Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Culture. Marie-Madeleine, figure majeure de l’Évangile, reconnue comme patronne de la Provence 

FRANCE > Culture

PODCAST

Tour à tour vénérée et décriée, Marie-Madeleine fut souvent revisitée au gré des périodes et traditions. Personnalité complexe, difficile à définir, elle reste la figure féminine la plus citée en dehors de la Vierge Marie. Pour en savoir davantage, rapprochons-nous des Écritures.

Une identité à définir : qui était-elle vraiment ?

Dans l’Évangile, Marie-Madeleine est présentée de façon multiple, trois femmes en une : Marie de Magdala, Marie de Béthanie et la « pécheresse anonyme ».

Marie de Magdala présentée dans l’Évangile de Saint Luc est la femme que Jésus délivre de sept démons, les démons symboles de sa vie libertine antérieure, pensent certains. Elle passe pour une femme riche, capable d’assister financièrement les disciples de Jésus et serait originaire de Magdala, ville située près du lac de Tibériade.

Marie-Madeleine est souvent assimilée à la femme « pécheresse ». Elle serait cette femme anonyme qui se présente au banquet de Simon, arrose les pieds de Jésus de ses larmes et les essuie avec ses cheveux sous les yeux scandalisés des invités. Elle répand un parfum très onéreux aux pieds du Seigneur en guise de repentir. Jésus prend sa défense. Elle est pardonnée car « elle a montré beaucoup d’amour ». Cette scène est relatée aussi par Saint Luc (Luc 7, 36-50).

Une autre scène comparable se produit cette fois avec Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare, qui oint les pieds de Jésus par dévotion. Elle ne pleure pas. Son geste ayant lieu quelques jours avant la Passion préfigure en quelque sorte les parfums répandus pour sa sépulture. Jésus glorifie son acte. L’évangéliste Jean en témoigne.

Selon la tradition, les Pères de l’Église, le Pape Grégoire Le Grand en particulier, considèrent que ces trois figures féminines représentent une seule et même femme : Marie-Madeleine.

Marie-Madeleine, figure majeure de l’Évangile, reconnue comme patronne de la Provence
Marie-Madeleine est le premier témoin du Christ ressuscité. C’est elle qui est chargée d’annoncer aux autres disciples la résurrection du Christ. (Image : wikimedia / Anton Raphael Mengs / Domaine public)

Marie-Madeleine : l’apôtre des apôtres

Marie-Madeleine fait partie de ce groupe de femmes qui assistent à la crucifixion et à la mort du Christ sans jamais l’abandonner, contrairement à l’ensemble des apôtres qui avaient fui lors des évènements. Fait plus emblématique encore, Marie-Madeleine est le premier témoin du Christ ressuscité. Le reconnaissant, elle s’apprête à le toucher. « Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père, mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala vient rapporter aux disciples qu’elle a vu le Seigneur, et qu’il lui a dit ces choses » (Jean 20, 17-20). C’est elle, la femme repentie, qui est chargée d’annoncer aux autres disciples la résurrection du Christ, ce qui lui valut le titre « d’apôtre des apôtres ». 

Marie-Madeleine, figure majeure de l’Évangile, reconnue comme patronne de la Provence
Marie-Madeleine quitte la Judée en l’an 45, sur une fragile embarcation, en compagnie de sa sœur Marthe, de leur frère Lazare et de quelques disciples, pour fuir la persécution. (Image : wikimedia / Giotto / Domaine public)

Marie-Madeleine et la tradition provençale

Selon la tradition occidentale, Marie-Madeleine, pour échapper à la persécution, quitte la Judée en l’an 45 sur une fragile embarcation, en compagnie de sa sœur Marthe, de leur frère Lazare et de quelques disciples. Ils accostent aux Saintes-Maries-de-la-Mer, ville située dans le sud de la Provence. « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile dans toute la création » (Marc 16, 15-20), leur avait dit le Christ. Marthe se dirige vers Tarascon, tandis que Marie-Madeleine et Lazare font route vers Marseille.  Marie-Madeleine, après avoir contribué à évangéliser la Provence, se serait installée dans la grotte de la Sainte-Baume pour y vivre ses trente dernières années en ermite, se repentant de ses fautes passées.

Par ailleurs Charles II d’Anjou, comte de Provence, neveu de Saint Louis, découvre en 1279 les reliques de Marie-Madeleine, suite à des fouilles opérées dans la cathédrale Saint-Maximin. Les reliques une fois identifiées par le Pape Boniface VIII, sont exposées et attirent des foules de pèlerins. Le culte de la Madeleine provençale prend de l’essor au détriment d’autres traditions. Marie-Madeleine est vénérée comme la sainte patronne de la Provence.

Au-delà des divergences encore vivaces sur l’identité de Marie-Madeleine ou sur la véracité de ses reliques, cette sainte atypique occupe l’imaginaire et interroge depuis 20 siècles. Sa popularité ne s’est jamais démentie. Marie-Madeleine suscite une dévotion toute provençale qui se serait muée en dévotion française. Inspirant les artistes et les écrivains, elle fait partie du patrimoine culturel autant que religieux.

Le Pape François, par le décret du 3 juin 2016, a précisé que « la célébration de Sainte Marie Madeleine, actuellement mémoire obligatoire, sera élevée dans le Calendrier Romain Général au rang de fête ». Selon le calendrier liturgique, Marie-Madeleine est fêtée le 22 juillet. Marie-Madeleine, celle qui incarne la confiance et l’engagement, est désormais célébrée au même titre que les autres apôtres.

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.