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Tradition. Les Quatre Arts de l’érudit chinois

CHINE ANCIENNE > Tradition

La cithare était l’instrument préféré des érudits. (Image : Pixabay / CC0 1.0)

Beaucoup de cultures anciennes partageaient de grandes valeurs avec pour mission d’instruire l’homme à chaque période spécifique de sa vie : l’adolescence, le mariage, la naissance d’un enfant et la maturité. Chaque étape devait être franchie avec dignité.

Dans la société moderne, ces valeurs nous font cruellement défaut. Cela explique en partie l’augmentation des familles monoparentales, la dépendance accrue des jeunes vis à vis des parents, leur addiction aux jeux vidéos et, pour certains, le manque de maturité et la fuite des responsabilités.

Des Spartiates aux Grecs, en passant par les Indiens et les Européens, chaque culture avait son interprétation des accomplissements propres aux différents âges de la vie. On vous accordait le respect dû à votre âge à condition que vous ayez acquis les compétences requises et réussi à passer les épreuves. Alors que les guerriers avaient leurs propres critères, les érudits de la Chine ancienne devait prouver leur valeur en maîtrisant quatre arts : la musique, la stratégie, la calligraphie et la peinture. Découvrons pourquoi la maîtrise de ces arts était considérée comme essentielle.

La musique (Qin) avec la cithare Guqin

Un érudit devait maîtriser l’art de la musique et plus précisément du Guqin. La cithare Guqin est un instrument à sept cordes, vieux de 3 000 ans. En 1977, un morceau de musique provenant de cet instrument a été diffusé à bord de la navette spatiale Voyager. D’une grande richesse émotionnelle, la musique du Guqin ou qin était très appréciée des sages. Confucius lui-même aurait été un joueur de Guqin. Dans la culture traditionnelle chinoise, les gens se concentraient avant de jouer une musique élégante, c’était très similaire à un état de méditation et cela pouvait les amener à différents royaumes spirituels. C’était un moyen de « cultivation ».

La stratégie (Qi)

La stratégie se réfère à la maîtrise du jeu de Go (Weiqi). Selon une légende, le Go a été inventé par l’empereur Yao en 2000 av. J.-C. pour éduquer son fils. Confucius était lui-même un grand amateur de ce jeu. Le jeu de Go consiste pour les joueurs, à placer à tour de rôle des pierres noires et blanches sur un plateau quadrillé de 50×50 cm, appelé goban.

Avec ses innombrables variantes, le Go était le passe-temps favori des intellectuels. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Avec ses innombrables variantes, le Go était le passe-temps favori des intellectuels. (Image : Pixabay / >CC0 1.0)

Pour bien maîtriser ce jeu, il faut être un bon stratège et avoir une forte volonté. Le Go est plus facile à apprendre quand on est jeune, et de nombreuses écoles en Chine et dans le reste de l’Asie, l’enseignent dans le cadre de leur programme d’études. L'intérêt pour ce jeu s’est accru et on trouve maintenant des joueurs en Amérique du Sud et en Afrique. Le Go est un jeu éducatif qui exige une concentration intense. Il offre tellement de combinaisons qu’on dit qu’il n’y a pas deux jeux de Go identiques. Comme le jeu de Go exige du joueur une discipline mentale implacable et la l’habileté à multiplier les stratégies, la cour impériale l’a longtemps utilisé pour mesurer la capacité intellectuelle d’un érudit.

La calligraphie (Shu)

Pour les anciens candidats à la cour impériale chinoise, la calligraphie s’apparentait à un curriculum vitae . Les examinateurs jugeaient le caractère, le raffinement, l’expérience de vie et la personnalité d’un individu à partir de son travail écrit. Se plonger dans la calligraphie était courant pour les universitaires, c’était comme pratiquer une forme de qigong avec des mouvements lents et concentrés. Ainsi, les anciens calligraphes étaient réputés pour leur longévité. La calligraphie nécessite une bonne maîtrise, la moindre hésitation lors de l’exécution du trait altère sa pureté. Une fois finalisé, le trait doit être réalisé avec conviction. Les qualités développées par la pratique de la calligraphie étaient très appréciées à la cour du Roi et par les gens du peuple.

Les traits tracés sur le papier reflétaient le moi intérieur de la personne. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Les traits tracés sur le papier reflétaient le moi intérieur de la personne. (Image : Pixabay / CC0 1.0)

La peinture (Hua)

Considérée par certains comme la plus grande forme de créativité individuelle, la peinture chinoise était généralement réalisée à l’encre noire ou colorée sur du papier de riz blanc ordinaire et indiquait le niveau de maîtrise du lettré, dans l’art du trait. « Dans la peinture de paysages (Shan Shui), les couleurs représentent les cinq éléments qui composent l’univers et les directions de la boussole », selon The Making and Essence of Chinese Paintings.

Contrairement à la peinture occidentale, la peinture chinoise ne s’est jamais souciée de l’exactitude de la représentation. On estimait que seul un érudit était est en mesure de réaliser des œuvres dignes de ce nom.

Un artiste érudit s’applique à transmettre un message philosophique profond à travers sa peinture et à révéler une réalité qu’il a glanée grâce à une recherche méthodique de la vérité. Contrairement aux pseudos « artistes » modernes qui présentent comme chef-d’œuvre des choses abstraites comme une poubelle ou un ballon, les artistes chinois de l’Antiquité concevaient l’art comme un outil pour l’élévation et l’amélioration de la société, voire du pays. Un peintre devait satisfaire à ces exigences et faire preuve d'une grande ambition.

Les érudits ont été poursuivis pendant la révolution culturelle. Ils ont été torturés et assassinés et leurs œuvres ont été détruites. Ce riche héritage a été brûlé par les communistes. Aujourd’hui, ces mêmes communistes utilisent le nom de Confucius (instituts Confucius) pour espionner les autres pays.

Les beaux-arts, tels que les concevaient les érudits de la Chine antique mériteraient vraiment d’être remis au goût du jour. Les arts traditionnels, raffinés et riches de sens contribuent à notre élévation spirituelle.

Rédacteur Camille Lane

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