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Chine. Plus d’un millier de Tibétains arrêtés suite à des manifestations contre un projet de barrage hydroélectrique

ACTUALITÉ > Chine

Dans la province du Sichuan, située au sud-ouest de la Chine et à l’est du Tibet, la construction d’un barrage hydroélectrique sur la rivière Drichu a déclenché de vives protestations et conduit à l’arrestation massive de plus d’un millier de tibétains, dont un certain nombre de moines.

Le projet de la centrale hydraulique de Gangtuo, fait partie d’un système de 25 barrages le long de la rivière Drichu.

Les manifestations, qui ont débuté à Derge (un comté de la préfecture autonome tibétaine de Garzê), mettent en lumière de nouvelles préoccupations concernant la préservation du patrimoine culturel tibétain et, une fois de plus, les violations des droits de l’homme commises par le Parti communiste chinois (PCC).

L’essentiel des troubles réside dans la submersion potentielle d’anciens monastères tibétains et dans le déplacement d’environ 100 000 personnes pour la réalisation du projet de barrage. Des sites historiques tels que les temples de Wonto et de Yinnan, qui ont survécu à la révolution culturelle et abritent d’importantes peintures murales des XIVe et XVe siècles, sont menacés. L’urgence et le désespoir de la population locale sont palpables, les manifestations s’intensifiant depuis le 19 février, selon les médias locaux.

Plus d’un millier de Tibétains arrêtés suite à des manifestations contre un projet de barrage hydroélectrique
Tibétains arrêtés par les autorités chinoises, les panneaux mentionnent leur crime et leur nom, le 05 avril 2008. (Image : wikimedia / SFT HQ (Students for a Free Tibet) / CC BY 2.0)

La police chinoise fait preuve d’une extrême violence

La réponse des autorités chinoises a été sévère : des habitants ont été témoins de l’utilisation de canons à eau, de gaz poivré et de pistolets à impulsion électrique contre les manifestants. Selon un rapport de Bitter Winter, plusieurs Tibétains ont été blessés et ont dû être hospitalisés au cours des échauffourées.

Le rapport indique également que les autorités chinoises ont mis en place un blocage du réseau dans la région et ont saisi de force les téléphones portables des résidents tibétains qui tentaient de documenter les manifestations. Malgré ces mesures, quelques photos floues des manifestations ont tout de même fait surface sur les plateformes de médias sociaux.

Les arrestations massives et l’usage de la force par la police chinoise ont attiré l’attention de la communauté internationale, et le département d’État américain a exprimé sa « profonde inquiétude » face à cette situation. Uzra Zeya, la sous-secrétaire d’État à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits de l’homme, a souligné la nécessité pour la Chine de « respecter les droits de l’homme et la liberté d’expression et d’inclure les Tibétains dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de gestion de l’eau et des terres », dans un message publié sur X (anciennement connu sous le nom de Twitter).

« Ces monastères séculaires abritent des centaines de moines bouddhistes tibétains et contiennent des reliques culturelles irremplaçables », a écrit Uzra Zeya, ajoutant que « les États-Unis se tiennent aux côtés des Tibétains pour préserver leur identité culturelle, religieuse et linguistique unique ».

Les droits de l’homme en état de siège

La communauté internationale a également exprimé son indignation face aux actions du PCC, avec des personnalités telles que Benedict Rogers, vice-président de la Commission des droits de l’homme du Parti conservateur britannique, qui a qualifié la répression d’« épouvantable et scandaleuse » et a plaidé pour une prise de conscience mondiale et une action en faveur d’un #FreeTibet.

La situation a également ravivé les discussions sur la question de longue date de l’autonomie du Tibet et du traitement des minorités ethniques par le gouvernement chinois. La lutte des Tibétains pour la reconnaissance de leurs droits a été longue. Le Dalaï Lama, chef spirituel du Tibet, vit en exil depuis 1959 à la suite d’un soulèvement manqué contre le pouvoir chinois.

Comme l’a souligné Sikyong Penpa Tsering, président de l’Administration centrale tibétaine, la réaction internationale met en évidence une nouvelle préoccupation mondiale concernant le mépris de la Chine pour les droits des Tibétains et d’autres minorités ethniques.

Un barrage hydroélectrique inacceptable à tous points de vue

« Le mépris des autorités chinoises pour les droits des Tibétains est inacceptable à tous points de vue », a déclaré Sikyong Penpa Tsering, ajoutant que « les actes punitifs démontrent que la Chine donne la priorité à son idéologie et à ses intérêts plutôt qu’aux droits de l’homme ».

« Nous appelons le gouvernement chinois à libérer toutes les personnes détenues et à respecter les droits et les aspirations du peuple tibétain. Le monde doit entendre la voix des Tibétains et faire face à la vérité sur la mauvaise gouvernance chinoise au Tibet », a-t-il ajouté.

La série de manifestations et d’arrestations n’a pas seulement mis en évidence la menace immédiate que représente la construction du barrage hydroélectrique pour la culture et le patrimoine tibétains, mais a également mis en lumière des questions plus larges de violations des droits de l’homme, d’épuration ethnique et de répression de la dissidence en Chine.

Les Ouïghours musulmans, un groupe ethnique originaire de la région occidentale du Xinjiang, sont également victimes d’oppression de la part des autorités. Selon de nombreux rapports, plus d’un million de Ouïghours seraient détenus dans des camps de concentration et de rééducation sous couvert de lutte contre le terrorisme et d’assimilation. Ces allégations mettent en lumière de graves problèmes en matière de droits de l’homme, notamment le travail forcé, les détentions arbitraires massives et les abus sexuels.

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

Source : Over 1,000 Tibetans Arrested in Southwest China as Dam Project Sparks Major Protests, Threatens Local Heritage

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