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Monde. Guerre en Ukraine : le forum économique mondial de Davos rompt ses relations avec la Russie

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Le Forum économique mondial de Davos a décidé de rompre ses relations avec la Russie, après avoir condamné l’attaque russe en Ukraine, et désormais il n’est lié à aucune personne ou institution sanctionnée par le Kremlin. Cette décision a été considérée comme positive par certaines personnalités altermondialistes.

Suite au début de l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, le Forum économique mondial, qui doit se tenir à Davos en Suisse du 22 au 26 mai, a décidé de geler ses relations avec la Russie, et n’entretiendra aucun lien avec des « personnes ou entités soumises à des sanctions », ont indiqué les organisateurs du Forum de Davos dans un courriel, selon Kontrainfo.

« Suite à sa condamnation de l’attaque en cours de la Russie contre l’Ukraine, le Forum se conforme aux sanctions internationales en cours », ont-ils ajouté.

Quelques jours plus tôt, la même information avait circulé dans les médias internationaux alors que le conflit en Ukraine et les sanctions internationales contre la Russie s’intensifiaient.

Selon Politico, le Forum a été contraint de se conformer aux sanctions imposées par les États-Unis, l’Union Européenne et la Suisse à l’encontre de la Russie. Cela signifie qu’en plus de couper les liens avec les banques et les compagnies pétrolières russes, il doit également jongler avec les sensibilités du système de transfert financier international SWIFT basé en Belgique (un « partenaire » du Forum), dont les entités russes sont désormais bannies.

Le gel des relations entre le Forum de Davos et le gouvernement de Vladimir Poutine a été approuvé par certains.

Le philosophe russe Alexandre Douguine a été le premier à se réjouir

Le président russe Vladimir Poutine et Klaus Schwab, le fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, se serrent la main lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, en Russie, en 2007. (Image : Flickr Foro Económico Mundial / Creative Commons)

« C’est une excellente nouvelle. La Russie s’est enfin débarrassée de sa Grande Réinitialisation mondialiste et fanatique, l’alliance oligarchique mondiale tordue de Schwab et de ses associés. Maintenant, c’est clair pour tout le monde : Moscou est la capitale du Grand Réveil à l’échelle mondiale », a déclaré Alexandre Douguine.

Il a ajouté que tout le monde sur la planète sait maintenant que « ce n’est pas un conflit régional, des " Russes " contre les " Ukrainiens ", c’est le début de la libération de l’humanité de la dictature libérale des monopoles mondiaux. L’Ukraine n’est qu’un centre local pour ces élites, qui a été fondé sur la terre des Slaves de l’Est contre leur volonté et dans l’ignorance la plus totale. La propagande nationale libérale a transformé la population en zombies. La véritable guerre n’est pas contre l’Ukraine ni même contre l’Occident, mais contre les forums économiques du monde et leurs plans infernaux, qui visent à détruire l’humanité en légalisant toutes sortes de perversions, de péchés et de crimes ».

Modernité et technologie contre tradition

Si pour le philosophe russe Alexandre Douguine, la rupture du Forum économique mondial avec la Russie signifie au premier abord une grande libération de l’humanité, il ne s’est pas arrêté à cette seule explication. Cette guerre a pour lui d’autres significations.

Pour ce philosophe, tout le monde doit désormais prendre parti : si on dit que Vladimir Poutine a raison, alors on « répète la propagande de la Russie », si en revanche on prend le parti de l’Occident, alors cela signifie « immédiatement » que Vladimir Poutine est un « criminel », que la Russie « a tort » et que les Russes sont des « barbares ».

« Il n’y a que deux positions, pas trois », « il est donc difficile de rester neutre dans cette situation ». Il estime toutefois que la guerre doit être replacée dans un contexte plus large. « A mon avis, il y a eu une explosion de la Vérité vraie », a-t-il dit.

Pour lui, il s’agit en réalité de ce qu’il a appelé une confrontation entre « Modernité » et « Tradition ».

Il a également dit qu’il s’agissait d’une grande guerre entre « Continents ». Un conflit entre la Russie et le « mondialisme postmoderne libéral occidental moderne ».

C’est-à-dire, entre une civilisation basée sur le matérialisme, contre un autre type de civilisation avec des valeurs totalement différentes placées au centre de la vie. Ces valeurs sont la dignité, la famille, la religion, le christianisme, le pouvoir militaire, la tradition, le conservatisme, les intérêts nationaux, entre autres.

Face à cela, il a la modernité représentée par l’Occident, qui a pour valeurs la technologie, le capitalisme et la société de marché.

Selon lui, cela explique le radicalisme militaire du gouvernement russe depuis les années 1990, parce qu’ils ont perdu l’explication d’un point de vue idéologique de ce qui se passait en Europe d’un point de vue géostratégique, pourquoi l’OTAN a continué à s’étendre en Europe de l’Est, et à se rapprocher de plus en plus de la frontière russe, « s’ils avaient déjà abandonné le communisme », qui était la raison d’être de l’OTAN pendant la guerre froide.

D’autres disent aussi qu’il s’agit d’une guerre entre le patriotisme et le mondialisme avec toutes ses figures puissantes cherchant à établir un nouvel ordre mondial

Le désengagement du Forum économique mondial vis-à-vis de la Russie a déjà commencé.

Des personnalités russes de Davos désormais sanctionnées par l’Occident

Avec le début des opérations militaires russes en Ukraine, au moins six habitués de Davos font désormais l’objet de sanctions personnelles ou organisationnelles de la part des gouvernements occidentaux.

Herman Gref, PDG de la Sberbank, sanctionné par les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, ne figure plus sur la liste des membres du conseil d’administration du Forum économique mondial.

Chrystia Freeland, le vice-premier ministre du Canada, qui siège au conseil d’administration du Forum économique mondial et a mené la campagne d’exclusion des banques russes de SWIFT.

Des partenariats stratégiques lucratifs avec des banques russes, telles que la Sberbank, qui est devenue partenaire du Forum économique mondial en 2008 et qui a été l’un des partenaires fondateurs du Centre pour la cybersécurité du Forum, ont été mis en attente, a confirmé le Forum.

Dans le domaine de l’énergie, les partenariats du Forum avec le conglomérat USM Holdings dirigé par Alisher Usmanov, le propriétaire du Dilbar, le plus grand yacht du monde, et LUKOIL, ont été mis en attente.

Selon un document interne obtenu par Politico, les PDG russes sanctionnés qui se sont inscrits pour participer à la réunion annuelle du Forum économique mondial de 2022 à Davos, et qui seront désormais exclus, sont les suivants : Kirill Dmitriev (directeur général du  Fonds russe d’investissement direct), Sergei Ivanov (ancien chef de cabinet de Poutine, aujourd’hui à Alrosa) et AlexeiYakovitsky (de la banque sanctionnée VTB Capital). Seront également absents Alexander Dyukov (Gazprom Neft), Ivan Streshinsky (USM investments), Aleksandr Shevelev (PAO Severstal) et Grigory Fedorishin (Novolipetsk Steel-NLMK).

Leonid Mikhelson, le fondateur et président de Novatek, le plus grand producteur de gaz naturel de Russie, et l’homme le plus riche de Russie en 2016, devait également y assister. Rustam Minnikhanov, le président de la région russe du Tatarstan, est la plus haute personnalité politique à avoir confirmé sa présence.

La branche moscovite du Centre pour la quatrième révolution industrielle du Forum, lancée en grande pompe en octobre 2021, a récemment disparu du site web du Forum. Hébergé par ANO Digital Economy, le centre s’est concentré sur les technologies émergentes dans les domaines de l’intelligence artificielle et de l’internet des objets, et a fonctionné dans le cadre d’un accord négocié avec le Kremlin et signé par le vice-premier ministre Dmitry Chernyshenko.

Le Conseil pour l’avenir du monde (« World Future Council ») a également été supprimé du Forum. Le Conseil était coprésidé par Maxim Oreshkin, ancien ministre russe du développement économique, aujourd’hui conseiller de Vladimir Poutine, et par Igor Shuvalov, ancien membre du cabinet russe qui préside aujourd’hui VEB.RF, l’institution de développement financier du pays, ciblée par les sanctions britanniques et américaines.

Les Russes étaient des partenaires stratégiques du Forum économique mondial

Plusieurs banques russes ont contribué à financer une part de 70 % du budget du Forum économique mondial, qui s’élevait à 340 millions de dollars en 2021. La Russie post-soviétique et le Forum économique mondial ont émergé ensemble.

Selon Politico, « l’accord était relativement simple au départ : Vladimir Poutine a soutenu le Forum, les oligarques l’ont financé et, en retour, le Forum a contribué à blanchir leur réputation. Appelez cela le multipartisme, appelez cela un compromis, appelez cela l’horrible vérité de la mondialisation ». Comme Klaus Schwab et Vladimir Poutine, il était autrefois l’avenir. Maintenant, son seul espoir est la paix.

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

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