Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Monde. La population mondiale franchit la barre des huit milliards d’habitants malgré une baisse de la fécondité dans certains pays

ACTUALITÉ > Monde

Le 15 novembre, les Nations unies (ONU) ont officiellement annoncé que la population mondiale avait franchi officiellement les huit milliards d’habitants, malgré une baisse de la fécondité moyenne dans certains pays.

Bien que considérées comme ayant un haut degré de fiabilité, les statistiques ne sont pas forcément exactes. Le cap a peut-être été franchi il y a des semaines ou des mois, ou il se peut que nous ne l’ayons pas encore atteint, mais, en gros, le 15 novembre 2022 est considéré comme le jour officiel où ce cap a été franchi.

Selon les Perspectives de la population mondiale 2022 de l’ONU, la population de la Terre devrait atteindre 8,5 milliards d’habitants en 2030 et 9,7 milliards en 2050. Dans les années 2080, 10,4 milliards de personnes peupleront la planète, un nombre qui devrait plafonner jusqu’en 2100, date à laquelle la population devrait commencer à diminuer.

Entre 1804 et 1927, la population mondiale est passée d’un milliard à deux milliards et il a fallu 33 ans de plus pour atteindre trois milliards. Depuis lors, le globe s’enrichit d’un milliard de personnes supplémentaires tous les 12,6 ans environ.

Cependant, ces projections ne sont pas reconnues par tous les experts en population.

Darrell Bricker, PDG d’Ipsos Public Affairs et chercheur à la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’université de Toronto, a déclaré à la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) : « c’est probablement la dernière fois que nous discutons de la possibilité d’atteindre un autre milliard. »

Darrell Bricker, qui a coécrit Empty Planet : the Shock of Global Population Decline, pense que la population mondiale sera « quelque part entre huit et neuf milliards » d’ici la fin du siècle.

« La raison pour laquelle elle n’augmentera pas plus que cela est que … la Chine enregistre actuellement son taux de natalité le plus bas de l’histoire. L’Inde vient de passer en dessous du taux de remplacement pour son taux de natalité. Cela représente 36 % de l’ensemble de la population mondiale dont les taux de natalité ne remplacent pas ou n’atteignent pas le niveau de remplacement », affirme-t-il.

Darrell Bricker estime que lorsque la population mondiale atteindra neuf milliards d’habitants, elle commencera à chuter.

Patrick Gerland, chef de la section des estimations et des projections démographiques à la Division de la population des Nations Unies s’en tient à ses chiffres, tout en reconnaissant que la population devrait atteindre un pic dans un avenir proche.

« Si vous regardez les résultats de certaines projections alternatives produites par d’autres groupes de recherche, les scénarios futurs alternatifs produits par différents chercheurs ont tendance à être encore plus conservateurs, à prévoir que ce déclin général se produira un peu plus tôt, et finalement un peu plus rapidement que nous ne le prévoyons », a-t-il admis, ajoutant que la projection de 10,4 milliards d’habitants est davantage une fourchette supérieure qu’une fourchette inférieure.

Des taux de natalité en baisse pratiquement partout

Les taux de natalité dans les pays industrialisés sont en baisse depuis un certain temps et des baisses sont également enregistrées dans les régions de la planète où des taux de natalité élevés étaient la norme.

Au Canada, le taux de croissance annuel est passé d’environ 3 % à la fin des années 1950 à environ 0,7 % en 2020 et aux États-Unis, il est passé de plus de 2 % à la fin des années 1950 à environ 0,2 % en 2020.

En Afrique, où il est le plus élevé, le taux de natalité est passé de 6,5 enfants par femme entre 1950 et 1980 à environ 4,4 naissances par femme aujourd’hui.

Toutefois, lorsqu’on examine les taux de natalité, tous les regards se tournent vers la Chine et l’Inde.

La Chine, avec une population d’environ 1,4 milliard d’habitants, et l’Inde, avec une population légèrement inférieure, connaissent toutes deux une forte baisse de leur taux de fécondité.

Darrell Bricker affirme que « le principal facteur de stabilisation de la population est la baisse des taux de fécondité. Dans des pays comme l’Inde, la fécondité a atteint un pic dans les années 1970. Et elle n’a cessé de décliner depuis. »

Pour la Chine, un pays notoirement connu pour sa politique de l’enfant unique aujourd’hui mise au placard, le taux de croissance démographique annuel stagne à 0 %, une baisse significative par rapport aux 3,5 % de 1963.

« Ces types de changements transformationnels se sont produits en une seule génération. Donc, l’histoire est fondamentalement que de très nombreux pays et régions sont confrontés à un certain type de problèmes qui commencent déjà à devenir plus difficiles en raison du vieillissement de la population », a déclaré Patrick Gerland à la CBC.

Selon le rapport de l’ONU, le taux de fécondité mondial est actuellement de 2,3 naissances par femme, ce qui représente une baisse considérable par rapport aux 5 naissances par femme de 1950. Ce taux devrait tomber à 2,1 d’ici 2050.

Un taux de natalité de 2,1 est le taux le plus bas nécessaire pour maintenir une population.

Si la surpopulation a dominé les débats pendant des années, la baisse des taux de natalité observée dans le monde entier a incité de nombreuses personnes à tirer la sonnette d’alarme.

L’effondrement de la population représente un risque plus élevé pour l’humanité

Lors d’une conférence en mai 2022, Elon Musk a déclaré que l’humanité devait « au moins maintenir son nombre » et que « nous n’avons pas nécessairement besoin de croître de façon spectaculaire, mais nous ne devons pas nous affaiblir progressivement. Si nous n’avons pas assez d’enfants, nous mourrons dans un gémissement (en portant) des couches pour adultes. »

Elon Musk a tweeté en août que « l’effondrement de la population dû à un faible taux de natalité est un risque bien plus grand pour la civilisation que le réchauffement climatique. »

Cependant, ces mises en garde ont été largement contestées. Alice Reid, directrice du Cambridge Group for the History of Population and Social Structure, a déclaré à Business Insider en septembre de cette année : « bien que la population soit en déclin dans certains pays en raison d’une fécondité inférieure au taux de remplacement, dans l’ensemble, la population mondiale continue de croître et devrait le faire jusqu’à la fin du siècle. »

Selon Alice Reid, la raison pour laquelle la croissance de la population sera la norme pour les décennies à venir est un phénomène connu sous le nom de « demographic momentum » (l’élan démographique).

L’élan démographique explique pourquoi une population continue de croître même lorsque les taux de fécondité diminuent. Cela se produit lorsque les taux de mortalité diminuent, que les jeunes survivent à l’enfance et qu’une population vieillissante vit plus longtemps.

Selon Wikipédia, « la dynamique démographique se produit parce que ce n’est pas seulement le nombre d’enfants par femme qui détermine la croissance de la population, mais aussi le nombre de femmes en âge de procréer. Finalement, lorsque le taux de fécondité atteint le taux de remplacement et que la taille de la population des femmes en âge de procréer se stabilise, la population atteint l’équilibre et l’élan démographique prend fin. »

Des résidents d’une maison de retraite en France. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Soutenir une population vieillissante

La préoccupation la plus immédiate de nombreux pays n’est pas tant l’augmentation de la population que son vieillissement.

Selon un rapport du National Institute On Aging, publié en partenariat avec le département d’État américain et intitulé Why Population Aging Matters, « pour la première fois dans l’histoire, et probablement pour le reste de l’histoire de l’humanité, les personnes âgées de 65 ans et plus seront plus nombreuses que les enfants de moins de 5 ans ».

D’ici à 2030 un milliard de personnes seront âgées de 65 ans ou plus

Le rapport prévoit que d’ici à 2030, un milliard de personnes - soit un habitant de la planète sur huit seront âgées de 65 ans ou plus.

Ces chiffres représentent des défis uniques pour les infrastructures et l’économie d’un pays.

Les personnes âgées travaillent moins, paient moins d’impôts et sollicitent davantage les infrastructures sanitaires d’un pays. Trouver suffisamment de personnes pour prendre soin des personnes âgées est également un défi majeur, qui s’est révélé lors de la pandémie de Covid-19. Beaucoup de personnes âgées, même dans les pays développés, ont succombé à la maladie en grande partie en raison du manque de personnel dans les maisons de santé, et d’une préparation inadéquate à la pandémie.

Une population vieillissante fait peser une lourde charge sur l’économie d’un pays

« Lorsque vous avez affaire à une population vieillissante, vous avez essentiellement affaire à des personnes qui ont traversé la période consommatrice de leur vie », a déclaré Darrell Bricker.

« La seule chose qu’ils vont consommer maintenant davantage, ce sont probablement les services de santé et les services de loisirs. Vont-ils acheter beaucoup de voitures neuves ? Non ! Vont-ils acheter cette nouvelle grande maison familiale où ils vont avoir toutes sortes de berceaux et de trotteurs pour bébés et toutes sortes d’autres choses à acheter ? La réponse est non », a ajouté Darrell Bricker.

« Je pense que nous sommes en train d’avancer comme des somnambules vers un avenir qui sera très difficile à gérer », a-t-il ajouté, « et qu’il va y avoir toutes sortes de défis auxquels nous devons commencer à réfléchir aujourd’hui ».

Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

Source : As World Population Surpasses 8 Billion, Fertility Rates Continue to Decline

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.