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Monde. L’Australie envisage d’annuler le bail de 99 ans du port de Darwin

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Le gouvernement fédéral australien est sur le point d’annuler un bail de 99 ans accordé en 2015 à une entreprise chinoise, autorisant les opérations dans le port stratégique de Darwin, dans le Territoire du Nord du pays. Cette décision résulte des préoccupations concernant les liens étroits du propriétaire avec le Parti communiste chinois (PCC) et les menaces pour la sécurité nationale posées par cette association.

En octobre 2015, la société privée Shandong Landbridge Group s’est vue accorder par le chef du gouvernement du Territoire du Nord, Malcom Turnbull, un bail de 99 ans pour la gestion du port de Darwin, à la condition d’investir 200 millions de dollars australiens (environ 154 millions de dollars américains) dans la région sur une période de 25 ans. La société Shandong Landbridge Group a son siège à Rizhao, province de Shandong, et son propriétaire, le milliardaire Ye Cheng, entretiendrait des liens étroits avec le PCC.

L’agence de presse Reuters a récemment cité une source anonyme du gouvernement fédéral disant que les responsables de la défense enquêtaient sur la société Shandong Landbridge Group, et envisageaient sérieusement de résilier le bail pour des raisons de sécurité nationale, car les tensions entre Pékin et Canberra ne montrent aucun signe d’apaisement.

« Un avis a été demandé sur le port et il sera soumis au comité de sécurité nationale en temps voulu », a déclaré la source.

Le Premier ministre Scott Morrison a semblé confirmer, au moins implicitement, que son administration surveillait de près le bail de Darwin, déclarant lors d’une interview accordée à Bloomberg : « En ce qui concerne le port de Darwin, si le ministère de la Défense ou les agences de renseignement me donnent des conseils qui suggèrent qu’il existe des risques pour la sécurité nationale, le gouvernement devrait prendre des mesures à ce sujet ».

Cette décision intervient alors que l’Australie a adopté en janvier une nouvelle législation sur les investissements étrangers visant à protéger le pays contre les manipulations et les menaces étrangères. Ces lois donnent au gouvernement un « pouvoir rétroactif » lui permettant d’imposer de nouvelles conditions ou même de forcer le désinvestissement dans le cadre d’opérations déjà approuvées.

Ces pouvoirs ont déjà été utilisés. En avril, le gouvernement de Scott Morrison est intervenu et a annulé les accords de l’initiative « Belt and Road » signés par le Premier ministre de Victoria, Daniel Andrews, avec Pékin, en utilisant la nouvelle loi.

En 2015, le secrétaire australien à la Défense de l’époque, Dennis Richardson, a minimisé les inquiétudes concernant les liens entre Pékin et le Shandong Landbridge Group, en les qualifiant de « non-sens alarmiste. » Il a également affirmé qu’il n’y avait aucun risque que le PCC espionne les communications navales américano-australiennes dans le port.

« Dennis Richardson n’a jamais pensé que c’était une si grosse affaire, il était toujours légèrement détendu à ce sujet », a déclaré un haut fonctionnaire de la défense, à ABC News, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

« (D’autres) pensaient que c’était inutile et potentiellement dangereux. Je ne suis pas sûr que ce soit au même niveau que l’investissement direct que le gouvernement chinois a dans les ports du Pakistan et du Sri Lanka… le potentiel de perturbation du port par l’opérateur (Landbridge) à des moments cruciaux reste l’une de mes grandes préoccupations. »

En novembre 2015, l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI) a publié un rapport exposant les liens entre le Shandong Landbridge Group et le PCC, révélant que l’entreprise avait créé une milice armée en son sein, avec le soutien de l’Armée populaire de libération(APL), en août 2014. En 2015, lorsque l’administration de Turnbull a annoncé le bail, Barack Obama a exprimé un léger mécontentement du fait que les États-Unis n’avaient pas été informés à l’avance.

Quatre ans auparavant, en 2011, les États-Unis avaient renforcé leur présence militaire à Darwin pour contrer la pression chinoise dans l’Indo-Pacifique. En mars 2016, Washington s’est inquiété d’un risque potentiel d’espionnage chinois dans le port, en raison des liens entre le Shandong Landbridge Group et l’APL.

Le ministère américain de la Défense a déclaré que Pékin pourrait très bien recueillir des renseignements sur les forces américaines et australiennes stationnées à proximité.

La Nouvelle-Zélande voisine a également rencontré des difficultés pour travailler avec la Chine. Le Premier ministre Jacinda Ardern a récemment déclaré que les intérêts et les valeurs de son pays ne font pas bon ménage avec ceux de la République populaire de Chine (RPC), ce qui constitue un obstacle majeur à la conciliation des différences entre les deux nations.

Rédacteur Fetty Adler

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