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Monde. L’Inde est-elle assez puissante pour se passer de la Chine ?

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Les tensions entre l’Inde et la Chine s’accentuant en raison des conflits frontaliers, le gouvernement indien cherche à réduire les importations chinoises. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

Les tensions entre l’Inde et la Chine s’accentuant en raison des conflits frontaliers, l’opinion publique indienne est fortement hostile à Pékin. En écho à ce sentiment, le gouvernement indien a pris des mesures contre les applications chinoises dont TikTok et WeChat, interdisant leur utilisation dans le pays. D’autres entreprises et investisseurs chinois sont également visés par des interdictions ou des restrictions. Toutefois, certains ont émis des doutes quant à la possibilité pour l’Inde de se découpler de l’économie chinoise.

Découplage de la Chine

En 2019, 14 % des importations en Inde provenaient de Chine. En revanche, les exportations indiennes ne représentaient que 1 % des importations chinoises. Cela donne à l’Inde un énorme avantage. En effet, les Chinois auraient plus à perdre si l’Inde venait à restreindre sérieusement les importations chinoises. Pékin ne peut pas utiliser contre l’Inde, les tactiques d’intimidation dont il s’est servi à l’encontre de pays comme l’Australie, qui dépendent fortement des exportations vers le marché chinois. Mais l’Inde est confrontée à un grand dilemme : le pays est trop dépendant des importations chinoises. Il va donc être très difficile de remplacer les produits chinois par des produits nationaux ou d’autres alternatives.

Examinons, par exemple, la part de la Chine dans les principaux marchés. Dans le secteur des smartphones, la part de la Chine est de 72 %. Dans le secteur de l’énergie solaire, elle est de 90 %. Dans l’industrie pharmaceutique, la part des importations chinoises est de 60 %. Par conséquent, le découplage de la Chine dans ces secteurs s’avère difficile, voir impossible dans les dix ou vingt prochaines années. Dans d’autres marchés comme l’acier, la télévision, les équipements de télécommunications, etc. la part de la Chine est supérieure à 20 %. Remplacer la Chine dans ces secteurs sera faisable, mais le gouvernement indien devra relever le défi de fixer des tarifs.

Dans des secteurs comme l’énergie solaire, les produits chinois dominent le marché indien.  (Image : pixabay / CC0 1.0)
Dans des secteurs comme l’énergie solaire, les produits chinois dominent le marché indien. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

Selon les estimations, les smartphones chinois sont plus de 40 % moins chers que ceux de cinq grands concurrents étrangers. Parmi les produits pharmaceutiques, certaines importations chinoises sont jusqu’à 89 % moins chères. Les circuits électroniques sont 23 % moins chers, les unités de traitement de données 10 % moins chères et les engrais environ 76 % moins chers. Aujourd’hui, si l’Inde devait interdire l’importation de ces produits, elle devrait veiller à ce que ses citoyens aient accès à des alternatives moins chères. En tant que pays d’Asie, l’Inde ne peut pas se permettre de devenir une nation où les prix sont les plus élevés.

Le problème de la téléphonie mobile

En ce qui concerne les smartphones, les efforts de l’Inde pour réduire sa dépendance à l’égard de la Chine se heurtent à un obstacle de taille : l’absence de véritables unités de fabrication de plaquettes de semi-conducteurs « FAB » (circuits-courts). Le pays ne dispose apparemment que d’un seul FAB, exploité par l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO). Ce sont les puces à semi-conducteurs qui constituent le cœur des smartphones, des tablettes, des dispositifs IoT, etc. Un pays de plus d’un milliard d’habitants dépourvu de telles infrastructures ne pourra jamais concurrencer la Chine, qui dispose d’un secteur FAB bien développé.

« L’Inde doit passer à l’étape supérieure de la chaîne de valeur dans la fabrication et l’installation des FAB et des panneaux d’affichage. Ce sont quelques-unes des parties les plus critiques, les plus importantes et les plus spécialisées de la fabrication de smartphones, qui nécessitent un engagement à long terme (de 20 à 30 ans), des milliards de dollars de dépenses d’investissement et de fonctionnement, des ressources ininterrompues facilement disponibles comme l’eau, l’électricité et une main-d’œuvre hautement qualifiée », a déclaré Navkendar Singh, directeur de recherche pour les appareils et l’écosystème, IDC Inde et Asie du Sud, à NDTV.

L’Inde doit développer des unités de fabrication de plaquettes semi-conductrices, afin de se libérer de sa dépendance aux smartphones fabriqués en Chine. (Image : Capture d’écran / YouTube)
L’Inde doit développer des unités de fabrication de plaquettes semi-conductrices, afin de se libérer de sa dépendance aux smartphones fabriqués en Chine. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

La seule façon d’y parvenir est de soutenir largement les industries locales en leur offrant des avantages fiscaux, des subventions, des protections contre la concurrence, etc. La bonne chose est que les investisseurs seront prêts à verser les milliards de dollars nécessaires pour développer un écosystème FAB de premier ordre, étant donné que l’Inde est un énorme marché doté d’un potentiel de croissance immense.

Rédacteur Fetty Adler

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