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Monde. La société russe Gazprom prévient d’une crise énergétique apocalyptique pour l’Europe

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Gazprom, le distributeur public de gaz naturel russe, a averti le 13 juillet que les manigances du gouvernement canadien ont rendu encore plus probable la perspective d’une crise énergétique apocalyptique pour l’Europe.

Tout tourne autour du gazoduc européen Nord Stream 1, qui a la capacité, avec son jumeau Nord Stream 2, de livrer 55 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, de la Russie vers l’Europe.

Selon un document d’information générale publié sur le site web de Nord Stream, la société russe Gazprom détient 51 % des parts du système de livraison, contre 15,5 % pour l’Allemagne, et 9 % pour la France et les Pays-Bas.

À la mi-juin Gazprom a réduit de 60 % le flux de gaz naturel passant par Nord Stream 1

Toutefois, cette annonce ne représente en fait qu’une baisse de 20 %, car elle intervient un jour seulement après que la Russie ait réduit sa production de 40 % dans le cadre de sa guerre commerciale avec l’OTAN, suite à l’invasion de l’Ukraine.

La raison de cette réduction supplémentaire n’est pas d’ordre politique ou économique, a déclaré Gazprom, mais résulte du fait que les équipements en cours de réparation par Siemens Energy dans une usine canadienne ne peuvent être libérés en raison des sanctions de l’administration Justin Trudeau, selon un rapporté l’Associated Press (AP).

Une analyse effectuée le 1er juillet par Zero Hedge a montré que le marché européen du gaz naturel a commencé à fixer les prix en fonction du risque majeur de pénurie d’approvisionnement pendant l’hiver, bien que les approvisionnements actuels soient corrects.

La même situation s’est produite sur le marché européen de l’électricité, car la plupart de l’électricité est simplement produite en brûlant du gaz naturel pour alimenter des turbines.

Selon un rapport de Bloomberg du 10 juillet, basé sur des données de Cornwall Insights, un ménage britannique moyen paierait jusqu’à 3 244 livres sterling (3 886 dollars environ) pour le gaz et l’électricité à partir d’octobre, un chiffre déjà en hausse de près de 65 %.

La situation s’est encore aggravée lors de l’entretien régulier du gazoduc Nord Stream 1, du 11 au 21 juillet. Les analystes, les experts et les politiciens craignaient que la Russie ne rétablisse pas le service en raison de relations géopolitiques tendues.

Selon un article de Bloomberg du 12 juillet intitulé Markets Plan Doomsday Scenarios If Russia Turns Off the Gas, les spéculateurs et les analystes craignaient des résultats extrêmes.

Une analyse d’UBS AG citée par Bloomberg était résumée comme suit : « les résultats réduiraient les bénéfices des entreprises de plus de 15 %. La chute du marché dépasserait 20 % pour le Stoxx 600 et l’euro tomberait à 90 cents. La ruée vers les actifs sûrs ferait tomber les rendements des bunds allemands de référence à 0 %. »

Arend Kapteyn, économiste en chef d’UBS, a déclaré : « nous soulignons que ces projections doivent être considérées comme des approximations grossières et en aucun cas comme un scénario catastrophe. »

« Nous pourrions facilement concevoir des perturbations économiques qui conduisent à des résultats de croissance plus négatifs », a-t-il ajouté.

Zero Hedge a cité Jim Reid, analyste de la Deutsche Bank, qui a déclaré que « ce qui se passe avec le gaz russe au second semestre est potentiellement une histoire encore plus importante » que la menace imminente d’une hausse des taux d’intérêt de plus de 100 points de base par la Réserve fédérale lors de la réunion du FOMC des 26 et 27 juillet.

Les tensions canadiennes

La pression sur la situation semblait s’être calmée avant le début de la fermeture, l’administration Trudeau ayant annoncé le 10 juillet, dans un effort de réconciliation avec la Russie qu’elle a souvent dénoncée, qu’elle donnait son feu vert au retour en Russie de la turbine Nord Stream 1 réparée par l’usine canadienne de Siemens.

Selon Reuters, le gouvernement a déclaré avoir délivré un « permis limité dans le temps et révocable » pour le retour du matériel, ce qui permettrait également, du moins en principe, de rétablir les 20 % d’approvisionnement prétendument perturbés par le matériel défectueux.

Dans une courte vidéo devenue célèbre, Volodymyr Zelensky a critiqué la décision du Canada, la qualifiant d’« exception absolument inacceptable au régime de sanctions contre la Russie ».

Le Canada, cependant, n’a pas bougé, du moins en ce qui concerne ses communications et ses messages destinés au public.

Le 13 juillet, The Globe and Mail, un journal canadien de gauche, a rapporté que le Premier ministre Justin Trudeau avait fait preuve d’un raisonnement très rationnel et pondéré en faveur du retour de la turbine : « les sanctions visent Poutine et ses complices et ne sont pas conçues pour nuire à nos alliés et à leurs populations », a-t-il déclaré.

L’article ajoute qu’Affaires mondiales Canada a en fait accordé à Siemens une exception de deux ans qui permettrait l’importation et l’exportation d’un maximum de six unités pour réparation.

Le centre de réparation de Siemens Canada se trouve à Montréal, où se situe la circonscription électorale de Justin Trudeau.

Cependant, le 13 juillet, Gazprom a déclaré au monde entier sur Twitter qu’à l’heure actuelle, elle « ne possède aucun document qui permettrait à Siemens de faire sortir du Canada le moteur à turbine à gaz destiné au CS Portovaya .»

« Dans ces circonstances, il semble impossible de parvenir à une conclusion objective sur les développements ultérieurs concernant l’exploitation en toute sécurité du Portovaya CS, une installation d’importance critique pour le gazoduc Nord Stream », ont-ils écrit.

Le site Internet Natural Gas Intelligence a ajouté dans un article du 13 juillet qu’un représentant de Siemens leur avait dit que le permis n’était qu’une « première étape importante » dans le processus de restitution du matériel à Nord Stream 1.

« Actuellement, nos experts travaillent intensivement sur toutes les autres approbations formelles et la logistique. Cela implique, entre autres, des procédures de contrôle des exportations et des importations légalement requises », a ajouté le représentant.

Se tourner vers le bois

La situation en Europe est sérieuse. Un reportage de Business Insider du 13 juillet cite une note de la Deutsche Bank selon laquelle les Allemands pourraient être contraints d’utiliser le bois pour chauffer leurs maisons cet hiver.

Cette mesure est la même que celle utilisée par les Texans lors de la tempête hivernale de 2021, qui a entraîné la mort de nombreuses personnes lorsque la demande d’électricité est montée en flèche et que les têtes de puits de gaz naturel, qui ne sont normalement pas équipées pour des températures inférieures à zéro, ont gelé.

« Tant les économies que la substitution ont déjà conduit à une réduction de la consommation de gaz allemand de plus de 14 % en glissement annuel au cours des cinq premiers mois de 2022 », est-il indiqué.

En juin, la Pologne avait déjà demandé à ses citoyens de se rendre en forêt pour ramasser les arbres déjà abattus, en échange d’une rémunération, afin de gérer sa crise énergétique émergente.

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

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