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Monde. Washington met sur liste noire des entreprises chinoises impliquées dans la persécution des Ouïghours et ayant des liens avec les militaires

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Le 9 juillet 2021, le Bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS) du ministère américain du commerce a annoncé qu’il avait ajouté 34 entreprises à sa liste noire « commerciale », appelée entity list, pour leur implication dans des activités contraires à la sécurité nationale et à la politique étrangère des États-Unis. 19 de ces entités proviennent de Chine tandis que les autres sont issues de nations hostiles comme l’Iran et la Russie.

Dans un communiqué, Gina Raimondo, la secrétaire d’État au commerce, a déclaré que le département est « fermement engagé » à prendre des mesures contre les entités qui utilisent la technologie américaine pour favoriser la modernisation militaire chinoise et pour prendre part aux violations des droits de l’homme au Xinjiang.

Sur les 19 entités chinoises sanctionnées, 14 sont basées sur le continent

« Nous continuerons à utiliser de manière agressive les contrôles à l’exportation pour tenir les gouvernements, les entreprises et les individus responsables de leurs tentatives d’accès à des articles d’origine américaine pour des activités subversives dans des pays comme la Chine, l’Iran et la Russie, qui menacent les intérêts de sécurité nationale des États-Unis et sont incompatibles avec nos valeurs », a déclaré Gina Raimondo.

Sur les 19 entités chinoises sanctionnées, 14 sont basées sur le continent et auraient permis la surveillance, la répression et la détention massive par le régime communiste des communautés ouïghoures, kazakhes et autres de la région du Xinjiang.

Cinq entités ont été inscrites sur la liste noire pour avoir soutenu la campagne de modernisation de l’armée chinoise, notamment les activités de commandement, de contrôle, de communication, d’informatique, de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (C4ISR). Huit autres entités ont été ajoutées à la liste noire pour avoir participé à des activités impliquant l’exportation d’articles américains vers l’Iran.

Six entités ont été ajoutées pour leur implication dans l’achat de composants électroniques de fabrication américaine qui auraient pu contribuer à l’avancement des programmes militaires russes. Une autre entité a été inscrite sur la liste pour avoir participé à des transactions avec la Russie.

Aide aux « opérations antiterroristes » en Chine

En étant ajoutées à la liste noire, ces entreprises seront désormais soumises à de sévères restrictions en matière d’exportation, de réexportation et de transfert d’articles aux États-Unis.

Xinjiang Sailing Information Technology est l’une des entreprises chinoises figurant sur la liste. Elle a été inscrite pour avoir aidé les agences gouvernementales dans leurs « opérations antiterroristes », un terme souvent utilisé par Pékin dans le cadre de la répression au Xinjiang. Une autre entreprise, Xinjiang Lianhai Chuangzhi Information Technology Co, est une filiale d’un entrepreneur militaire soutenu par l’État, selon The Epoch Times.

Lors d’une conférence de presse le 9 juillet, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a qualifié la liste des entités américaines d’ « outil de suppression » des entreprises et industries chinoises, et de moyen par lequel Washington tente de « déstabiliser le Xinjiang et de contenir la Chine ».

Le ministère chinois du Commerce a qualifié l’action des États-Unis de « violation grave » des règles commerciales et économiques internationales et a promis de prendre les « mesures nécessaires » pour protéger les « droits et intérêts légitimes » des entreprises chinoises.

L’ajout de 19 entreprises chinoises à la liste des entités intervient alors que le secrétaire d’État, Antony Blinken, a condamné le Parti communiste chinois (PCC) le 1er juillet lors de la cérémonie de lancement du rapport « 2021 sur la traite des êtres humains ». Il a accusé Pékin de détenir plus d’un million de personnes dans 1 200 camps d’internement gérés par l’État où de nombreux détenus sont soumis à « des violences physiques, des abus sexuels et des actes de torture pour les inciter à travailler dans la production de vêtements, d’appareils électroniques, d’équipements solaires et de produits agricoles. »

Washington met sur liste noire des entreprises chinoises impliquées dans la persécution des Ouïghours et ayant des liens avec les militaires
La Dr Kari Johnstone, directrice par intérim du Bureau de surveillance et de lutte contre la traite d’êtres humains, écoutant le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors de son discours sur la publication du rapport 2021 sur la traite d’êtres humains, au Département d’État à Washington, DC, le 1er juillet 2021. (Image : wikimedia / Domaine public)

Le 3 juin, le président Joe Biden a signé un décret limitant le flux de capitaux américains dans 59 entreprises chinoises impliquées dans la surveillance et les activités militaires. Le décret a mis à jour la politique de l’ère Donald Trump concernant ces entreprises et a désigné le département du Trésor comme responsable de la sélection des entreprises chinoises à mettre sur la liste noire. L’administration Trump avait confié cette tâche au Pentagone.

Le sénateur républicain Marco Rubio avait critiqué le transfert de pouvoir au Trésor, déclarant que le département est « trop étroitement aligné avec Wall Street » pour empêcher l’épargne américaine de financer le PCC.

« Nous savons pertinemment que Wall Street contribue à financer les efforts du Parti communiste chinois pour affaiblir et finalement remplacer le leadership américain… L’histoire des deux dernières décennies a été le manque de volonté de l’Amérique de faire face à l’exploitation par Pékin de nos systèmes juridiques, politiques et financiers », a déclaré Marco Rubio.

En janvier, Marco Rubio ainsi que le démocrate Jeff Merkley et d’autres législateurs avaient réintroduit la loi sur la prévention du travail forcé chez les Ouïghours (S.65) afin de garantir que les produits issus du travail forcé au Xinjiang ne soient pas vendus aux États-Unis.

« Le fait que certains des produits qu’ils ont été forcés de fabriquer se retrouvent sur les étagères américaines est inquiétant et inacceptable. Nous devons interdire l’importation de ces produits pour nous assurer que nous ne sommes pas complices de ce génocide, et nous engager pleinement à tenir les auteurs responsables de ces atrocités », avait alors déclaré Jeff Merkley.

Rédacteur Fetty Adler

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