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Bien-être. Une étude japonaise révèle un lien significatif entre l’autisme et le temps passé devant l’écran chez les jeunes garçons

SANTÉ > Bien-être

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est un trouble neurodéveloppemental qui se manifeste dès l’enfance, et qui affecte la manière de communiquer et d’interagir avec les autres.

Le terme « spectre » fait référence à un large éventail de manifestations. À ce jour, il n’existe aucun remède pour soigner l’autisme, cependant, un accompagnement attentif des parents peut aider un enfant atteint de ce syndrome à se développer et à s’adapter au monde tel qu’il le perçoit.

Bien que certaines affirmations aient attribué l’autisme aux vaccins, aux antibiotiques et même au sucre, aucune preuve concrète n’a confirmé ces allégations. Une récente étude menée par des scientifiques japonais a trouvé un « lien significatif » entre l’autisme et le temps passé devant l’écran chez les jeunes garçons.

Temps d’écran et autisme

La recherche effectuée par l’Université de Yamanashi au Japon a porté sur 84 030 enfants, tous nés entre janvier 2011 et mars 2014.

Selon l’étude, les TSA ont surtout été diagnostiqués chez des enfants de trois ans, soit 392 pour 100 000 (0,4%). Parmi eux, on a découvert que les garçons étaient trois fois plus susceptibles de souffrir de ce trouble que les filles.

Un questionnaire a été réalisé concernant la durée du temps passé devant l’écran pour les enfants de un an, ainsi que pour les enfants âgés de trois ans. Une question supplémentaire a été posée pour savoir si l’enfant avait reçu un diagnostic de TSA.

L’étude a montré que le diagnostic de TSA semblait être plus fréquent chez les enfants ayant été exposés à l’écran, avec un ratio de : 1,38 pour les enfants ayant passé moins d’une heure devant un écran, 2,16 pour moins de deux heures, et 3,02 pour quatre heures et plus.

« Chez les garçons, un temps d’écran plus long à l’âge d’un an était significativement associé à un trouble du spectre autistique à l’âge de trois ans », ont écrit les auteurs.

À la lumière de ces résultats, les chercheurs ont conclu qu’avec l’augmentation rapide de l’utilisation d’appareils (télévision, consoles de jeux, ordinateurs) il était « nécessaire d’examiner les effets du temps d’écran sur la santé des jeunes enfants, et de contrôler le temps d’écran excessif. »

Le lieutenant-colonel Scott Campbell et son fils, Ian. Après s’être battu pour obtenir des soins appropriés pour Ian, qui est autiste, Scott Campbell a lancé une campagne pour de meilleures options de traitement pour les familles des militaires.  (Image : Ian Graham / Flickr / CC BY 2.5)

Malgré les efforts déployés par les scientifiques la recherche n’a pu déterminer qu’une « corrélation ». Seules des études causales peuvent définitivement montrer si le temps d’écran est réellement un facteur de diagnostic de TSA chez les enfants. Les chercheurs ont également admis que les questionnaires qu’ils ont proposés pouvaient être biaisés.

Pour cette raison, le professeur de recherche sur l’autisme Andrew Whitehouse, de l’Institut Telethon Kids, pense que les conclusions faites par l’Université de Yamanashi ne sont « pas très significatives ». Il affirme également que l’étude n’est pas assez efficace pour montrer un lien de causalité entre le temps passé devant les écrans et un diagnostic ultérieur d’autisme, car d’autres facteurs que le simple fait de regarder la télévision pourraient être pris en compte.

« Vraiment, il est très important de replacer ce genre de résultats dans leur contexte. Cette association n’est pas synonyme de causalité ici », a déclaré Andrew Whitehouse sur Sunrise.

Plusieurs autres études ont cependant soutenu les conclusions de l’étude japonaise, appelant à d’autres recherches sur le sujet.

Une étude réalisée en 2020 par le Collège de médecine de l’Université Drexel a montré que, sur les 2 152 enfants suivis, ceux qui avaient été soumis aux écrans à l’âge de un an étaient liés à un nombre plus élevé de symptômes de type TSA à l’âge de deux ans.

Une autre étude menée par l’Université de Calgary en 2019 a montré des résultats similaires, avec une diminution des performances optimales associée à un temps d’écran plus important chez les enfants âgés de 24 et 36 mois.

Les rapports sur les effets secondaires liés à la Covid-19 ont également montré que le temps d’écran était plus élevé pour les enfants qui apprenaient à distance à la maison.

Bénédiction ou malédiction ?

Bien que le temps passé devant les écrans puisse être source de préoccupation, cela ne veut pas dire qu’il est nécessairement mauvais.

Les enfants atteints de TSA ont tendance à avoir du mal à comprendre le monde qui les entoure et ils réagissent souvent de façon excessive au moindre événement, qu’il s’agisse de bruits, de gestes ou même de simples mots. Ils peuvent avoir du mal à faire la différence entre un compliment et une objection, etc.

Ils ont également tendance à faire la même chose encore et encore, il leur est difficile de s’adapter et d’interagir correctement avec d’autres personnes. Ainsi, les appareils numériques pourraient être un moyen d’évasion pour les enfants autistes.

Selon un article du Huffington Post, le temps passé devant les écrans peut aider les enfants autistes à communiquer et à développer des compétences sociales, tout en améliorant les capacités d’apprentissage et en atténuant l’anxiété. Il peut servir de récompense pour encourager le développement du comportement, enseigner des activités et aider à la relaxation.

Le Dr Paul Shattuck, chercheur à l’Université de Washington, affirme que les appareils numériques, y compris les jeux vidéo, présentent des avantages qui peuvent aider les autistes à satisfaire leurs comportements répétitifs, car ils contrôlent leurs scénarios. Les appareils numériques peuvent également être utilisés pour apaiser et stimuler l’esprit, ce qui permet aux enfants d’être maîtres de leurs actions.

Malgré tout, on ne peut pas nier que le temps passé devant un écran a ses problèmes inhérents. Comme l’a souligné un article de Psychology Today, les enfants atteints d’autisme soumis à un temps d’écran prolongé vont être plus enclins à rencontrer des effets négatifs.

Les enfants autistes ont tendance à avoir des troubles du sommeil, et le temps d’écran peut bloquer la mélatonine, l’hormone du cerveau associée au sommeil. Il peut aussi provoquer une inflammation du système nerveux et libérer davantage d’hormones de stress.

Si l’utilisation d’appareils peut aider les enfants autistes à communiquer d’une certaine manière, trop de temps passé devant un écran peut en fait entraver davantage cette compétence sociale déjà difficile, car elle limite l’exposition au langage facial et corporel, et diminue la capacité d’attention.

En considérant les avantages et les inconvénients, les parents peuvent trouver qu’il existe un équilibre, grâce auquel ils peuvent répondre aux besoins de leur enfant tout en régulant le temps d’écran en fonction de l’âge.

Les parents doivent aussi faire très attention à ce que leurs enfants regardent

Ils peuvent accorder un temps pour le visionnage, peut-être trois heures au maximum. Ils peuvent aussi veiller à ce que les enfants n’utilisent pas trop les appareils, surtout avant de se coucher. Comme mentionné ci-dessus, ils peuvent utiliser le temps d’écran comme une récompense pour des activités « ennuyeuses ».

Plus important encore, les parents doivent aussi faire très attention à ce que les enfants regardent.

L’autisme est un trouble qui ne peut être ni guéri ni prévenu, et qui se développe à un très jeune âge. Ce que les parents peuvent faire, c’est aider leur enfant à développer des compétences, même partiellement grâce au temps passé devant les écrans. Ainsi, lorsqu’ils deviendront des adultes actifs, ils seront plus à même de se débrouiller et d’appréhender le monde, même s’ils le perçoivent différemment des autres.

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

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