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Monde. Accord d’investissement UE/Chine : un cheval de Troie

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L’accord d’investissement entre l’UE et la Chine fait l’objet de critiques en raison des violations continues des droits de l’homme par le régime communiste. (Image : David Mark / Pixabay)
 

En décembre dernier, la Commission européenne a annoncé que les dirigeants du Conseil de l’UE avaient conclu un accord « de principe » avec la Chine communiste, concernant les investissements entre l’UE et la Chine. Cet accord, du nom de « China-EU Comprehensive Agreement on Investment » (CAI) doit encore être ratifié par le Parlement européen avant de prendre effet. De nombreux États membres de l’UE ont accusé Bruxelles d’ignorer les violations brutales des droits de l’homme et les conditions de travail horribles en Chine communiste.

La Commission européenne, sur la défensive, a fait valoir qu’elle avait obtenu un meilleur accès au marché pour les entreprises européennes en Chine communiste et qu’elle avait reçu l’engagement de Pékin de faire les efforts nécessaires pour s’attaquer aux domaines problématiques, notamment en adoptant des conventions internationales sur le travail forcé. Cependant, Pékin est connu pour faire des promesses qu’il ne tient pas, notamment en ce qui concerne l’amélioration de son triste bilan en matière des droits de l’homme.

Maria Martin-Prat, principale négociatrice de l’UE en matière d’investissements avec la Chine, a déclaré que l’Europe « a besoin de la croissance économique » que la Chine communiste a à offrir.

L’homme politique allemand Reinhard Butikofer, qui préside la délégation du Parlement européen pour la Chine communiste, a vivement critiqué l’accord. (Image : wikimedia / Heinrich-Böll-Stiftung from Berlin / Deutschland / CC BY-SA 2.0)
L’homme politique allemand Reinhard Butikofer, qui préside la délégation du Parlement européen pour la Chine communiste, a vivement critiqué l’accord. (Image : wikimedia / Heinrich-Böll-Stiftung from Berlin / Deutschland / CC BY-SA 2.0)
 

L’homme politique allemand Reinhard Butikofer, qui préside la délégation du Parlement européen pour la Chine communiste, a vivement critiqué l’accord. Il a qualifié l’accord de « cadeau de Noël » pour le président chinois Xi Jinping. Il trouve déplorable que les dirigeants de la Commission européenne se soient « rangés du côté des Chinois » avant l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. Selon lui, c’est faire un « doigt d’honneur » à l’Amérique.

Maria Martin-Prat a rejeté l’idée selon laquelle Bruxelles aurait dû attendre l’entrée en fonction de Joe Biden pour signer l’accord avec la Chine. Elle a déclaré que l’UE n’avait pas besoin de « demander la permission à un partenaire commercial », quelle que soit sa taille.

Clive Hamilton, professeur d’éthique publique à l’université Charles Sturt de Canberra, en Australie, met en garde contre la signature d’accords avec le gouvernement communiste chinois.

« Pékin considère les accords d’investissement comme une sorte de cheval de Troie... un moyen par lequel il peut exercer une plus grande influence politique et économique dans d’autres pays par le biais des canaux ouverts par ces accords d’investissement... (Pékin voit) l’Australie comme un grand prix parce que nous sommes comme une nation " européenne " dans ce qu’il considère comme sa sphère d’influence, et proche des États-Unis », a-t-il déclaré à RFI.

Les promesses faites par la Chine communiste aux entreprises européennes posent également problème. Par exemple, l’accord stipule que la Chine autorisera les entreprises européennes à installer des cliniques de santé dans les grandes villes chinoises. La Chine promet également une participation européenne dans l’industrie des voitures électriques.

Ces promesses sont non seulement vagues, mais également soumises aux « conseils du gouvernement » du régime communiste. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de créer des coentreprises dans des secteurs tels que les télécommunications et la finance, ainsi que de décider de l’emplacement d’éventuelles usines.

Les dirigeants européens insistent sur le fait que si le CAI doit être approuvé lors de sa ratification l’année prochaine, il reste de nombreuses choses à faire. Il s’agit notamment de sanctionner la Chine communiste pour les violations des droits de l’homme, en visant notamment les fonctionnaires chinois qui ont pris part à ces violations dans la région du Xinjiang, et de créer de meilleures opportunités pour les entreprises européennes.

La Chine communiste a mis en garde l’UE contre l’application de ces sanctions

« Nous voulons le dialogue, pas la confrontation. Nous demandons à l’UE d’y réfléchir à deux fois... Si certains insistent sur la confrontation, nous ne reculerons pas », a déclaré Zhang Ming, ambassadeur de Chine auprès du bloc des 27 nations de l’UE, lors d’un séminaire en ligne.

Deux poids, deux mesures en ce qui concerne les médias

L’industrie des médias est l’un des principaux sujets de préoccupation de la CAI. La Chine communiste a investi 3,5 milliards de dollars au cours des dix dernières années dans des entreprises de médias européennes. L’accord stipule que les investisseurs chinois dans les entreprises de médias européennes doivent être traités de la même manière que les investisseurs européens, sans toutefois garantir les mêmes droits aux investisseurs européens dans les entreprises de médias chinoises.

Marie-Pierre Vedrenne, législatrice française, a déclaré que si l’UE traite Pékin comme un partenaire, la Chine est loin de lui rendre la pareille. Les détracteurs de l’accord n’ont de cesse de répéter que le régime communiste n’offre pas des conditions de concurrence équitables dans le secteur des médias.

Alors que la chaîne CCTV, contrôlée par la Chine, est autorisée à diffuser ses programmes sans entrave en Europe, les chaînes de l’UE sont soumises à des restrictions strictes lorsqu’elles émettent en Chine communiste.

Rédacteur Fetty Adler

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