Sur les réseaux sociaux un tableau du peintre français, Auguste Toulmouche, est devenu un mème. (Image : wikimedia / Auguste Toulmouche / Domaine public)
Sur les réseaux sociaux un tableau d’un peintre français est devenu un mème. Il s’agit de La Fiancée hésitante (1886), une œuvre peinte par Auguste Toulmouche. Pourquoi cette toile est-elle devenue un mème ? Mais surtout qui était Auguste Toulmouche ?
De peintre à la mode des salons parisiens au XIXe siècle, Auguste Toulmouche a vu son succès s’éclipser peu à peu au profit de la montée de l’impressionnisme. (Image : wikimedia / Auguste Toulmouche / Domaine public)
« Dans le contexte des échanges numériques, plus particulièrement dans le monde des réseaux sociaux, le meme représente une unité icono-textuelle, dans la mesure où il propose une alliance de texte et d’image aisément transmissible », peut-on lire dans un article du linguiste Albin Wagener, publié sur le blog Dis-moi Robert . Il précise dans l’introduction de son article que « Devenu incontournable dans la culture populaire numérique, le mot mème fait désormais intégralement partie de notre vie sur les réseaux sociaux ».
Quel lien entre un mème et le tableau La Fiancée hésitante
Le fait est que ces derniers temps, ce tableau, La Fiancée hésitante, est devenu un succès sur les réseaux sociaux. Il serait utilisé pour exprimer les « moments d’indignation ou de revendication », d’un public largement féminin et jeune, est-il précisé dans un article de Callie Holtermann, paru dans le New York Times : Why Does This Bride Look So Mad? Ainsi, à travers les réseaux sociaux, le jeune public féminin jette un regard neuf sur cette toile « qui ne figure pas parmi les tableaux les plus connus de son époque », est-il précisé dans l’article.
Cependant, ce peintre reste peu connu dans l’histoire de la peinture française, si nous le comparons à deux de ses contemporains : Claude Monet et Edgar Degas. (Image : wikimedia / Auguste Toulmouche / Domaine public)
Mais que connaît ce jeune public du peintre Auguste Toulmouche
Une vidéo, accompagné du Requiem de Giuseppe Verdi, et mettant en avant ce tableau, « a été visionnée plus de six millions de fois » sur la toile, et « d’autres utilisateurs de l’application ont utilisé le tableau comme punchline en réponse à des phrases telles que " Tu exagères " et " Tu devrais vraiment sourire davantage " », est-il avancé dans l’article. Cependant, ce peintre reste peu connu dans l’histoire de la peinture française, si nous le comparons à deux de ses contemporains : Claude Monet et Edgar Degas.
Car peintre à la mode des salons parisiens au XIXe siècle, Auguste Toulmouche a vu son succès s’éclipser peu à peu, au profit de la montée de l’impressionnisme. Alors qu’un certain nombre de personnes arrivent à citer Monet, qui est encore capable de se rappeler que Toulmouche est avant tout un peintre, et non une marque d’un produit quelconque ?
Dans ses œuvres qui représentaient essentiellement des femmes de la haute bourgeoisie, Auguste Toulmouche privilégie un style réaliste académique dominant. (Image : wikimedia / Auguste Toulmouche / Domaine public)
Auguste Toulmouche un représentant du réalisme académique
Auguste Toulmouche est avant tout un peintre français d’origine nantaise. Né le 21 septembre 1829 à Nantes, il est mort le 16 octobre 1890 à Paris. D’abord inhumé au cimetière du Montparnasse, ce qui restera de sa dépouille sera transféré dans l’ossuaire du Cimetière du Père-Lachaise en 1988, à la fin de la concession.
Dans ses œuvres qui représentaient essentiellement des femmes de la haute bourgeoisie, il privilégie un style réaliste académique dominant. Ce style, ou académisme, reposait sur des règles traditionnelles telles que :
La hiérarchie des genres, allant de la religion aux scènes de la vie quotidienne et les portraits en passant par l’histoire et la mythologie avec des messages moraux.
Le respect de la forme, l’artiste reste mettre de la forme, s’il n’y a pas de dessin, la peinture ne peut pas exister.
Ces règles strictes de l’académie régnaient sur le monde de l’art. Ainsi, les étudiants pour devenir artistes reconnus devaient se soumettre à tout un cursus jalonné d’épreuves. Ce cursus et ces règles strictes ont été vécus par certains artistes comme conservatisme qui enfermait leur créativité. D’où cette rupture qui a permis à l’impressionnisme de dominer le paysage de l’art à la fin du XIXe siècle.
La Fiancée hésitante, représente « quatre femmes dans des vêtements et un environnement opulents, typiques des sujets de Toulmouche ». Mais « l’expression maussade de la mariée » au « regard - menton baissé et sourcils bas, encadrant un regard direct et perçant », a interpellé le jeune public féminin. (Image : wikimedia / Auguste Toulmouche / Domaine public)
Le peintre des salons parisiens et de la haute bourgeoisie
Auguste Toulmouche restera à jamais ce peintre témoin de son époque qui a privilégié le réalisme académique pour dépeindre ce milieu particulier de la femme dans la haute bourgeoisie française.
Il était très populaire à son époque, tant en France que de l’autre côté de l’Atlantique. Son statut de peintre à la mode fut en quelque sorte lancé par Napoléon III. Ce dernier lui commanda différentes toiles : pour sa fiancée, la future impératrice Eugénie, ainsi que pour la famille impériale.
Son côté peintre à la mode et le luxe mis en avant des ses tableaux ont amené Émile Zola à qualifier les sujets de son œuvre de : « délicieuses poupées de Toulmouche ». D’autres ont dit de son œuvre que c’étaient des « bagatelles élégantes ». Mais peintre de son époque, dans le respect de la ligne académique traditionnelle, il fut approuvé par la critique et reçut dans ce contexte de nombreuses médailles au Salon de Paris. Le titre de Chevalier la Légion d’honneur lui est aussi attribué en 1870.
La montée de l’impressionnisme eut raison de sa popularité, car profondément ancré dans la logique que le peintre reste le maître des formes et du dessin, il put difficilement faire face à un courant rompant avec la tradition de l’académie et où la peinture effaçait toutes les formes du tableau.
La Fiancée hésitante, représente « quatre femmes dans des vêtements et un environnement opulents, typiques des sujets de Toulmouche ». Mais « l’expression maussade de la mariée » au « regard - menton baissé et sourcils bas, encadrant un regard direct et perçant », bien qu’inhabituelle dans ce monde de la haute bourgeoise de cette fin du XIXe siècle, a su toucher le public féminin des réseaux sociaux de ce XXIe siècle.
« Alors que les jeunes qui découvrent l’art français du XIXe siècle se livrent à de nouveaux débats sur le tableau, Toulmouche, qui est mort en 1890, ne pourra jamais apprécier le nombre de ses nouveaux admirateurs ». (Image : wikimedia / Jules-Élie Delaunay / Domaine public)
« Alors que les jeunes qui découvrent l’art français du XIXe siècle se livrent à de nouveaux débats sur le tableau, Toulmouche, qui est mort en 1890, ne pourra jamais apprécier le nombre de ses nouveaux admirateurs », est-il affirmé dans l’article Callie Holtermann.
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.
