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Tradition. Décodage des caractères chinois : les éléments de base

CHINE ANCIENNE > Tradition

Le Classique des vers (詩經) s’est d’abord appelé les Poèmes, ou les Trois Cents Poèmes (chinois : 詩三百), une anthologie de textes allant du XIe au Ve siècle av. J.-C. On y trouve les plus anciens exemples de la poésie chinoise. (Image : wikimedia / National Palace Museum / Domaine public)

Cette série d’articles « Décodage des caractères chinois » est destinée à vous faire découvrir le monde fascinant des caractères chinois et de la culture chinoise.

Comme de nombreux caractères ont été simplifiés au cours des soixante-dix dernières années, en Chine, leur signification est exprimée principalement à l’aide de la version traditionnelle et l’orthographe simplifiée est ensuite présentée à des fins de comparaison.

Les caractères chinois (ou sinogrammes) composent l’écriture des langues chinoises. Ils sont communément appelés hànzì, « caractères han » en chinois, s’écrivant « 漢字 » en chinois traditionnel, et depuis le XXe siècle en République populaire de Chine, en Malaisie et à Singapour, « 汉字 » en chinois simplifié. Ils forment le plus ancien système d’écriture qui soit resté d’un usage continu et figurent au deuxième rang des systèmes d’écriture dans le monde, derrière l’alphabet latin.

Il y a déjà plus de 200 ans, de nombreux chercheurs en Europe, fascinés par les écritures chinoises et leurs caractères, ont entrepris de les étudier. Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), par exemple, se passionnait pour la langue chinoise et a essayé de déchiffrer le système d’écriture chinois. Il a déclaré : « Si Dieu avait enseigné une langue humaine, elle serait semblable au chinois ».

Même les Chinois considèrent leur propre système d’écriture comme une invention admirable. Depuis l’Antiquité, de nombreux efforts ont été déployés pour découvrir les règles, la logique et les messages qui se cachent derrière chaque caractère.

Origine

Cang Jie, l’inventeur mythique de l’écriture chinoise, représenté avec quatre yeux, qui, selon la tradition, lui permettent de voir les secrets du ciel et de la terre. (Image : wikimedia / Domaine Public)
Cang Jie, l’inventeur mythique de l’écriture chinoise, représenté avec quatre yeux,
qui, selon la tradition, lui permettent de voir les secrets du ciel et de la terre. (Image : wikimedia / Domaine public)

D’après la légende, les caractères chinois ont été inventés par Cang Jie (倉頡 Cângjié) au temps mythique de l’empereur jaune (Huáng Dì 黄帝/ - 2597 ou de 2698 à 2598 av. J.-C), il y a près de cinq mille ans. Après avoir vu comment un chasseur pouvait identifier à son empreinte l’animal qu’il poursuivait, il aurait formé son premier système d’écriture en désignant chaque chose par une marque immédiatement reconnaissable.

De fait, l’écriture chinoise est, à l’origine, formée à partir de pictogrammes, c’est-à-dire de dessins où le graphique primitif est la représentation directe d’une chose.

L’origine des caractères chinois peut être retracée jusqu’à d’anciens signes archaïques, tandis que l’écriture elle-même semble reliée à l’invention du fil de soie.

Comme plusieurs « codes secrets » culturels peuvent être regroupés dans un seul caractère, l’apprentissage des caractères chinois est également un moyen efficace de comprendre la culture chinoise traditionnelle.

Éléments de base : agencement des sinogrammes

Les caractères chinois traditionnels, ou sinogrammes, se composent de plus de 200 éléments de base. La plupart de ces éléments étaient, au commencement, des motifs pictographiques, qui ont évolué en traits au fil du temps pour des raisons de commodité. Cela ne signifie pas pour autant que tous les caractères chinois sont aujourd’hui des pictogrammes.

Il est à noter qu’il existe plus de 500 éléments de base en chinois simplifié. Cela montre également que l’ensemble du système d’écriture utilisé en République populaire de Chine est en fait devenu plus compliqué en termes de caractères individuels que ne l’était le système d’écriture traditionnel, même si le nombre de traits a été réduit.

Ce qui est regrettable, c’est que le chinois simplifié a perdu toute la quintessence de la langue chinoise. Dans le caractère « l’amour » (愛 et 爱), le chinois simplifié a supprimé le coeur (心) et « 愛 » est devenu « 爱 ». Pour le caractère « phénix » (鳳 et 凤), dans le chinois simplifié, on ne voit plus qu’il s’agit d’un oiseau (鳥), le caractère (鳥) est remplacé par le caractère (ㄡ) signifiant le déni . Dans le caractère (區 et 区) signifiant la distinction, le caractère (品) est remplacé par un couteau (X) qui signifie la mort ou l’exécution.

Le chinois simplifié a transformé le sens authentique des caractères chinois. (Image : ET Hong Kong)
Le chinois simplifié a transformé le sens authentique des caractères chinois. (Image : Epoch Media Group)

Un idéogramme est un symbole graphique représentant un mot ou une idée.

Des idéogrammes sont utilisés :

- Dans certaines langues vivantes, comme le chinois et le japonais, ou anciennes comme les hiéroglyphes de l’Égypte antique. Le terme de logogramme est préféré pour sa plus grande clarté.

- Dans l’ancien droit (voir héraldique).

Les idéogrammes chinois sont des caractères plus complexes que les pictogrammes, car ils se composent généralement d’une clé, tout dépend de la simplification par rapport au caractère traditionnel, c’est à dire qu’ils peuvent être composés d’un ou plusieurs pictogrammes. Par exemple, le sinogramme pour dire « clair » ou « lumineux » sera composé du pictogramme simple du soleil « 日 » et celui de la lune « 月 », ce qui donnera « 明 » (míng), donc une notion de clarté, de luminosité.

Il faut différencier les idéogrammes des pictogrammes qui représentent une chose concrète par un dessin, mais aussi des phonogrammes qui représentent un son. Aujourd’hui, le nombre total de caractères chinois dépasse 60 000, pourtant, seuls plus de 4 000 caractères sont nécessaires dans la vie quotidienne et, à partir d’environ 80 éléments de base, on peut composer plus de mille caractères communs. Un élément de base est parfois lui-même déjà un caractère indépendant, comme le champ « 田 » (tián), le cœur« 心 » (xîn). De champ « 田 » et cœur « 心 » résulte le caractère « 思 » réflexion, pensée.

Le caractère « poisson » dans ses différents styles, présent dans la série de dessins animés The Wonderful World of Chinese Characters (悠游字在). (Image : VisionTimes)
Le caractère « poisson » dans ses différents styles, présent dans la série de dessins animés The Wonderful World of Chinese Characters (悠游字在). (Image : VisionTimes)

Les clés sont des sinogrammes particuliers puisqu’ils ne peuvent pas être utilisés seuls. Par exemple, « 讠» (yán), la clé de la parole sera présente dans les mots appartenant au champ lexical de la parole ou ayant un sens proche tels que « 语 » (), « la langue parlée » ou encore « 说 » (shuô), dire, parler, « 口 » (kǒu) figure lui aussi souvent avec cette clé puisqu’il signifie la bouche, mais toutefois est un pictogramme. La clé de l’eau, « 氵» (shuǐ) symbolisée ici par trois gouttes suit cette même règle « 酒 » ( jiǔ) l’alcool, le vin ou encore « 汊 » (chà) un bras d’une rivière.

Dans le prochain article, nous introduirons l’élément de base « 寸 ». Ce simple caractère décrit à l’origine le diagnostic par le pouls, l’une des méthodes de diagnostic de la médecine chinoise. « 寸 » se présente sous la forme de plusieurs caractères tels que « 寺 » temple, « 時 » heure et « 等 » patience, qui sont décodés ici un par un.

Rédacteur Farida L.
Collaboration Caroline Daix

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