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Monde. Le Parti communiste chinois interdit de voyage aux Etats-Unis

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Des responsables américains s’attaquent à la menace chinoise communiste. L’administration Trump envisage d’interdire à tous les membres du parti communiste de voyager aux États-Unis
 

2011 - Un défilé à Washington D.C. commémore le mouvement Tuidang, (retrait du Parti communiste). Le nombre de personnes ayant renoncé à leur affiliation au Parti communiste et à ses organisations de jeunesse atteignait alors la barre des 100 millions. En 2019, ce nombre s’élevait à  337 millions. (Image : Tudiang Center)
 

Dans un article du 15 juillet, le New York Times a cité des sources anonymes parmi les responsables américains, ayant déclaré que l’administration Trump envisageait d’interdire aux membres du Parti communiste chinois (PCC), dont le nombre s’élève à plus de 90 millions, de voyager aux Etats-Unis. Ceci s’inscrit dans la tentative de Washington de renforcer sa position contre le régime autoritaire.

Une information similaire a été rapportée par le Wall Street Journal le 16 juillet dernier. Selon le scénario envisagé, l’interdiction de voyager pourrait également affecter les familles des membres du Parti, soit un total de 270 millions de personnes, ce qui correspond à quasiment un cinquième de la population chinoise. D’autres propositions sont beaucoup plus tempérées, avec un programme ciblant seulement les 25 membres du Politburo du PCC.

Michael Pillsbury, un expert sur la Chine et conseiller informel du président Donald Trump, a déclaré au Journal que l’interdiction de voyager serait « un pas important dans la direction que le secrétaire d’État Mike Pompeo a prise ces derniers mois, pour délégitimer le Parti communiste et ses 90 millions de membres ».

Depuis 2019, Mike Pompeo et d’autres hauts fonctionnaires américains ont intensifié leurs critiques à l’encontre de l’idéologie du régime communiste, le qualifiant de marxiste et de léniniste, soulignant les nombreuses violations des droits de l’homme commises par Pékin.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo blâme de plus en plus  le Parti communiste chinois pour ses abus. (Image : U.S. Department of State / CC0 1.0)
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo blâme de plus en plus  le Parti communiste chinois pour ses abus. (Image : U.S. Department of State / CC0 1.0)
 

Bien que l’administration Trump ait adopté une ligne de conduite sévère à l’égard du Parti communiste chinois depuis la publication de la Stratégie de sécurité nationale de 2017 - qui a désigné la République populaire de Chine (RPC) comme la principale menace stratégique pour les États-Unis - le discours de M. Pompeo « China Challenge » prononcé le 30 octobre 2019, a marqué le début d’une tendance de la part de Washington à  faire la distinction entre le PCC et la nation chinoise.

Le défi posé par la Chine (China Challenge)

Le 16 juillet, le procureur général William P. Barr a fait des remarques faisant écho aux avertissements du directeur du FBI, Christopher Wray, concernant la menace d’opérations d’espionnage et d’influence du PCC aux États-Unis. Il a également canalisé les déclarations précédentes de M.Pompeo sur l’objectif de « domination internationale » de la part du PCC.

Selon w. Barr, la façon dont les États-Unis répondront aux « ambitions mondiales du Parti communiste chinois » aura « des implications historiques et déterminera si les États-Unis et leurs alliés libéraux et démocratiques continueront à façonner leur propre destin ou si le PCC et ses débiteurs autocratiques contrôleront l’avenir ».

« Le PCC règne d’une main de fer sur l’une des plus grandes civilisations anciennes du monde. Il cherche à tirer parti de l’immense pouvoir, de la productivité et de l’ingéniosité du peuple chinois pour renverser le système international fondé sur des règles et pour pouvoir contrôler le monde par la dictature », a déclaré M. Barr.

Le procureur général américain William Barr a mis en garde les entreprises américaines pour avoir toléré la censure du régime du PCC. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le procureur général américain William Barr a mis en garde les entreprises américaines pour avoir toléré la censure du régime du PCC. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Refuser l’entrée aux communistes

Au cours de la dernière décennie, dans un contexte d’instabilité politique et économique en Chine, un nombre croissant de membres de familles de fonctionnaires du PCC ont immigré aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux, et ont transféré leurs avoirs à l’étranger.

De nombreux hauts responsables du Parti envoient également leurs enfants étudier aux États-Unis, comme la fille du dirigeant chinois Xi Jinping, diplômée de l’université de Harvard, la fille du Premier ministre chinois Li Keqiang, qui a étudié à Harvard au début des années 2010, et la fille de Wang Yang, membre du comité permanent du Politburo, diplômée de l’université Tufts dans le Massachusetts.

Si une interdiction de voyager est effectivement prévue, ces membres de famille pourraient choisir de retourner en Chine, tandis que de nombreux étudiants chinois devront renoncer à leur espoir d’étudier à l’étranger.

Cependant, les internautes chinois ont été enthousiasmés par cette nouvelle et ont demandé à la Maison Blanche de lancer cette interdiction le plus rapidement possible. Sur la plateforme de réseaux sociaux Weibo, ils ont déclaré que l’interdiction empêcherait les fonctionnaires corrompus de transférer leurs avoirs détournés à l’étranger, et empêcherait ces fonctionnaires de s’échapper de la Chine une fois qu’ils seront dans la ligne de mire du régime. Twitter est interdit en Chine, mais beaucoup utilisent des logiciels de contournement de pare-feu pour accéder à la plateforme.

« La Chine a souffert de la corruption pendant des décennies. (L’interdiction de voyager) est le médicament spécifique que nous avons attendu si longtemps », a écrit le net-citoyen chinois Baozi sur Weibo le 16 juillet, selon The Epoch Times.

Le mouvement Tuidang

Selon SinoInsider, un groupe de réflexion basé à New York, l’interdiction faite aux membres du PCC et à leurs proches de voyager aux États-Unis pourrait avoir un impact profond sur la politique intérieure chinoise.

Dans un bulletin d’information du 16 juillet, SinoInsider a noté que sous Xi Jinping, le PCC lui-même a interdit à ses membres de quitter le pays ou d’envoyer des avoirs à l’étranger : Au « niveau de l’élite, les restrictions de voyage de Xi sont souvent une réponse directe à la lutte entre les factions du Parti et représentent un effort pour mettre ses rivaux sous contrôle et en garde »,  tandis qu’à la base, ces restrictions « semblent viser à résoudre le problème des membres du PCC qui montrent leur mécontentement du fait qu’ ils perdent confiance dans le Parti ».

Les habitants de Hong Kong descendent dans la rue pour protester contre la dictature du Parti communiste chinois. Sur l’une des énormes banderoles on peut lire « Tuidang », qui se traduit littéralement par « démissionner du parti (communiste chinois) ». (Image : courtesy of NTD)
Les habitants de Hong Kong descendent dans la rue pour protester
contre la dictature du Parti communiste chinois. Sur l’une des énormes
banderoles on peut lire « Tuidang », qui se traduit littéralement par
« démissionner du parti (communiste chinois) ». (Image : courtesy of NTD)
 

« Dans l’ensemble, les restrictions de voyage de Xi laissent présager une grave crise au sein du régime », selon l’analyse de SinoInsider.

« L’interdiction radicale de voyager aux États-Unis pour les membres du PCC, rendrait immédiatement Xi Jiping profondément impopulaire parmi les membres habituels du Parti qui ont déjà du mal à quitter la Chine. Les membres du PCC pourraient même reconsidérer leur affiliation au Parti ».

Le bulletin SinoInsider a attiré l’attention sur le mouvement Tuidang, « Démissionez du Parti », qui a été lancé par des pratiquants du Falun Gong et leurs sympathisants, pour aider les Chinois à se retirer symboliquement du PCC et de ses organisations de jeunesse affiliées. Depuis 2004, plus de 360 millions de déclarations de personnes ayant renoncé au Parti ont été enregistrées sur le site web de Tuidang.

Selon les statistiques du site web compilées par The Epoch Times, les recherches sur Internet en Chine pour le mot-clé « tuidang » ont atteint un sommet suite au rapport du New York Times. Une interdiction de voyager pourrait susciter davantage d’intérêt pour le mouvement Tuidang, de la part des membres du Parti, et même inspirer « des  " défections " très médiatisées aux États-Unis qui embarrasseraient le dirigeant Xi Jiping », a écrit SinoInsider.

Rédacteur Fetty Adler

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