amiral Richards a déclaré : « nous assistons à une percée stratégique de la Chine. La croissance explosive de ses forces nucléaires et conventionnelles ne peut être que ce que j’ai décrit comme étant à couper le souffle », ajoutant que « franchement, l’expression " à couper le souffle " pourrait ne pas suffire ».

Les missiles censés être abrités dans les nouveaux silos s’ajoutent aux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) existants que l’Armée populaire de libération (APL) a déployés dans des silos ainsi qu’à des dizaines de missiles mobiles, lancés par sous-marin et à longue portée.

Lanceurs de missiles nucléaires DF-41 chinois

Selon le Washington Times, La construction d’une troisième base de silos de missiles nucléaires, censée abriter plus de 100 missiles balistiques intercontinentaux, a été identifiée en Chine par des responsables du Pentagone, à l’aide d’images satellites. Ces nouveaux silos pourraient accueillir des missiles balistiques intercontinentaux DF-41 de l’armée chinoise, pouvant atteindre les Etats-Unis et l’Europe. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Les responsables du Pentagone spéculent que la Chine utilisera la base de missiles pour abriter la dernière nouveauté de son arsenal, le missile DF-41, qui serait capable d’accueillir plus de 10 ogives transportées par des MIRV (multiple independently targetable reentry vehicles) ou véhicules de rentrée à cibles multiples indépendantes.

Les MIRV sont des missiles balistiques exo atmosphériques qui peuvent contenir plusieurs ogives, chacune pouvant être dirigée vers des cibles différentes.

L’imagerie satellite indique que ce troisième site est situé près de Hanggin Banner, dans la ville d’Ordos, région de la Mongolie intérieure. Deux autres sites comprenant chacun plus de 100 silos ont été découverts en juin et juillet derniers dans le désert à l’extérieur de la ville de Yumen, au nord-ouest du pays.

Ces sites sont tous situés à l’intérieur de la Chine, loin de la côte orientale.

Un arsenal en pleine expansion

Selon des responsables américains, les trois nouvelles bases de missiles pourraient abriter entre 350 et 400 missiles à longue portée. Cela signifie que l’arsenal de la Chine pourrait atteindre plus de 4 000 ogives si l’on tient compte du seul inventaire de DF-41.

Les États-Unis disposent actuellement d’un inventaire estimé à 3 800 ogives, dont 1 357 sont déployées pour être utilisées et les autres stockées.

L’amiral Richard a déclaré que si les États-Unis disposent d’un stock d’ogives plus important que celui de la Chine, deux tiers d’entre elles sont « indisponibles opérationnellement » en raison de contraintes liées à des traités, telles que les dispositions du traité New Start avec la Russie. La Chine n’a pas à faire face à de telles contraintes.

L’année dernière, le Pentagone a estimé que l’armée chinoise disposait d’un nombre d’ogives nucléaires se situant autour de « 200 » et que l’arsenal devrait doubler dans les années à venir. L’amiral Richard estime que les estimations des services de renseignement concernant le stock nucléaire de la Chine doivent être mises à jour chaque semaine en raison du rythme de développement des armements de Pékin.

La Chine développe régulièrement ses forces de dissuasion nucléaire, y compris des sous-marins porteurs de missiles, en plus des silos terrestres et des lanceurs mobiles. (Image : wikimedia / CC0 1.0)

Le nombre réel de nouveaux missiles destinés à ces silos est inconnu, mais il pourrait être beaucoup plus faible. La Chine est connue pour avoir déployé des silos leurres dans le passé.

Il s’agit d’une tactique utilisée par les États-Unis et vraisemblablement par d’autres puissances nucléaires. Pendant la guerre froide, les forces stratégiques américaines déplaçaient les missiles d’un silo à l’autre dans un « tour de passe- passe », dans l’espoir de confondre leurs rivaux soviétiques.

Des questions subsistent quant à la capacité de la Chine à produire des matières fissiles en quantités suffisantes pour armer pleinement son arsenal.

Un développement nucléaire rapide

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré la semaine dernière que les États-Unis observaient avec inquiétude le développement nucléaire rapide de la Chine.

Lors d’une réunion virtuelle du Forum régional de l’ANASE (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est), Antony Blinken a déclaré qu’il était « profondément préoccupé par la croissance rapide de l’arsenal nucléaire de la RPC, qui met en évidence la façon dont Pékin s’est fortement écarté de sa stratégie nucléaire vieille de plusieurs décennies, fondée sur la dissuasion minimale ».

L’amiral Richard pense que l’expansion rapide de l’arsenal nucléaire de la Chine sera utilisée pour contraindre les États-Unis.

« La raison pour laquelle la Chine continue de se moderniser n’a pas vraiment d’importance. Ce qui compte, c’est qu’elle se dote de la capacité d’exécuter toute stratégie plausible d’emploi du nucléaire - la dernière brique du mur d’une armée capable de coercition », a-t-il déclaré.

Bien que les Chinois aient nié qu’ils déplacent leurs forces stratégiques, l’amiral Richard a déclaré : « Il faut regarder ce qu’ils font, pas ce qu’ils disent. »

Rédacteur Fetty Adler

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