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Tradition. L’éducation traditionnelle chinoise valorise la spiritualité et les idéaux

CHINE ANCIENNE > Tradition

Pour évoquer l’éducation traditionnelle dans l’histoire de la Chine, il est indispensable de regarder de près l’esprit et les idéaux de l’éducation traditionnelle confucéenne chinoise qui ont été fondés il y a 3 000 ans par le duc de Zhou et complétés il y a 2 500 ans par Confucius.

Qian Mu (錢穆, 30 juillet 1895 - 30 août 1990), l’un des plus grands historiens de la Chine du XXe siècle, a fait un discours dans les années 1970, analysant l’éducation traditionnelle chinoise sous l’influence du confucianisme. Selon lui, l’éducation traditionnelle chinoise valorise la spiritualité et les idéaux. Dans la vision confucéenne de l’éducation, seule une personne dotée de grandes qualités humaines peut devenir un enseignant. La plus grande erreur de l’éducation chinoise d’aujourd’hui réside dans l’abandon de ses propres traditions et l’imitation superficielle de l’éducation occidentale.

L’objectif principal de cet enseignement ne concerne pas exclusivement la transmission de connaissances, ni la formation professionnelle, ni spécialement les enfants, les jeunes ou les personnes âgées. La cible principale de cette éducation est en fait l’ensemble de la société, voire l’ensemble de l’humanité, sans distinction d’âge, de sexe, de profession ou de race, tout le monde est inclus dans cet esprit et cet idéal d’éducation.

L’esprit religieux dans l’éducation traditionnelle chinoise

Dans la culture chinoise, aucune religion n’a été créée. Ce n’est que sous les dynasties Wei, Jin, et du Sud et du Nord (220 - 589) que le bouddhisme a été introduit. L’islam et le christianisme sont arrivés en Chine sous les dynasties Sui et Tang (581-907).

La société chinoise ne rejetait pas les religions étrangères, en particulier le bouddhisme, qui comptait un grand nombre d’adeptes dans la société chinoise. On peut également dire que, bien que le bouddhisme ait été fondé en Inde, c’est en Chine qu’il s’est accompli. Cependant, le bouddhisme n’occupe toujours pas une place importante dans la culture chinoise. La doctrine la plus importante reste le confucianisme.

L’éducation traditionnelle chinoise valorise la spiritualité et les idéaux
Confucius et ses disciples. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)

Le confucianisme n’est pas une religion, mais il possède une philosophie et un esprit religieux très profonds. Par exemple, les enseignements du christianisme et du bouddhisme n’impliquent pas de politique, mais le confucianisme est fondé sur l’idéal ultime de gouverner le pays et de pacifier le monde, de sorte que le confucianisme encourage les gens à entrer dans la politique.

Les adeptes du christianisme et du bouddhisme sont engagés dans un travail missionnaire, au-delà de la société ordinaire. Le confucianisme, quant à lui, a ses disciples qui vivent dans la société ordinaire, promouvant la voie de l’enseignement et servant la politique. Ils ont seulement cherché à rendre le monde meilleur, pas à le quitter. Par conséquent, les adeptes du confucianisme n’ont pas d’organisme à part comme les autres religions en général.

Dans la culture chinoise, l’éducation a assumé toute la responsabilité des religions des autres nations. Le confucianisme enseigne aux gens comment se comporter en tant qu’êtres humains. On peut également dire que le confucianisme est une religion humaniste, qui devrait être enseignée à tous les peuples. Toute personne, homme ou femme, âgée ou jeune devrait pouvoir bénéficier de cette éducation.

Peu importe nos connaissances ou notre profession, on doit prendre cet enseignement comme centre et revenir à lui. Ces enseignements, tels que la piété filiale, la discipline, la loyauté et le pardon, mais aussi la bienveillance, la droiture, les rites et la sagesse sont tous les codes de conduite pour les êtres humains, et devraient être retenus et respectés par tous.

L’éducation traditionnelle chinoise peut parfaitement accomplir les fonctions religieuses sans s’opposer à l’introduction de religions étrangères. Car selon l’esprit chinois traditionnel, si une personne suit la bonne voie et qu’il y a un Dieu et des divinités derrière elle qui prônent cette bonne voie, alors elle sera aussi qualifiée pour aller au ciel et entrer dans le royaume de la félicité.

Si d’autres sont religieux et ne font pas de mal dans la société ordinaire, il n’y aura pas d’argumentation, ni d’opposition. Par conséquent, sans créer de religions, la culture chinoise peut s’adapter à toute religion étrangère et n’entre pas en conflit avec elle.

La vision de la qualité morale d’une personne selon le confucianisme chinois

Le confucianisme classe les hommes, comme toutes les créatures naturelles ou les choses fabriquées par l’homme, en plusieurs catégories selon leur qualité qui est basée sur le sens et la valeur de la vie de chacun.

Par exemple, pour la pierre et le jade, l’une est de qualité supérieure et l’autre de moindre qualité. Parmi les êtres vivants, il y a le phénix, la licorne, le dragon et la tortue, parmi les végétaux, le pin, le cyprès, le prunier, l’orchidée, le bambou et le chrysanthème. Parmi les objets fabriqués par l’homme, la cloche, le trépied, les articles rituels en bronze et les œuvres d’art élégantes et raffinées héritées des temps anciens, tous sont très appréciés des Chinois.

L’éducation traditionnelle chinoise valorise la spiritualité et les idéaux
Les articles rituels en bronze du temple de Confucius. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)

C’est vrai pour les objets, mais aussi pour les personnes. C’est pourquoi les Chinois font souvent référence aux personnages ainsi qu’aux qualités humaines. Comme les choses ont de la qualité, les gens en ont aussi. Toutes les créatures du ciel et de la terre doivent être traitées de manière égale.

Mais l’homme doit se conformer au critère moral humain pour être en harmonie avec la loi céleste, d’où le dicton : Louer la créature et la transformation du ciel et de la terre. La valeur des Chinois réside dans leur capacité à s’unir avec le ciel à travers la vertu et à se conformer à la loi du ciel.

Les Chinois ne préconisent pas que l’homme méprise le ciel, ni que le ciel méprise l’homme. Dans l’éducation traditionnelle chinoise, il y a une vision du ciel et une vision de l’homme. Il existe également une vision de la nature et une vision humaniste. Il est important que les deux soient mutuellement bénéfiques, au lieu de pencher exclusivement d’un côté.

Vision de la qualité humaine et concept de l’éducation traditionnelle en Chine ancienne

Selon la vision de la qualité humaine, il y a une distinction entre le gentilhomme, homme de grande vertu et le méchant, homme de petite vertu. Un homme de bien (君) est une personne qui pense pour le bien de la communauté (群). Une personne qui vit en harmonie avec le peuple, oubliant son propre intérêt au bénéfice de l’intérêt général est un gentilhomme.

On appelle « homme de petite vertu » (小人) celui à l’esprit étroit et qui n’agit que pour son profit personnel, sans se soucier de l’intérêt général du groupe.

Dans le « Tableau des personnages exemplaires anciens et modernes » du Hanshu (漢書) de Ban Gu (班固), les personnages historiques sont répartis en neuf classes. Tout d’abord, ils étaient divisés en trois classes : supérieure, moyenne et inférieure, et au sein de chaque classe, ils étaient divisés en supérieur, moyen et inférieur, de sorte qu’il y avait neuf classes de personnes, du supérieur à l’inférieur.

Les empereurs de l’histoire étaient très riches et puissants, mais beaucoup d’entre eux étaient de la classe inférieure, voire dans la classe inférieure de la classe inférieure. La classe supérieure de la classe supérieure correspond aux sages, la classe moyenne de la classe supérieure aux bienveillants, et la classe inférieure de la classe supérieure aux érudits. Les anciens Chinois considéraient qu’un sage était à la fois bienveillant et érudit, de sorte que les trois classes sont en réalité la première classe. La classe la plus basse correspond aux idiots. Il semble que dans le concept chinois, la qualité d’une personne est déterminée par sa sagesse ou sa stupidité.

Si les hommes sont éclairés et connaissent la valeur d’humanité, ils peuvent devenir des personnes supérieures. Mais s’ils sont fermés d’esprit, méprisent l’humanité, et se centrent sur leur propre égoïsme, alors ils deviendront des personnes de classe inférieure. C’est pourquoi il est dit : « Ceux qui ont de la connaissance éveillent les autres à la connaissance, et ceux qui ont de la conscience éveillent les autres à la conscience ». Cela est affaire d’éducation.

Si l’on peut être éduqué et mettre en pratique les valeurs humaines, alors chacun peut devenir aussi savant que Yao (堯) et Shun (舜), deux des cinq empereurs dans l’histoire de la Chine, considérés comme ayant une moralité exceptionnelle. L’idéal de l’humanité est de faire de chacun un être humain supérieur, un sage, et c’est le concept chinois d’égalité.

Lorsque les Chinois évoquent la qualité humaine, ils parlent souvent de la nature et de la vertu. Le classement des êtres humains est également basé sur leurs vertus. La nature humaine est donnée par le Ciel, mais c’est seulement lorsqu’une personne peut être éduquée et cultivée, lorsqu’elle peut retrouver cette nature innée pour elle-même qu’elle acquiert ce qu’on appelle la vertu. La vertu ne vient que de la nature innée. Tous les hommes ont la même nature. Et comme tous les êtres humains sont semblables donc tout le monde peut être aussi sage que les empereurs Yao et Shun.

L’idéal et l’esprit de l’éducation traditionnelle chinoise, en raison de l’accent mis sur la vertu de l’être humain, cherchent à atteindre la vertu de l’humanité par le biais de la nature innée de l’être humain, et c’est pourquoi la pensée chinoise, en particulier le confucianisme, accorde une attention particulière à la question de la nature humaine.

Mencius a dit : « Celui qui creuse au fond de son cœur connaît sa nature. S’il connaît sa nature, il connaîtra la volonté du Ciel. » Mais pour connaître sa propre nature, il faut être capable de donner libre cours à son cœur dans tous ses aspects, et ce n’est qu’alors que l’on peut connaître sa propre nature.

Rédacteur Jessica Wang

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