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Histoire. Les châteaux forts : un patrimoine gravé dans la pierre et dans les mémoires

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Les châteaux forts plus éloignés dans le temps que les simples châteaux, jalonnent des pans de notre histoire et alimentent notre imaginaire peuplé de solides murailles abritant des princesses endormies. Il s’agit pour l’heure de lever le voile sur ces bâtisses qui ont fait couler beaucoup d’encre.

Les châteaux forts : un patrimoine gravé dans la pierre et dans les mémoires
Le donjon, tour la plus haute du château fort, est le meilleur point d’observation. Il sert de dernier refuge en cas de prise par l’ennemi et peut à l’occasion servir de prison. (Image : wikimedia / CC BY-SA 3.0)

À quoi ressemblaient les châteaux forts ?

Le château fort est un édifice médiéval fortifié, habité par un seigneur et les siens. Le mot « château » rappelons-le, vient du mot latin castellum, qui veut dire « lieu fortifié ». Construits dès le VIIIe et le IXe siècle, les châteaux forts fleurissent en Europe. En France notamment, ils s’imposent dans le paysage pour enrayer l’invasion des Vikings. Les premiers châteaux forts se présentaient comme de modestes bâtisses en bois, juchées de préférence sur un promontoire, mais le bois ne tarda pas à être remplacé par la pierre, plus résistante au feu et à l’humidité.

Les châteaux forts se composent généralement des parties suivantes :

Les douves, fossés assez profonds entourant les murailles, empêchant ainsi l’approche des assaillants.
Les ponts-levis qui apparaissent au XIIe siècle. Actionnés par des chaînes, très résistantes, ils s’abaissent ou se relèvent en cas d’intrusion.
La herse, lourde grille en fer, coulissant vers le bas, servant de double protection pour le château fort.

La basse-cour : placée dans la première cour, elle tient lieu de refuge pour les paysans et leurs animaux.

La haute-cour : c’est la cour supérieure réservée au seigneur et à sa famille.
Le donjon, tour la plus haute du château fort est le meilleur point d’observation. Il sert d’ultime refuge en cas de prise par l’ennemi et peut à l’occasion servir de prison.

À quoi servaient les châteaux forts ?

Au Moyen Âge, les seigneurs devaient protéger leurs familles, leurs serviteurs et leurs biens des envahisseurs venant de l’Europe du Nord. Il leur fallait compter sur un habitat sûr. Le château fort correspondait parfaitement à ces exigences. Situé en altitude, l’édifice permettait aux maîtres des lieux de contrôler toutes les voies d’accès, qu’elles soient d’origine terrestre, fluviale ou maritime.

En conséquence, le rôle stratégique du château fort accordait au seigneur plus de pouvoir et d’autorité envers les populations jouissant de sa protection. La protection loin d’être gratuite, s’échangeait contre des impôts ou des corvées. Les châteaux forts, symboles du Moyen Âge étaient l’apanage du système féodal qui reposait sur la domination du seigneur.

Les châteaux forts : un patrimoine gravé dans la pierre et dans les mémoires
Tout comme le Louvre, le château de Saumur a connu la sobriété des châteaux forts pour se transformer en demeure éblouissante. (Image : wikimedia / Martin Falbisoner / CC BY-SA 3.0)

Des châteaux forts aux châteaux de plaisance : une sensible évolution

Le château fort au fil des années gagne en convivialité. La forteresse devient un lieu de vie plus confortable. L’exemple le plus frappant est la forteresse du Louvre, construite à l’initiative du roi Philippe Auguste, probablement entre 1190 et 1202. Selon les sources, l’ancienne forteresse aurait occupé le quart de la cour actuelle avec ses murs de 4 mètres d’épaisseur, ses dix tours, son donjon de 6 mètres. Le Louvre n’aurait été qu’un arsenal à l’origine.

Au XIVe siècle, sous l’impulsion du roi Charles V (1364-1380), l’austère château fort va se muer en demeure élégante parée de fenêtres, de tapisseries et de larges pièces d’apparat. De retour de captivité en Espagne, François 1er dans une lettre rédigée en 1528, promet aux Parisiens qu’il va se loger à Paris « dans notre chastel du Louvre » après l’avoir « fait réparer ». La promesse sera tenue bien des années plus tard. Il ordonne la destruction du donjon déclaré obsolète, puis le Louvre reconstruit fait place à un nouveau palais : les travaux du premier édifice de la Renaissance seront achevés sous Louis XV.

D’une manière générale, la fonction résidentielle des châteaux forts aura tendance à remplacer la fonction défensive. « L’habitation prend souvent largement le pas sur la défense » explique l’historienne de l’art Monique Chatenet, lors d’une conférence donnée le 17 janvier 2008.

Tout comme le Louvre, le château de Saumur, le château de Chateaudun ou le château de Vincennes pour ne citer que ceux-là, ont connu la sobriété des châteaux forts pour se transformer en demeures éblouissantes. Demeures où régnait en maître la légendaire « vie de château », ponctuée par son tourbillon de fêtes et de banquets ostentatoires.

La fin des châteaux-forts : comment expliquer ce déclin ?

À partir du XVe siècle, s’amorce une période de décadence pour les châteaux forts. Assez paradoxalement, c’est la guerre qui va précipiter leur déclin. Le développement de l’artillerie lourde rend les épaisses murailles très vulnérables et la fonction défensive des forteresses n’a plus sa raison d’être. Les transformations architecturales se révèlent insuffisantes. Aucun mur ne saurait résister à un boulet de canon propulsé à 500 mètres de distance !

Une deuxième explication justifie le déclin en question : l’effondrement de la pyramide féodale qui voit le pouvoir seigneurial s’effondrer au profit du pouvoir royal. Les rois, à l’instar de François 1er, s’ingénient à construire de somptueux palais pour asseoir leur pouvoir face à une aristocratie ambitieuse.

Dans la France contemporaine les châteaux forts se comptent par milliers. Il s’agit à l’évidence d’un patrimoine bien gravé dans la pierre et dans les mémoires.

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