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Culture. Analogie entre Ye Xian et Cendrillon (11/11)

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Dans cette série d’articles, nous nous penchons sur des personnages historiques de l’Orient et de l’Occident. Pour conclure en beauté, nous vous présentons, en bonus, une paire (la seule fictive) dont les similitudes sont troublantes. 

Saviez-vous qu’il existe une Cendrillon chinoise ? 

Le conte de fées chinois de Ye Xian nait en 80, sous la dynastie Tang, bien avant qu’il ne soit largement connu et relayé. La version de Cendrillon la plus communément répandue apparaîttra, quant à elle, plus de huit siècles plus tard, en 1697, alors que celle de Disney date de 1950, et celle d’Amazon Prime de 2021... 

D’après ce que l’on sait, la forme la plus ancienne de l’histoire de Cendrillon, Rhodopis, apparait en Grèce autour de l’an 0 de notre ère. Cette version met en scène une esclave grecque épousant un roi égyptien. Cependant, ici, nous allons comparer la version chinoise à l’occidentale la plus connue, c’est-à-dire celle basée sur l’histoire de Cendrillon, écrite par le français Charles Perrault. 

D’abord, vérifions quelques éléments : 

- La belle jeune femme, du nom de Ye Xian, est douce et a bon cœur. 
- Elle est orpheline de mère. 
- Son père meurt et sa cruelle belle-mère la contraint à la servitude. 
- Sa belle-mère fait tout ce qui est en son pouvoir pour rendre la vie de Ye Xian misérable. 

Cela vous semble familier ? 

La Cendrillon chinoise, Ye Xian

La vie était dure pour Ye Xian, mais elle avait un confident qu’elle adorait et qui n’était autre qu’un poisson (par opposition aux souris). Ce poisson était l’une de ses seules sources de joie. Chaque jour, lorsqu’elle sortait voir son poisson, celui-ci, tout excité, remontait à la surface pour la saluer. 

Mais la belle-mère, jalouse de Ye Xian, le découvrit bientôt... Ainsi quand le poisson voyait que la marâtre approchait, il plongeait rapidement dans les profondeurs pour éviter son regard meurtrier. 

Un jour, la marâtre se déguisa en Ye Xian et imita sa voix pour inciter le poisson à remonter à la surface. Lorsque l’innocent poisson émergea, il se retrouva face à la méchante femme qui brandissait une dague. C’était trop tard. La belle-mère cuisina le poisson et le mangea avec la demi-sœur de Ye Xian. Les arêtes furent enterrées. 

Lorsque Ye Xian découvrit le meurtre de son seul ami, elle s’effondra en larmes. 

Alors que Cendrillon avait comme marraine une fée gaie et insouciante, Ye Xian, elle, avait comme parrain un maître taoïste arborant barbe et longue toge. Et c’est à ce moment précis qu’il fit son apparition. 

« Ne pleure pas mon enfant », lui dit-il. « Je sais où sont enterrées les arêtes du poisson. Va les déterrer et garde-les secrètement. Quand tu seras dans le besoin, tu pourras demander aux arêtes de te donner ce que tu veux. Mais souviens-toi, ne sois pas avide, sans quoi le divin te punira. » 

La pantoufle dorée

Un festival du Nouvel an fut organisé pour les habitants de la ville, et la demi-sœur de Ye Xian, toute excitée, prévoyait d’y assister, dans l’espoir de trouver son futur mari. 

Ye Xian aussi souhaitait désespérément y assister, mais sa belle-mère lui interdit formellement de quitter la maison. Elle craignait que la beauté de Ye Xian n’éclipse sa demi-sœur lors du festival. 

N’ayant aucune tenue festive, Ye Xian sortit les vieilles arêtes de poisson, et voilà qu’aussitôt elle se trouva revêtue d’une magnifique robe de soie, d’un manteau de plumes, et... d’une paire de pantoufles dorées et brillantes. 

Grâce aux arêtes magiques du poisson et à son immortel bienfaiteur, Ye Xian se rendit au festival, où elle eut vite fait d’attirer les regards. Les festivaliers furent impressionnés par sa beauté, son visage angélique, son charmant sourire et sa gracieuse démarche. 

Au moment où Ye Xian appréciait d’être ainsi courtisée, elle fut repérée par sa demi-sœur. 

« Regarde maman ! » s’exclama la demi-sœur. « N’est-ce pas ma sœur ? ! » 

Entendant sa demi-sœur crier, Ye Xian s’enfuit et perdit, dans sa hâte, l’une des pantoufles qui glissa de son pied délicat. 

Très vite cependant, la pantoufle se retrouva entre les mains d’un jeune (et non moins charmant) roi. Celui-ci désirait ardemment retrouver la propriétaire de la pantoufle. 

Il s’enticha de la pantoufle à un point tel qu’il émit un décret royal stipulant qu’il épouserait celle dont le pied entrerait dans la pantoufle. 

La libération

De nombreuses jeunes filles tentèrent leur chance, mais aucune d’elles ne put enfiler la pantoufle. 

Le roi demanda alors à ses hommes de chercher l’autre pantoufle dans toutes les maisons du royaume. Finalement, elle fut découverte dans le tiroir de Ye Xian, aux côtés de son éblouissante robe. 

Ye Xian fut amenée devant le roi, qui fut instantanément subjugué. Elle glissa son pied dans la pantoufle, qui s’ajusta à ravir. 

Aussitôt les noces annoncées, le roi et Ye Xian se marièrent. Ye Xian fut libérée de la cruauté de sa belle-mère et de sa demi-sœur, et vécut heureuse avec le roi. 

Ye Xian, dont le cœur était aussi beau que son visage, pardonna à sa belle-mère et à sa demi-sœur. Malgré tout ce qu’elle avait enduré en vivant avec elles (humiliation, abus et cruauté), elle ne nourrissait aucun ressentiment. C’est peut-être l’un des secrets de son charme. 

Comme pour Cendrillon, il existe d’autres variantes de cette histoire, bien que celle-ci soit la plus courante. 

La version grecque de Cendrillon, tout comme la version irakienne, font mention d’une paire de sandales, mais les versions chinoise et française mentionnent toutes deux des pantoufles, respectivement en or et en verre. Il en va de même pour les versions russe, vietnamienne, tibétaine et thaïlandaise. 

En dépit de certaines différences culturelles, comme par exemple la réincarnation qui occupe une place importante dans les versions asiatiques, la morale dominante de ces histoires, tant en Orient qu’en Occident, est la bonté et le pardon. Pardonner aux malfaiteurs qui agissent par jalousie et par méchanceté et maintenir un cœur bienveillant, même lorsque tout espoir semble perdu. 

Ce concept de « l’histoire de Cendrillon », une bonne personne rencontrant infortune, injustice et privations et qui finit, à force de persévérance et de foi, par trouver le salut et le bonheur, est encore de nos jours l’une des trames les plus immuables et les plus attachantes. 

Leeshai. (Photo : Shenyunperformingarts.org)

Source : https://fr.shenyunperformingarts.org/

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