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Tradition. La qipao, robe chinoise issue de la robe mandchoue et d’une beauté orientale éternelle

CHINE ANCIENNE > Tradition

La robe chinoise féminine ou qipao (la robe masculine s’appelle cheongsam), qui est devenue populaire en Chine dans les années 1920 trouve son origine dans les vêtements mandchous de la dynastie Qing (1644 - 1912) avant d’être modernisés par les Chinois Han en incorporant les styles vestimentaires occidentaux au cours du XXe siècle.

Naissance de la qipao : robe féminine issue de la robe mandchoue

Les Mandchous étaient un peuple nomade du nord de la Chine qui a voyagé vers le sud pour vaincre les Chinois Han et renverser la dynastie Ming (1368 - 1644) avant d’établir la dynastie Qing. Comme les Mandchous utilisaient les huit bannières comme système de gouvernance de leur société, on les appelait les « gens de la bannière » et leurs vêtements étaient appelés les « vêtements de la bannière ».

Au début de la dynastie Qing, le style de la robe mandchoue présentait plusieurs caractéristiques majeures : sans col, manches fléchées, « quatre fentes » et un cordon de serrage à la taille. La manche en flèche était une manchette étroite, munie d’un poignet mousquetaire semi-circulaire en forme de fer à cheval, d’où le nom de « manche en fer à cheval ». Les manches en fer à cheval étaient normalement fermées, mais lors de la chasse et du combat, elles étaient abaissées pour couvrir le dos des mains et protéger du froid en hiver.

L’impératrice Zhuang en costume de cour mandchoue avec la manche en flèche. (Image : wikimedia / Anonymous court painter of the Qing dynasty / Domaine public)

Le terme « quatre fentes » signifie que l’ourlet de la robe est fendu jusqu’au genou à l’avant et à l’arrière, à gauche et à droite. La ceinture permettait non seulement de resserrer le vêtement pour garder le corps au chaud, mais également de transporter la nourriture sèche et les ustensiles dans le revers avant de la robe. Les robes des hommes étaient généralement bleues, grises et vertes, et les robes des femmes étaient généralement blanches.

Le code vestimentaire mandchou avait une autre particularité : celle de porter un gilet sans manche par-dessus la robe. Le gilet sans manche, porté à cheval, donnait une impression de finesse et d’élégance. Les hommes et les femmes mandchous portaient une robe droite et ample, munie de grandes manches. La robe féminine mandchoue descendait jusqu’au mollet avec des motifs floraux. La robe mandchoue masculine descendait jusqu’à la cheville, sans décoration.

La robe traditionnelle des femmes Han et la naissance de la qipao moderne

Depuis la dynastie Song (960 - 1279), la tenue quotidienne des femmes chinoises Han était composée de deux pièces, soit un chemisier et une jupe, soit un chemisier et un pantalon, la tenue quotidienne des hommes était principalement une robe droite.

Exemple d’un vêtement Han féminin. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0) 

La dynastie Qing a introduit le rasage des cheveux et le changement de vêtements chez les Chinois Han, mais seulement pour les hommes adultes. Le style vestimentaire des femmes Han, bien qu’influencé par les vêtements mandchous, conservait le style vestimentaire de la dynastie Ming, à savoir deux pièces. À la fin de la dynastie Qing, les vêtements chinois Han et les vêtements mandchous avaient fusionné.

Après la révolution Xinhai de 1911, face au sentiment anti-Qing de la société chinoise, la plupart des femmes mandchoues ont abandonné leur robe traditionnelle pour des raisons de sécurité et se sont mises à porter des qipao modernes, ce qui a entraîné un déclin rapide de la popularité de la robe mandchoue traditionnelle aristocratique aux motifs élaborés, aux nombreuses broderies et aux manches longues en Chine.

Suite à la création de la République de Chine qui visait à promouvoir le concept intitulé « Les cinq peuples rassemblés », sous l’influence progressive des tendances occidentales en Orient, les robes des femmes mandchoues ont été redessinées pour intégrer le style occidental des jupes féminines de l’époque, pour devenir des qipao modernes.

Cette nouvelle tenue a commencé à se répandre à Shanghai en 1925. Les jeunes étudiantes de Shanghai sont devenues les premières grandes amatrices de qipao moderne. Certaines écoles de filles de Shanghai ont même adopté cette tenue en tant qu’uniforme scolaire.

En 1929, le gouvernement de la République de Chine a publié un décret faisant de la qipao l’une des robes officielles du pays. Les épouses des chefs d’État successifs de la République de Chine ont porté des qipao dans les cérémonies diplomatiques.

Soong Mei-ling fait une émission de radio spéciale pour remercier le peuple américain de son soutien à la Chine pendant la guerre sino-japonaise (1937-45). 
(Image : wikimedia / CC0)

Des années 1920 à la fin des années 1940, la qipao a été populaire pendant plus de 20 ans. Son style a été modifié à plusieurs reprises, notamment en ce qui concerne la hauteur du col, la longueur des manches et la hauteur des fentes, de sorte que la qipao se débarrasse complètement de l’ancien style et met pleinement en valeur la beauté physique et la silhouette de la femme.

Après les années 1940, sous l’impact du courant de la mode moderne en Chine et à l’étranger, les robes masculines mandchoues étant définitivement abandonnées, la robe féminine qipao est passée des manches larges aux manches étroites, de la coupe droite à la coupe serrée à la taille, les hanches sont légèrement plus larges, l’ourlet se resserre, la longueur de la robe atteint la cheville.

Comme la qipao convient parfaitement à la morphologie des femmes chinoises et met en valeur leur caractère doux, ce vêtement traditionnel originaire du peuple mandchou est devenu l’un des fleurons de la culture nationale chinoise, plébiscité et apprécié par les femmes en Chine comme à l’étranger.

Le point de vue des artisans de qipao

Hsu Rong-yi, créateur de qipao à Taïwan, a parlé des qipao de la dynastie Qing, de la République de Chine et de l’époque moderne, en estimant que les qipao peuvent mettre en valeur les qualités gracieuses d’une femme. « Le port d’une telle robe peut vous donner l’air noble et généreux, doux et gracieux, et vous faire paraître plus mince et plus belle », explique-t-il.

La qipao convient parfaitement à la morphologie des femmes, donnant aux femmes une allure digne, harmonieuse et élégante. (Image : wikimedia / 非主流影像派 / CC BY 2.5 CN)

Pour celles qui souhaitent porter une qipao, il suggère de l’acheter si possible, ou de la faire confectionner si ce n’est pas le cas. En ce qui concerne le choix d’une qipao, Hsu Rong-yi explique que c’est en fonction de la corpulence, de la minceur et de la taille de la personne, la couleur et le motif du tissu devant être adaptés au corps : les personnes corpulentes doivent choisir des couleurs plus sombres et des motifs plus petits, tandis que les personnes minces peuvent opter pour des couleurs plus vives et des motifs plus grands.

Selon Peter, un autre artisan de qipao, les principales caractéristiques de la qipao sont les suivantes : des fentes sur les deux côtés, un resserrement de la taille qui met en valeur les jolies courbes du corps de la femme. La plupart des cols des qipao sont courbés et symétriques, ce qui met en valeur la douceur du cou de la femme.

La fabrication de la qipao relève d’un savoir-faire exquis. Selon Peter, le qipao exprime l’introspection et la subtilité des femmes, et révèle une beauté digne, harmonieuse et élégante ; c’est pourquoi les mariées sont heureuses de porter une qipao comme robe de mariée.

Rédacteur Yi Ming

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