Mardi 18 novembre, le Congrès américain a adopté à une écrasante majorité, tant à la Chambre des représentants qu’au Sénat, un projet de loi exigeant la divulgation des « documents d’enquête sur Epstein »: les dossiers Epstein, détenus par le gouvernement fédéral, et a transmis le texte au président Donald J. Trump pour signature.
Le projet de loi a été rapidement adopté par le Congrès, mettant fin à un différend d’un an entre les législateurs sur la question de la divulgation des « dossiers Epstein », et a été considéré comme un rare consensus bipartite.
En vertu de ce projet de loi, le ministère de la Justice doit, dans les 30 jours suivant sa promulgation, remettre tous les « dossiers, documents, communications et éléments d’enquête non classifiés » et, dans la mesure du possible, fournir toute information classifiée relative à l’affaire.
Le projet de loi a été adopté par 427 voix contre 1
Lors du vote à la Chambre ce jour-là, le projet de loi a été adopté par 427 voix contre 1. Quelques heures plus tard, le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, a immédiatement décidé d’envoyer le projet de loi à la Maison Blanche, et aucune objection n’a été soulevée. M. Schumer a déclaré : « Le Sénat a adopté ce projet de loi Epstein dès que possible après avoir reçu la version de la Chambre. »
Donald Trump a déclaré sur Truth Social qu’il « n’avait aucune préférence » quant au moment où le Sénat adopterait le projet de loi, écrivant : « Que ce soit adopté ce soir ou plus tard, cela n’a aucune importance. Je ne veux simplement pas que les républicains détournent leur attention de toutes les victoires que nous avons remportées ».
L’adoption du projet de loi a marqué la fin de plusieurs mois de débats internes au Congrès. Donald Trump s’était auparavant opposé à la divulgation, allant même jusqu’à faire pression sur les législateurs républicains pour qu’ils retardent le vote, mais il a soudainement changé d’avis le week-end dernier.
Donald Trump a écrit sur : « Les Républicains de la Chambre devraient voter en faveur de la divulgation des dossiers Epstein, car nous n’avons rien à cacher. Il est temps de sortir de cette supercherie démocrate créée par des maniaques radicaux de gauche. »
Le débat sur la « protection des personnes innocentes » se poursuit
Le président de la Chambre, Mike Johnson, avait exhorté le Sénat à « modifier » le projet de loi afin d’assurer « une protection appropriée aux innocents », mais cette recommandation n’a pas été adoptée.
Le projet de loi a été présenté comme une initiative bipartisane par les représentants Thomas Massie et Ro Khanna. Il exige également que la procureure générale, Pam Bondi, soumette dans les 15 jours suivant la signature du président une liste des fonctionnaires et autres « personnes politiquement sensibles » liées à Jeffrey Epstein.
Le Whip de la majorité à la Chambre, Tom Emmer, a déclaré auNew York Postque les républicains « laissaient les faits parler d’eux-mêmes et voulaient obtenir justice pour les victimes », accusant les démocrates d’utiliser les victimes d’Epstein comme « levier politique contre Trump et d’autres ».
Le seul vote contraire à la Chambre est venu du républicain Clay Higgins, qui a déclaré sur X (anciennement Twitter) que le projet de loi « posait problème il y a trois mois et posait toujours problème ». Il a fait valoir que, tel qu’il est rédigé actuellement, il pourrait exposer et nuire à des milliers de personnes innocentes, notamment des témoins, des personnes fournissant des alibis et des membres de la famille.
Clay Higgins a lancé cette mise en garde : « Remettre une quantité massive de dossiers d’enquêtes criminelles à des médias avides ne fera que nuire aux innocents. » Il a souligné que la commission de surveillance de la Chambre menait une enquête approfondie et avait déjà publié plus de 60 000 pages de documents pertinents.
Donald Trump a déclaré lundi qu’il était prêt à signer la version actuelle, mais Mike Johnson a insisté sur le fait que le projet de loi « contenait des failles dangereuses », soulignant que la divulgation des dossiers pourrait porter atteinte à la vie privée d’individus innocents et potentiellement exposer les agents infiltrés, les informateurs et les « sources et méthodes confidentielles » des agences fédérales.
Le leader de la majorité au Sénat, John Thune, a déclaré qu’avec un soutien quasi unanime dans les deux chambres, le projet de loi ne devrait plus être modifié.
La pétition visant à soumettre le projet de loi au vote a recueilli les 218 signatures requises, dont quatre Républicains (Thomas Massie, Nancy Mace, Lauren Boebert et Marjorie Taylor Greene) et les 214 Démocrates de la Chambre des représentants.
Certains documents provenant des dossiers Epstein ont déjà été rendus publics
Certains documents liés à Jeffrey Epstein ont été rendus publics dans le cadre de l’enquête menée par la commission de surveillance de la Chambre des représentants, bien que beaucoup aient été expurgés. D’autres documents proviennent des poursuites fédérales engagées contre Epstein et sa complice Ghislaine Maxwell.
Mike Johnson a fait remarquer que la résolution ne « protège pas suffisamment la vie privée des victimes » et pourrait divulguer des contenus pédopornographiques (CSAM), de fausses allégations, voire exposer les forces de l’ordre et des sources confidentielles.
Plus tôt dans la journée, Thomas Massie, Ro Khanna et Marjorie Taylor Greene ont tenu une conférence de presse avec plusieurs victimes d’Epstein, remerciant Donald Trump et les responsables gouvernementaux d’avoir poussé les Républicains à accepter la motion après des mois de rejet.
Mike Johnson a déclaré que les 65 000 documents publiés par la commission de surveillance comprennent les carnets de vol d’Epstein, ses dossiers financiers personnels, ses registres comptables, ses emplois du temps quotidiens et bien d’autres informations qui n’étaient même pas requises dans le cadre de la motion de divulgation forcée.
Les membres démocrates de la commission ont également publié mercredi dernier trois courriels suggérant que Donald Trump aurait pu être au courant des abus sexuels commis par Jeffrey Epstein sur des mineurs. Cependant, ces allégations concernent la victime décédée Virginia Giuffre, qui n’a jamais publiquement accusé Donald Trump d’actes répréhensibles.
Des liens entre Jeffrey Epstein et certains Démocrates
Jeffrey Epstein a été retrouvé mort le 10 août 2019 dans un centre de détention de Manhattan, avant d’être jugé. Les enquêtes officielles ont conclu à un suicide.
Ghislaine Maxwell, la complice de Jeffrey Epstein, a été reconnue coupable en décembre 2021 de participation à un réseau de trafic sexuel et de complot, et condamnée en juin 2022 à 20 ans de prison.
Donald Trump et Mike Johnson ont tous deux souligné que plusieurs Démocrates de premier plan, dont l’ancien président Bill Clinton et l’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers, avaient entretenu des « relations amicales » avec Jeffrey Epstein. La semaine dernière, Donald Trump a ordonné au ministère de la Justice d’enquêter sur ces liens.
Selon des courriels publiés par la commission de surveillance, les interactions entre Larry Summers et Jeffrey Epstein ont duré plus d’une décennie, se poursuivant même après qu’Epstein ait plaidé coupable en 2008 pour avoir sollicité des mineures à des fins de prostitution, jusqu’à peu avant l’arrestation d’Epstein en 2019 pour trafic sexuel.
Rédacteur Yasmine Dif
Source : Epstein Files to Be Made Public After Rare Bipartisan Vote
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