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Société. Blaise Pascal : une lettre apostolique Sublimitas et miseria hominis pour les 400 ans de sa naissance

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À l’occasion du 400ème anniversaire de la naissance de Blaise Pascal (1623-1662), le pape François a promulgué une lettre apostolique Sublimitas et miseria hominis, Grandeur et misère de l’homme. Mais qu’un pape jésuite ait eu l’idée de rendre hommage à cet homme de foi et de science, considéré comme l’un des plus grands critiques des Jésuites, a un peu surpris.

La lettre apostolique du 19 juin

En pleine convalescence, le pape François a publié lundi 19 juin sa huitième lettre apostolique. Cette lettre ouverte d’intérêt général, rend hommage à Blaise Pascal : homme de foi et de science, né le 19 juin 1623.

Dans un article de Christophe Henning, le journal La Croix en reprenant les paroles du pape, a rapporté ces propos : « Grandeur et misère de l’homme " forment le paradoxe qui se trouve au cœur de la réflexion et du message de Blaise Pascal ". Tels sont les premiers mots du texte du pape François qui reprend à son compte les interrogations du philosophe français ». Tout en avançant que cette lettre « est pétrie d’admiration et d’enthousiasme. Dans les écrits du philosophe, le pape puise des leçons pour le XXIe siècle, confronté tout à la fois au doute et à l’aspiration à la toute-puissance. Le quatrième centenaire de la naissance de Pascal est l’occasion pour François de " stimuler les chrétiens de notre temps et tous les hommes et femmes de bonne volonté dans la recherche du vrai bonheur "».

C’est en effet une lettre apostolique à visée pastorale, c’est-à-dire qui « vise à donner à chacun selon ses besoins spirituels », et qui « définit les grands axes de l’action », selon une partie de la définition du terme pastorale par l’Église catholique de France.

Blaise Pascal au cœur de la France d’aujourd’hui ?

Dans son article, Christophe Henning avance que : « reconnaissant l’intelligence prodigieuse de Pascal, le pape appelle les fidèles à s’interroger : " Nous devons, comme chrétiens, nous tenir éloignés de la tentation de brandir notre foi comme une certitude incontestable qui s’imposerait à tous ", rappelant que " l’acte du croyant est possible par la grâce de Dieu, reçue dans un cœur libre " ».

« Blaise Pascal a cela d’extrêmement stimulant qu’il nous rappelle la grandeur de la raison humaine et nous invite à nous en servir pour déchiffrer le monde qui nous entoure », a déclaré le pape François, mettant ainsi en avant la modernité de ce polymathe : mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien.

Nombreux se sont interrogés sur un risque de récupération de Blaise Pascal par le pape François à travers sa lettre apostolique. Jean de Saint-Cheron, analyste et chroniqueur, apporte un élément de réponse dans sa chronique. Selon lui, la lettre apostolique serait « une invitation à nous plonger ou à nous replonger dans son œuvre toujours fraîche, au réalisme d’un équilibre parfait (" Le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ") 1, et à la profondeur rarement égalée, propre à stimuler les chrétiens de notre temps et tous les hommes et femmes de bonne volonté dans la recherche du vrai bonheur ».

Les écrits et réflexions de Blaise Pascal ont influencé certains des grands philosophes français, dont Descartes. Dans sa chronique publiée dans le journal Le Monde, le philosophe André Comte-Sponville a présenté Blaise Pascal comme « l’un de nos plus profonds penseurs ». Un peu plus loin dans sa chronique, il précise que : « ce chrétien ne croit en rien, ou plutôt il ne croit qu’en Dieu : sur tout le reste – l’homme, la raison, la politique, l’amour, la philosophie –, il jette une lumière crue qui fait ressortir nos mensonges, nos petitesses, nos illusions. Nul n’a pénétré mieux que lui la misère de l’homme, nul, mieux que lui, n’a mesuré sa grandeur ».

« C’est ce qui nous voue au péché, au malheur, à l’insatisfaction : nous ne désirons que ce qui nous manque, nous manquons indéfiniment de cela même qui nous fait vivre. Cela indique le chemin. " Ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable " : pour Pascal, seul Dieu, qui est infiniment aimable et aimant, peut nous combler », relate-t-il dans la conclusion de son article.

Quand on recule d’un pas et que l’on prend le temps de se pencher sur notre société, la France d’aujourd’hui ne peut-elle pas se retrouver dans les réflexions menées par cet homme de foi et de science ?

Note :
1 - Extrait de Pensées de Blaise Pascal

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