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Monde. Le Mexique réagit à la censure opérée par les médias sociaux

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Le président Obrador s’est engagé à mener une lutte mondiale contre la censure opérée par les grandes entreprises de technologies.  (Image : wikimedia / Agencia de Noticias ANDES / CC BY-SA 2.0)

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a annoncé qu’il serait le fer de lance d’une lutte mondiale contre la censure opérée par les géants du web. Cette annonce intervient après que les principales entreprises technologiques américaines comme Facebook et Twitter aient banni le président américain Donald Trump de leurs plateformes, suscitant des inquiétudes dans le monde entier quant à la possibilité que la liberté d’expression soit restreinte et dictée par des mastodontes de la technologie. Le président Obrador a fait savoir qu’il avait déjà commencé à échanger avec plusieurs gouvernements dans le monde afin que des mesures soient prises sur cette question.

« Je peux vous dire que lors de la première réunion du G20 que nous aurons, je vais faire une proposition sur cette question... Certes, les médias sociaux ne doivent pas être utilisés pour inciter à la violence et tout cela, mais cela ne peut pas servir de prétexte pour suspendre la liberté d’expression... Comment une entreprise peut-elle agir comme si elle était toute-puissante, omnipotente, comme une sorte d’Inquisition espagnole sur ce qui est exprimé ? » a déclaré M. Obrador à Associated Press.

Marcelo Ebrard, le ministre des affaires étrangères du Mexique, a déclaré qu’ils avaient déjà reçu des réponses de fonctionnaires de l’UE, d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie du Sud-Est.

Le président Obrador a proposé de travailler à l’élaboration d’une proposition commune pour freiner la censure opérée par les grandes technologies. Il a également demandé à ses suiveurs sur Facebook de passer à Telegram.

Steven Mosher, le président de l’Institut de recherche sur la population, a souligné que les entreprises technologiques sous-estiment l’influence de Trump au sein et en dehors des gouvernements étrangers. Il prédit que la censure ciblée par des entreprises comme Facebook et Twitter poussera les utilisateurs vers de nouvelles plateformes et que d’ici quelques années, il se pourrait que ces entreprises réfléchissent à la manière dont elles ont elles-mêmes détruit leur modèle économique, avec pour conséquence la perte pour elles-mêmes et pour leurs actionnaires, de dizaines de milliards de dollars.  les réseaux sociaux Facebook et Twitter ont enregistré une perte de valeur marchande combinée de 51,2 milliards de dollars, au cours de seulement deux séances de négociation, c’est-à-dire en deux jours.

Face à cette perte de valeur, Facebook et Twitter ne semblent pas flancher, ce qui amène à se demander : leurs actes auraient-ils pu être encouragés d’une manière ou d’une autre, ou la pression était-elle irrésistible ? Compte tenu de la chute spectaculaire de la valeur marchande et des questions que cela soulève, les gouvernements de plusieurs États des États-Unis ont rapidement décidé de se défaire des fonds qu’ils détenaient dans ces entreprises technologiques. Notamment, les administrations de la Floride et du Tennessee explorent les moyens de se débarrasser de toutes les dettes et de tous les capitaux propres qu’elles détiennent dans des entreprises comme Facebook, Twitter, Apple, Amazon et Alphabet.

La Pologne envisage d’adopter une nouvelle loi contre la censure technologique. (Image : Thomas Ulrich / Pixabay)
La Pologne envisage d’adopter une nouvelle loi contre la censure technologique. (Image : Thomas Ulrich / Pixabay)

Le bannissement de Trump des réseaux sociaux a incité le gouvernement polonais à accélérer la mise en place d’un projet de loi visant à contrer la censure des grandes technologies. Le plan prévoit la création d’un « Conseil de la liberté d’expression » qui sera composé de cinq membres sélectionnées par le Parlement à une majorité de trois sur cinq. Chacun d’entre eux aura un mandat de six ans. Les utilisateurs de médias sociaux peuvent s’adresser au Free Speech Board en cas de bannissement injuste d’un contenu ou de suppression de leur compte par une plateforme quelconque. S’il s’avère que l’entreprise technologique a pris des mesures à l’encontre de l’utilisateur pour des propos considérés comme légaux selon la loi polonaise, l’entreprise peut se voir infliger une amende allant jusqu’à 50 millions de zlotys (environ 11 millions d’euros).

Zbigniew Ziobro, le ministre polonais de la justice, a noté que la fonction du Conseil de la liberté d’expression sera d’empêcher la censure par les réseaux sociaux et non d’agir comme les censeurs eux-mêmes. « Les citoyens polonais, en menant de telles discussions et débats sur Internet... devraient avoir une garantie de leurs droits fondamentaux qui assurent le respect de leurs droits civils et des libertés que la constitution polonaise leur garantit », a-t-il déclaré dans un communiqué. La Pologne a notamment été le premier pays européen à rompre avec le communisme et s’est tenue aux libertés nécessaires à une saine démocratie représentative. La déclaration de Zbigniew Ziobro a également souligné que : « la liberté d’expression et la liberté de débat sont l’essence de la démocratie, il n’y a pas de démocratie si l’État ne garantit pas la liberté dans ces deux domaines.... ».

Selon Donald Trump, les tactiques de censure de la part des grandes entreprises de technologie ne feront qu’irriter davantage d’Américains. Le président a fait remarquer qu’il avait depuis longtemps mis en garde contre la menace des censeurs des grandes plateformes de technologies mais qu’il n’avait pas été pris au sérieux et que maintenant ses comptes à lui étaient interdits. Il estime que les conservateurs sont de plus en plus furieux de la manière « biaisée » dont les entreprises, pour la plupart implantées dans la Silicon Valley, censurent les contenus.


Rédacteur Fetty Adler

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