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Chine. Un enfant de trois ans de Lanzhou meurt après avoir été empêché d’être emmené à l’hôpital

ACTUALITÉ > Chine

Après avoir été placé sous confinement pendant des mois en raison de l’épidémie de Covid-19 à Lanzhou, la capitale de la province du Gansu, un enfant de trois ans a été victime d’une catastrophe suite aux mesures de prévention drastiques contre la pandémie, déployées par le Parti communiste chinois, provoquant une nouvelle fois une onde de choc sur Internet en Chine.

L’enfant, âgé de 3 ans, est décédé pour avoir été empêché d’être emmené à l’hôpital

Le 2 novembre, l’enfant est tombé dans le coma à la suite d’ une intoxication au monoxyde de carbone, nécessitant une intervention médicale urgente, mais les membres de la communauté lui ont refusé l’accès aux soins, ce qui a entraîné sa mort.

La nouvelle est rapidement devenue un sujet brûlant sur Sina Weibo, avant d’être hâtivement retirée. Dès le 2 novembre, les commentaires ont été bloqués les uns après les autres. En réponse, « Oncle Bing », un utilisateur de la plateforme de self-médias « 163.com », a écrit avec émotion : « Le virus n’a tué personne, mais les cœurs indifférents ont conduit à la perte des vies les unes après les autres. Les personnes décédées sont devenues le prix de la politique de prévention des épidémies. »

Après que l’opinion publique mécontente se soit insurgée en ligne, le Bureau de gestion des urgences du district de Qilihe de la ville de Lanzhou et la branche Qilihe du Bureau de la sécurité publique de Lanzhou ont publié un avis au public concernant l’incident : à 13h43 le 1er novembre, le Bureau de la sécurité publique de la ville de Lanzhou a reçu une demande d’aide du public, disant que 2 personnes s’étaient évanouies chez elles et que l’une d’entre elles concernait un enfant qui avait cessé de respirer.

Le Bureau de la sécurité publique a immédiatement envoyé des policiers sur place pour gérer la situation et a aidé à envoyer les deux personnes à l’hôpital à 13h57 pour y être soignées. L’enfant est décédé et l’autre personne a été traitée à l’hôpital et ses signes vitaux étaient stables. Selon l’enquête, l’accident a été causé par l’utilisation incorrecte d’une cuisinière à gaz liquéfié, entraînant la mort par empoisonnement au monoxyde de carbone.

Cependant, selon Caixin.com, la vérité sur la mort du garçon est très différente de ce qui a été officiellement rapporté.

Les appels d’aide échoués du père de l’enfant

Selon le rapport, les deux personnes qui ont été empoisonnées par le monoxyde de carbone concernaient un garçon de 3 ans et sa mère dans une résidence de Lanzhou confinée en raison de l’épidémie de  Covid-19. Le père a expliqué qu’aux alentours de midi le 1er novembre, après que sa femme ait utilisé la cuisinière liquéfiée pour faire bouillir de l’eau pour un bain, elle est tombée sur le sol, inconsciente, et a souffert de spasmes et de convulsions. Il a immédiatement couru pour éteindre le feu et a porté sa femme sur le lit dans la chambre à coucher pour la secourir, tout en appelant le 120, numéro d’urgence médicale chinoise, pour obtenir de l’aide, mais après avoir appelé six ou sept fois, l’appel n’a pas abouti.

Vers 12 h 20, l’enfant qui faisait une sieste dans le lit dans la chambre à coucher s’est réveillé et a demandé « Maman, qu’est-ce qui t’est arrivé ? » puis il s’est recouché sans un bruit, le père du garçon n’a pas remarqué l’anomalie à ce moment-là. Après environ 20 minutes de réanimation, le visage de sa femme a retrouvé un aspect normal et sa respiration a commencé à se stabiliser. Il a alors remarqué que l’enfant, qui semblait dormir, était également inconscient, que son visage était rouge et qu’il était incontinent. Le père a immédiatement essayé de ranimer l’enfant et a commencé à demander de l’aide dans le groupe WeChat de la résidence.

Selon les enregistrements de chat du groupe WeChat « Xinbao Feng Pharmacy Health Exchange Group », à 13h14, 13h17 et 13h29, le père de l’enfant a demandé à plusieurs reprises l’aide de ses voisins dans le groupe WeChat, demandant s’ils avaient une voiture pour aider à transporter l’enfant et disant que personne du bureau de la résidence ne gérait ses affaires.

Il est rapporté qu’aux alentours de 13h15 ce jour-là, le père s’est précipité hors de la maison avec son enfant qui respirait encore dans ses bras pour demander un traitement d’urgence dans un hôpital voisin en raison de l’absence de résultats suite aux tentatives de réanimation. Cependant, en raison de la fermeture de la résidence pour lutter contre l’épidémie, une barricade en tôle était érigée à l’entrée de la résidence et les gardes ont refusé de le laisser partir, en disant que le consentement du bureau de la résidence était nécessaire pour sortir pour un traitement médical.

Le père a alors appelé le bureau de la résidence et le 120 à plusieurs reprises, et les habitants du quartier se sont joints à lui pour aider à contacter les secours. Finalement, à 13h23, quelqu’un a réussi à joindre les urgentistes, mais après plus d’une demi-heure d’attente, l’ambulance n’était toujours pas arrivée dans la résidence. À ce moment-là, l’enfant respirait encore.

Vers 14 heures, avec l’aide de voisins, le père du garçon a escaladé les grilles et s’est précipité vers la sortie de la résidence avec son enfant. Il a demandé au personnel s’il pouvait utiliser sa voiture de toute urgence et on lui a répondu qu’il devait demander des instructions à ses supérieurs et qu’il devrait attendre une ambulance pour recevoir des soins médicaux.

Vers 14h30, le père a finalement arrêté un taxi et est arrivé à l’hôpital en 10 minutes. À peu près au même moment, l’ambulance est arrivée dans le secteur. L’équipe de l’ambulance a expliqué qu’il y avait trop peu d’ambulances et qu’il fallait beaucoup de temps pour en obtenir une de disponible. Ensuite, l’équipe d’ambulanciers a donné les premiers soins à la mère de l’enfant.

À 15 heures, l’hôpital a déclaré le décès de l’enfant. Le certificat de décès délivré par l’hôpital, qui a été diffusé sur Internet, ne précise pas que l’enfant est mort d’une « intoxication au monoxyde de carbone ».

Les captures d’écran montrent que l’enfant est né le 9 septembre 2019 et que la date de son décès est le 1er novembre. Le compte rendu de l’enquête sur le décès indique : « Le visage de l’enfant était recouvert par l’oreiller en raison du choc et du manque de surveillance, et l’enfant a été retrouvé tout pâle après environ une demi-heure » et : « la famille a pratiqué la réanimation cardio-pulmonaire par elle-même pendant environ une demi-heure, a contacté les autorités compétentes et s’est rendue à notre hôpital». La cause présumée du décès est « un arrêt respiratoire et cardiaque dû à une asphyxie ».

La cause réelle de la tragédie délibérément cachée par le gouvernement chinois

Mais d’après la description faite plus tard par le père, l’hôpital a pu examiner à nouveau l’enfant et dire qu’il s’agissait d’une intoxication au monoxyde de carbone, « Mais ce qui en a résulté, était-ce une mort immédiate ? ». Le père, perplexe, a fait remarquer que le couple était normal dans la maison au moment de l’incident et que lui-même n’avait rien senti. « Ils ont dit que mon enfant était mort d’une intoxication au monoxyde de carbone, et j’ai pu accepter cela, accepter l’accident. Mais ce que je ne peux pas accepter, c’est que pendant que je demandais de l’aide en essayant de joindre le 120 ou le bureau de la résidence, personne ne s’est soucié de nous. »

« Je crois personnellement que mon enfant a été indirectement tué par (le gouvernement) », a déclaré le père de l’enfant dans une interview ultérieure avec Reuters, ajoutant que l’enfant a été victime d’une catastrophe secondaire de prévention des épidémies.

Selon des informations circulant en ligne, après l’incident, le gouvernement chinois a « " saisi " le corps de l’enfant » et a demandé à la famille d’affirmer qu’il s’agissait d’une intoxication au gaz et non d’une mort accidentelle due aux mesures de prévention excessive « avant de le rendre ». En outre, le père de l’enfant a été violemment battu par la police, et un grand nombre de policiers armés de boucliers sont arrivés sur les lieux pour affronter les résidents.

Après le décès du petit garçon, sa famille a révélé qu’elle avait été contactée en privé par l’ancien chef du bureau de la résidence ou d’une agence sociale, qui lui a offert 100 000 RMB (12 000 euros environ) de compensation personnelle et lui a demandé de signer un accord pour ne pas tenir la résidence pour responsable.

La police anti-émeute est rapidement arrivée dans le quartier la nuit de la mort de l’enfant pour empêcher les protestations des habitants de la résidence, déclenchant la colère de ces derniers. Les résidents ont demandé pourquoi la police avait pu arriver en si peu de temps et pourquoi les ambulances avaient tant traîné. Ils ont demandé pourquoi le gouvernement avait ignoré la vie de l’enfant en danger alors que le confinement était censé protéger le peuple.

Plusieurs voisins vivant dans le même quartier ont également dit que la résidence était fermée depuis le 1er octobre dernier. Ils ont parlé de la difficulté de la résidence à accéder au matériel et aux urgences médicaux, et que les urgences n’avaient pas été traitées en temps utile, ce qui a finalement conduit à la tragédie.

Sur la plateforme chinoise de médias sociaux WeChat, certains internautes ont relayé l’information, affirmant que l’épidémie en est à sa troisième année et que de telles tragédies continuent de se produire parce que la prévention de l’épidémie empêche l’accès aux soins médicaux, déplorant que l’enfant décédé n’avait « jamais vu le monde sans masque » et que « trois années d’épidémie ont été toute la vie de ce garçon ».

Après tous ces traitements anti-humains pendant l’épidémie, les Chinois ont fini par enrager et ont osé laisser des commentaires publics sur Internet, s’indignant que la Chine est le pays où les droits de l’homme sont les plus mal respectés et disant qu’ils avaient enfin compris pourquoi les jeunes de Hong Kong avaient combattu si courageusement il y a quelques années.

Rédacteur Yi Ming

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