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Culture. Rose Valland : l’espionne qui a sauvé des œuvres d’art inestimables enlevées par les nazis

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L’histoire est jonchée d’actes héroïques réalisés par des femmes. Rose Valland, une espionne d’art française, mérite sa place parmi ces héroïnes. Historienne de l’art, elle est devenue une espionne pour sauver des milliers de tableaux du vol par les nazis. Elle était l’une des personnes courageuses qui ont travaillé avec plusieurs restaurateurs d’art pour récupérer plusieurs chefs-d’œuvre.


Rose Valland : la femme-monument

Rose Valland est née à Saint-Etienne de Saint-Geoirs en 1898. Au cours de sa vie, elle a obtenu deux diplômes de l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon et de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Elle était également diplômée en histoire de l’art de la Sorbonne et de l’Ecole du Louvre à Paris.

Malgré ce succès, elle a d’abord travaillé comme bénévole au musée du Jeu de Paume de 1932 à 1936. Ce n’est qu’en 1941 qu’elle prend en charge le musée en tant qu’attachée rémunérée avant d’être promue assistante.

Les nazis prennent possession du musée du Jeu de Paume en octobre 1940. Hitler est obsédé par la création de son musée, le Fuhrermuseum. Il voulait uniquement exposer « l’art aryen supérieur » et détruire tout « art dégénéré », en particulier ceux créés par les Juifs et les Bolcheviks.

Lorsque les Allemands se sont emparés du musée pendant l’occupation de Paris (1940-1944), ils ont éloigné tout le personnel français. Ils ne voulaient pas que quelqu’un soit témoin de leur pillage d’art. Mais Rose Valland, considérée comme une femme modeste et « moyenne », n’a pas été renvoyée.

Tout d’abord, les nazis allaient priver le peuple français de ses droits et de sa nationalité. Leurs collections d’art étaient considérées comme « abandonnées ». (Image : wikimedia / Theo Matejko / Domaine public)

Une femme courageuse qui espionnait sous le nez des fonctionnaires nazis

Lorsque tout le monde a reçu l’ordre de partir, sauf Rose Valland, le directeur de l’époque, Jacques Jaujard, lui a demandé de faire un rapport sur les activités des nazis.

Rose Valland a alors intelligemment espionné les conversations des nazis, enregistrant tous les trajets en train des œuvres d’art volées. Sa personnalité discrète et sa capacité à cacher qu’elle comprenait l’allemand, lui ont permis d’obtenir des informations capitales. Elle transmettait ensuite ses notes à Jacques Jaujard.

Hitler et son commandant en second, Hermann Goering, étaient des collectionneurs d’art pugnaces. De plus, ils volaient des œuvres d’art sous couvert de légalité. Tout d’abord, les nazis allaient priver le peuple français de ses droits et de sa nationalité. Une fois relégués au rang de citoyens de seconde zone, leurs collections d’art étaient considérées comme « abandonnées ».

Hitler se désignait alors comme le « protecteur » de ces œuvres d’art et les envoyait dans son musée ou au château de Goering. Le Jeu de Paume est devenu le point de collecte de ces œuvres d’art volées. Par la suite, ces œuvres d’art seront transportées vers le Troisième Reich en Allemagne.

Mais plongés dans tout leur butin, Hitler et Goering avaient oublié cette héroïne courageuse. Pendant quatre ans, elle a pris des notes méticuleuses de leurs activités. Elle notait ce qui était volé, le propriétaire et la destination de l’objet volé.

Elle devait également cacher son mépris pour Goering. Elle le décrira plus tard comme une personne « combinant somptuosité et avarice ». Au cours de ces quatre années, Goering s’est rendu vingt fois au Jeu de Paume pour choisir personnellement « ses » pièces d’art.

Plaque commémorative de l’action de Rose Valland sur le mur de la Galerie nationale du Jeu de Paume. (Image : wikimedia / TCY / CC BY-SA 3.0)

La destruction des tableaux par les nazis

Une fois que les nazis ont occupé Paris, ils ont commencé à brûler des peintures et des livres d’« art dégénéré ». Plusieurs tableaux d’art juif qui n’étaient pas dignes de l’équipe spéciale du Reichsleiter Rosenberg (ERR) ont été détruits. Les œuvres d’art qui ne répondaient pas aux critères d’Hitler étaient soit incendiées, soit défigurées à l’aide de couteaux.

Rose Valland a décrit plus tard ces œuvres d’art comme des « œuvres d’art massacrées ». À Paris, les nazis ont également mis de côté trois salles du Louvre pour conserver les pièces d’art volées. « J’ai vu des tableaux qui ont été jetés dans le Louvre comme dans une décharge », se rappellera-t-elle plus tard.

Parmi les tableaux détruits figuraient des œuvres de Picasso, Klee et Miro, entre autres. En outre, près de 600 tableaux ont été incendiés.

Rose Valland et les Monuments Men

Lorsque les Alliés ont libéré Paris, les Monuments Men ont été chargés de sauver des milliers d’œuvres d’art pillées. Le lieutenant James J. Rorimer était l’officier dirigeant le groupe à Paris.

Rose Valland a fourni à James J. Rorimer une carte des œuvres d’art. Elle a permis d’éviter la destruction d’œuvres d’art en révélant aux Alliés les lieux où plusieurs chefs-d’œuvre étaient entreposés. La carte contenait également des détails sur les propriétaires ainsi que les noms et les photos des responsables nazis impliqués. Grâce à son aide, les Monuments Men ont pu récupérer et rendre tous ces chefs-d’œuvre à leurs propriétaires légitimes.

Rose Valland a reçu plusieurs récompenses et reste l’une des femmes les plus décorées de France. Dans son projet, James Rorimer a dit de Rose Valland : « Une personne avant toutes les autres nous a permis de retrouver les pilleurs d’art nazis officiels et s’est engagée intelligemment dans cet aspect ».

Elle a peut-être été oubliée, mais Rose Valland fait partie des femmes les plus courageuses de l’histoire.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : Rose Valland: The Spy Who Saved Priceless Artwork From the Nazis
www.nspirement.com

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