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Monde. Canada : les conditions météorologiques extrêmes menacent les récoltes de canola, de fruits et de mollusques

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Depuis fin Juin, le village de Lytton, situé en Colombie-Britannique, a enregistré un record national de chaleur, avec des températures atteignant les 49,6 °C. La vague de chaleur s’est étendue à une grande partie de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan, semant la désolation dans la production agricole canadienne, notamment en ce qui concerne les récoltes de canola (une variété de colza développée au Canada), de fruits et de mollusques.

Le 16 juillet,Todd Lewis, le directeur de l’Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan, a déclaré au Financial Post qu’il avait été choqué par ce qu’il avait vu lors d’un récent voyage sur une route rurale au sud de Regina, la capitale de la province. Les cultures de canola qui bordent l’autoroute 6 et qui offrent habituellement une vue des plus agréables avec leurs fleurs d’une couleur jaune vif caractéristique, avaient viré au brun et au vert.

La situation de cette année a déjà « dépassé le point de non-retour »

Todd Lewis, lui-même producteur de graines et de céréales, a décrit la situation de cette année comme ayant déjà « dépassé le point de non-retour ».

« Dans l’Ouest canadien, il y aura des hectares de cultures sans récolte et sans rendement ».

Il a déclaré que le rendement de canola à travers la province allait connaître une réduction qui pourrait atteindre 25 %, et ceci à condition que la pluie commence à tomber, ajoutant que si la sécheresse se poursuivait, les pertes au niveau de la province pourraient être de l’ordre de 50 %.

La crise risque d’être fatale pour le bétail

L’éleveur a également souligné que la crise ne se limitait pas à la culture du canola, mais qu’elle risquait aussi d’être fatale pour le bétail. La vague de chaleur a fait disparaître une grande partie des pâturages de la province, obligeant les éleveurs à utiliser leurs réserves d’aliments d’hiver.

Todd Lewis prévoit qu’en conséquence de nombreux éleveurs vont devoir réformer et adapter leurs troupeaux, même leurs meilleurs reproducteurs, en conséquence : « Si nous n’avons pas d’eau, et si nous n’avons pas d’aliments pour les animaux, il n’y a pas beaucoup de choix, n’est-ce pas ? ».

Selon ce même rapport, la Colombie-Britannique aurait également subi la perte de 400 000 poulets, à cause de la chaleur.

Un article de CBC publié le 14 juillet, indique que les données du rapport hebdomadaire sur l’agriculture provinciale montrent que seulement 14 % des terres agricoles de toute la province ont bénéficié d’une humidité « adéquate », ajoutant que les sauterelles et les tempêtes de grêle ont contribué à endommager gravement les cultures.

Dans une interview accordée à Reuters le 8 juillet, Andy Keen, qui est agriculteur depuis 35 ans dans la province voisine du Manitoba, à l’est de la Saskatchewan, a déclaré qu’il n’avait jamais vu une telle sécheresse depuis 33 ans. La chaleur a provoqué la floraison précoce de ses cultures de canola, ce qui signifie que les plantes vont probablement perdre leurs pétales et mourir si la pluie ne tombe pas d’ici la période des récoltes, car les plantes ne pourront pas produire de gousses et de graines.

Andy Keen a dit qu’il s’attendait à perdre 80 % de sa parcelle de presque 700 hectares.

Ted Dyck, un autre agriculteur du Manitoba qui cultive du blé, a déclaré que ses cultures n’étaient pas en meilleur état : la croissance est inégale et ce qui a survécu n’a donné qu’une seule tige, alors que des tiges secondaires sont nécessaires pour une récolte rentable, « Cela a causé beaucoup de dégâts, il n’y a aucun doute là-dessus… Je pense que nous envisageons une récolte à 50%, au mieux. »

Dans la province située le plus à l’ouest du Canada, la Colombie-Britannique, Pinder Dhaliwal, le président de la BC Fruit Growers Association, a déclaré à la CBC le 6 juillet que 50 à 70 % de la récolte de cerises de toute la province avait été endommagée lors de cette hécatombe sans pareille.

Il a expliqué qu’en raison de la chaleur extrême et du fait que les températures n’ont pas baissé durant la nuit, une grande partie des fruits ont cuit alors qu’ils étaient encore sur les arbres, à tel point que même les noyaux étaient chauds au toucher.

Un producteur de fruits de Kelowna, du nom de Sukhpal Bal, a déclaré à la CBC qu’avant l’arrivée du dôme thermique, la récolte en cours de croissance semblait être l’une des meilleures depuis 20 ans. Maintenant, les fruits sont tellement endommagés qu’ils ne peuvent pas être utilisés, même pour les purées ou les jus de fruits.

David Mutz, un producteur de framboises et de myrtilles d’Abbotsford, a déclaré à la CBC que 75% de ses framboises précoces et jusqu’à 30% de ses myrtilles qui pourraient être sauvées ne pourraient qu’être transformées en jus.

Dans une vidéo YouTube du 12 juillet publiée par Reuters, on peut voir des images de Denman Island, une petite île située au large de la côte est de l’île de Vancouver, montrant des scènes de moules, de palourdes et d’autres coquillages cuits vivants dans leur coquille, transformant le rivage en un cimetière de créatures marines.

« On n’a jamais assisté à ça auparavant », a déclaré le ramasseur d’huîtres Dale Warren au milieu des images de milliers d’animaux morts.

« Nous savions que la chaleur pouvait être mauvaise, mais nous ne nous attendions pas à voir ce que nous avons vu ».

« Ça a essentiellement cuit les huîtres, les palourdes, les moules… la plupart des moules par ici ont disparu. Les palourdes, les oursins et autres, sont tous mores », a déclaré Joe Tarnowski, propriétaire de Baynes Sound Oyster Co, une entreprise familiale créée par son père il y a 65 ans.

Il a calculé que son exploitation a perdu 30 à 40 % de ses huîtres et de ses palourdes.

Le directeur exécutif de la British Columbia Shellfish Association, Jim Russell, a déclaré au Financial Post qu’une région de culture située dans le Okeover Inlet a connu un sort bien pire, perdant 80 % de ses créatures. Une catastrophe de cette ampleur prive les producteurs du marché pendant trois ans en raison du cycle de croissance de ces créatures, a-t-il dit.

Selon un rapport de Reuters, les chercheurs estiment qu’un milliard de créatures marines ont perdu la vie à la suite de la catastrophe.

Rédacteur Fetty Adler

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