Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Tradition. Les secrets célestes derrière le chinois traditionnel (7/14)

CHINE ANCIENNE > Tradition

Un autre regard sur le Zhou Yi et son principe sur la création de l’univers

La culture traditionnelle chinoise est également appelée culture divine. Inspirée de la sagesse des dieux, elle est reliée au Divin et dotée d’un sens profond, donc difficile à comprendre. Depuis l’antiquité, combien de philosophes et de sages chinois ont passé leur vie entière à étudier cette culture sans parvenir à comprendre pleinement sa connotation. En tant que véhicule et témoin de la culture divine, le chinois traditionnel est naturellement connecté au monde divin. Par conséquent, pour appréhender la culture chinoise, il faut en tout premier lieu en saisir les fondements : les caractères chinois. Sinon il est difficile de percevoir les vérités subtiles et merveilleuses qui se cachent derrière chaque idéogramme.

Fuxi créa un livre céleste sans texte : le Zhou Yi

Dans une lointaine civilisation préhistorique, il y a quelques 20 000 ans, un dieu est descendu dans le monde pour devenir le dieu Fuxi, qui a créé le Ba gua ou les huit trigrammes du Zhou Yi afin d’établir une civilisation pour l’humanité.

Le Ba gua se compose de huit trigrammes, représentant les huit Xiang (象, l’aspect ou la manifestation) majeurs du ciel et de la terre. Chaque trigramme est représenté par trois lignes superposées : Qián le ciel (乾 ☰), Duì les marais (兑 ☱), le feu (离 ☲), Zhèn le tonnerre (震 ☳), Xùn le vent et le bois (巽 ☴), Kǎn l'eau (坎 ☵), Gèn la montagne (艮 ☶), Kūn la terre (坤 ☷).

Si on superpose les huit trigrammes par paire, c’est-à-dire si on combine les huit Xiang deux par deux, on obtient un total de soixante-quatre combinaisons, ce qui engendre les soixante-quatre Xiang, qui deviennent alors le Zhou Yi.

Le mot « Zhou » signifie « cycle » ; « Yi » signifie « mouvement et changement ». Ensemble, « Zhou » et « Yi » font référence à la loi du cycle et du changement de toute chose.

Le Zhou Yi est connu comme un livre du ciel sans texte, parce qu’il a été créé à l’origine sans aucun mot. Plus tard, lorsque le roi Wen de Zhou (1152 -1056 av. J.-C.) résuma l’expérience de ses prédécesseurs et de la sienne en matière de divination, il écrivit des explications pour chaque hexagramme et chaque ligne de ces soixante-quatre trigrammes du Zhou Yi, et ce dernier fut alors expliqué par écrit.

Puis, à la fin de la période des Printemps et Automnes (771 à 481/453 av. J.-C.), Confucius, dans ses dernières années, s’est appuyé sur les travaux du roi Wen de Zhou et a compilé le Yi Zhuan ou les Dix Ailes, qui servait à expliquer le Zhou Yi. Les Dix Ailes comprend dix textes :

  • Tuan zhuan (彖傳) ou Commentaire sur le jugement (1 et 2)
  • Xiang zhuan (象傳) ou Image globale (1 et 2)
  • Xici zhuan (繫辭傳) ou Commentaire sur les phrases annexées (1 et 2)
  • Wenyan zhuan (文言傳) ou Commentaire sur les mots
  • Xugua zhuan (序卦傳) ou Séquence des hexagrammes
  • Shuogua zhuan (說卦傳) ou l’Explication des trigrammes
  • Zagua zhuan (雜卦傳) ou les Hexagrammes assortis ou divers

Les soixante-quatre trigrammes de Fuxi, les explications du roi Wen de la dynastie Zhou, ainsi que le Dix Ailes de Confucius constituent ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Yi Jing.

Certains pensent aujourd’hui que Fuxi n’a créé que les huit trigrammes et que les soixante-quatre trigrammes du Zhou Yi ont été déduits par le roi Wen de Zhou, ce qui est erroné. Le roi Wen de Zhou n'a fait qu’ajouter des explications par hexagramme et par ligne.

Liu An, roi de Huainan, petit-fils de Liu Bang (l’empereur fondateur de la dynastie des Han de l’Ouest), a écrit dans le Huainanzi: « Les huit trigrammes peuvent être utilisés pour connaître la fortune et la malchance, et Fuxi les a empilés l’un sur l’autre pour former les soixante-quatre hexagrammes ». Il est dit ici que les soixante-quatre hexagrammes ont été créés par Fuxi.

En outre, Kong Yingda de la dynastie Tang (un descendant de Confucius à la 32ème génération) a également écrit en long et en large sur les soixante-quatre hexagrammes créés par Fuxi dans la préface du Zhou Yi Zhengyi.

Depuis les temps anciens jusqu’à aujourd’hui, il y a eu tant de livres sur l’interprétation du Zhou Yi, mais aucun d’entre eux n’a encore réussi à traduire la véritable signification de ce livre. Si on compare la méthode d’interprétation la plus répandue actuellement à la plantation d’un melon, c’est comme si on crée un cadre carré prédéfini, dans lequel on fait pousser un melon afin qu’il prenne la forme carrée et on conclut que tous les melons sont carrés sur cette terre.

Ce mode d’interprétation est certainement incorrect et entraînera des distorsions intentionnelles qui amèneront les gens à mal comprendre la culture chinoise, ce qui se retournera contre elle et la détruira.

Un autre regard sur le Zhou Yi et sur le yin et le yang

Le Zhou YiXi Ci (Volume II) (周易•系辭下) dit : « La notion de ‘Yi’ contient le principe du Taiji, qui fonctionne et donne naissance aux deux catégories qui sont le yin et le yang, qui se développent et évoluent ensuite vers des niveaux inférieurs, jusqu’à la couche extérieure de ce monde, et donnent également naissance aux quatre Xiang qui continuent de se développer et évoluer afin de produire les huit trigrammes. »

C’est le processus par lequel le principe du Taiji se manifeste dans toutes les choses de l’univers, des niveaux supérieurs de l’univers aux niveaux inférieurs, des couches profondes jusqu'à la surface des matières, générant ainsi toutes les choses étape par étape.

Si nous suivons cette démarche pas à pas, il sera peut-être plus facile de comprendre les soixante-quatre Xiang de Zhou Yi, en commençant par les deux catégories du yin et du yang. Dans l’ancien mythe de Pangu ouvrant les cieux et la terre, le processus de naissance de Pangu (c’est-à-dire notre petit univers) est décrit en gros : il y avait d’abord le chaos (Wuji), tout comme la vie est nourrie dans un œuf (qui commence à changer, c’est-à-dire « Yi »), et après une longue période de temps, Pangu a été nourri à partir du chaos. En même temps que Pangu était conçu et formé, le yang s’élevait et le yin descendait (donnant naissance au yin et au yang), engendrant couche après couche de ciel et de terre ainsi que toutes les choses entre le ciel et la terre (donnant naissance aux huit Xiang, puis aux soixante-quatre Xiang, etc.)…

C’est le processus par lequel le Taiji donne naissance à tous les Xiang et à toute chose, un processus également connu sous le nom de Yi (changement). Les deux catégories - le yin et le yang- sont représentés dans le Zhou Yi par les lignes yin (⚋) et les lignes yang (⚊). Ce sont les deux Xiang majeurs issus du niveau le plus bas de tout ce qui existe dans l’univers.

Comme nous l’avons expliqué précédemment, toutes les choses de l’univers sont liées par un seul principe, né de la sagesse des dieux, et toutes reviennent en fin de compte à la même source.

Plus le niveau est élevé (en profondeur), plus le Xiang est concis et plus sa connotation et sa sagesse sont grandes. Plus le niveau est bas (superficiel), plus la manifestation est compliquée et moins la connotation et la sagesse sont grandes. Le niveau supérieur du Xiang et le niveau inférieur du Xiang se correspondent l’un à l’autre, car le niveau inférieur du Xiang naît du niveau supérieur du Xiang, tout comme la traduction des textes anciens en langue médiévale vers les textes en langue moderne, tous deux expriment la même idée, mais de manière différente à des niveaux différents. L'homme et l'univers peuvent également se connecter par l'intermédiaire du Xiang.

En allant vers le niveau extrêmement élevé de l’univers et le niveau extrêmement bas de la matière, nous pouvons trouver les deux grands Xiang du yin et du yang, dans lesquels toutes les choses de l'univers sont englobées et dotées des propriétés du yin et du yang.

Par exemple, les femmes sont yin et les hommes sont yang. L’eau est yin et les montagnes sont yang. L’obscurité est yin et la lumière est yang. Le nord est yin et le sud est yang. Le sud de l’eau est yin et le nord de l’eau est yang. Le nord des montagnes est yin et le sud des montagnes est yang. La terre est yin et le ciel est yang. Le bas est yin et le haut est yang. La droite est yin et la gauche est yang. L’immobilité est yin et le mouvement est yang. La douceur est yin et la rigidité est yang. L’extinction est yin et la croissance est yang. Le froid est yin et la chaleur est yang. Le vide est yin et le plein est yang. le futur est yin et le passé est yang. L’intérieur est yin et l’extérieur est yang. Le pair est yin et l’impair est yang…

Les quatre Xiang, les huit Xiang, les soixante-quatre Xiang, etc., qui sont dérivés du yin et du yang, sont tous englobés dans ces deux Xiang majeurs. Les centaines d’éléments de base qui constituent notre monde, reconnus par la science moderne, sont en fait également inclus dans le yin et le yang, et sont tous constitués de yin et de yang. Même les objets fabriqués par l’homme, tels que le langage informatique, ne peuvent échapper au yin et au yang. Ces deux Xiang sont tellement vastes que, dans leur périmètre, tout est inclus et rien ne peut s’échapper, comme le disait Lao Tseu : « Le filet céleste est très grand, bien que peu dense, il ne laisse rien passer. » Le yin et le yang ont tissé ainsi un « filet céleste » au plus bas niveau de la matière.

Le principe de changement, Yi, dans l’ouverture du ciel et de la terre

Il existe une relation entre ces deux Xiang qui peut engendrer des éléments, tout comme l’union d’un homme et d’une femme qui peut donner naissance à des enfants. Les deux Xiang du yin et du yang ont une relation de se générer à chaque niveau, donnant ainsi naissance à quatre Xiang, huit Xiang, soixante-quatre Xiang… jusqu'à la genèse de différentes couches du ciel et de la terre et de tout ce qui se trouve dans l’univers, ce processus est le « Yi ». Le concept d’« univers » mentionné dans le présent article se réfère uniquement au petit univers dans lequel nous, les humains, existons, à savoir l’univers de Pangu. Le concept réel de l’univers est extrêmement vaste et impossible à concevoir pour la pensée humaine.

A partir du yin et du yang, ces deux Xiang évoluent vers la couche superficielle de la matière, puis vers les quatre Xiang. La relation entre les quatre Xiang est plus complexe que celle entre les deux Xiang du yin et du yang, tout en ayant une connotation plus réduite. Elle continue ensuite à évoluer jusqu’au niveau superficiel du monde, et donne naissance aux huit Xiang (huit trigrammes) et aux soixante-quatre Xiang… La relation entre eux devient toujours plus complexe.

Si nous approfondissons notre voyage suivant le yin et le yang pour atteindre le niveau le plus élevé, nous atteignons le niveau du Taiji. Tai signifie maximum, ultime et Ji signifie terminal, limite, fin. Taiji signifie donc l'ultime, le point d’origine, la fin de toute chose dans l’univers, la fin de la matière.

Lorsque le yin et le yang atteignent le niveau du Taiji, ils se fondent en un seul, formant un grand rond, le cercle suprême, où toute matière revient pour se rencontrer et circuler, devenant un grand espace de croisement, qui est aussi le début et la fin du grand cycle de l’univers.

D’après le Zhou Yi • Xi Ci, toutes les choses sous les cieux retournent à la même origine, à la même source bien qu’elles empruntent des chemins différents dans le processus, et c’est justement à cet espace de croisement que toute chose revient.

D’ailleurs, chaque niveau de Xiang forme un petit cycle et un petit espace de croisement individuel, formant un système spatio-temporel individuel. Par exemple, les soixante-quatre Xiang peuvent former un tel cycle et un tel espace, un système spatio-temporel. Il en va de même pour les huit Xiang, les quatre Xiang, les deux Xiang, etc. Seulement, plus on monte, plus le système spatio-temporel devient massif, et plus sa puissance d’énergie et son niveau de royaume sont élevés et beaux.

Si on va au-delà du niveau Taiji, on finit par sortir du Taiji, et il n’y aura plus de frontière, cela deviendra donc le Wuji (sans terminal), le Wuji est le chaos, et c'est là que Pangu a été conçu et est né pour la première fois, en allant plus loin, pour l’homme, ce sera le royaume du « vide », alors on entrera dans les espaces de croisement du niveau supérieur et un monde de Taiji du niveau supérieur…

Ce grand processus, que les bouddhistes appellent le processus du grand cycle de l’univers, est composé des phases qui sont « formation, stabilité, dégénérescence, destruction et vide », tel est le destin de tout ce qui se trouve dans l’ancien univers, et ce destin immuable autrefois a été changé maintenant, de sorte que les êtres humains qui peuvent rester et entrer dans le nouvel univers du futur sont grandement bénis et doivent chérir ce moment crucial de l’histoire où l’ancien et le nouvel univers se succèdent, et faire le bon choix pour leur avenir !

La science humaine moderne reconnaît également qu’il n’y a pas qu’un seul espace-temps, mais plusieurs dimensions de l’univers existent en même temps. Il y a quelques années, des scientifiques ont suggéré que l’univers comptait plus de vingt dimensions différentes en même temps. La compréhension scientifique moderne, bien que très superficielle, est actuellement capable de reconnaître l’existence de différentes dimensions de l’espace-temps.

En fait, les mondes dans lesquels les dieux et les bouddhas existent, tels que le Monde de la Joie Parfaite, le Monde du Lotus, le Monde du Grand Brahma, le Monde des Cieux, le Monde du Vaidūryanirbhāsa (Lazulite), et ainsi de suite, se trouvent tous dans les dimensions supérieures de l'espace-temps. Les êtres des dimensions inférieures ne peuvent ni voir ni toucher l'existence des dimensions supérieures, pour eux c’est le « vide » et le « néant ».

Revenir vers la tradition et échapper au destin d’extinction régi par la loi de l’ancien univers

Plus l’on s’élève, plus l’énergie et la sagesse sont grandes. Les êtres des dimensions supérieures sont des bouddhas, des taos et des dieux, des êtres avancés dotés d’une sagesse illimitée et de pouvoirs divins. Les mondes spatio-temporels inférieurs sont créés par les êtres supérieurs dotés de sagesse et de pouvoirs divins, par une seule pensée.

Une seule pensée crée le petit univers et les couches d’espace-temps qu’il contient, les couches d’étoiles, de galaxies et de tout ce qui se trouve au ciel et sur terre, et ce processus est révélé aux niveaux inférieurs sous le nom de « Yi ». Leur sagesse se répand dans tout l’univers qu’ils ont créé, de sorte que le chaos donne naissance au Taiji, au yin et au yang, aux quatre Xiang, aux huit trigrammes et à toute chose… Tout cela est la manifestation et l’expression du Tao.

Ayant découvert quelques lois et théorèmes du monde naturel et de tout ce qui se trouve au ciel et sur la terre, les êtres humains deviennent fiers d’eux-mêmes et se sentent remarquables, ce qui les rend arrogants et prétentieux, ne respectant plus le ciel et ne croyant plus en Dieu, niant l’existence de Dieu et de Bouddha, se rebellant même contre le ciel et maudissant Dieu, détruisant ainsi la nature et la moralité des êtres humains.

En fait, ce que la science humaine a découvert ne représente même pas un petit bout de la sagesse des Dieux et des Bouddhas, mais seulement une manifestation minuscule et superficielle de leur sagesse au niveau le plus bas de l’univers.

L’humanité a cessé d’écouter les enseignements de Dieu et de Bouddha et a fait toutes sortes de choses néfastes, brandissant le bâton de la science pour porter atteinte à la droiture, à la moralité et à la conscience de l’humanité : c’est une chose terrible !

Historiquement, chaque fois que l’humanité s’est développée jusqu’à ce stade, c’est le moment de la destruction, ou de l’extinction destinée selon les enseignements bouddhistes. L’humanité doit maintenant revenir en arrière, restaurer ses traditions, revenir à la moralité et retrouver sa juste foi en Dieu et en Bouddha. Si nous ne faisons pas demi-tour, la route sera sans issue.

Rédacteur Yi Ming

À suivre...

Cliquez ici pour lire l’article N°1

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.