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Monde. La Covid-19 pourrait s’être échappée du laboratoire P4 de Wuhan

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La théorie couramment évoquée, mais difficile à vérifier, avance que l’épidémie du nouveau coronavirus aurait commencé lorsque l’agent pathogène s’est échappé des limites de l’installation de recherche biologique de haute sécurité du laboratoire P4 de Wuhan. (Image : Gerd Altmann / Pixabay)
 

Plusieurs chercheurs du laboratoire de haute sécurité de Wuhan, l’Institut de virologie de Wuhan, ont développé des symptômes liés à la Covid-19 des mois avant que les autorités chinoises n’annoncent l’épidémie fin 2019, selon une fiche d’information publiée par le département d’État américain, datée du vendredi 15 janvier au soir.

L’annonce ajoute du poids à une théorie couramment évoquée mais difficile à vérifier selon laquelle l’épidémie du nouveau coronavirus aurait commencé lorsque l’agent pathogène s’est échappé des limites de l’installation de recherche biologique de haute sécurité, plutôt que de se transmettre naturellement des animaux aux humains.

« Tout pays responsable aurait invité des enquêteurs de la santé mondiale dans les jours suivant une épidémie, comme cela aurait dû être le cas à Wuhan », a déclaré le département d’État. « Au lieu de cela, la Chine a refusé les propositions d’aide - y compris celle des États-Unis - et puni les courageux médecins, les scientifiques et les journalistes chinois qui tentaient d’alerter le monde sur les dangers du virus. »

Ceci intervient également alors que l’Organisation mondiale de la santé commence son enquête sur place, longtemps retardée, sur le virus SRAS-CoV-2 et ses origines en Chine. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré que son département mettait à disposition « les nouvelles informations concernant les activités dans les laboratoires du gouvernement chinois en 2019 » afin d’aider l’OMS dans ses efforts.

Selon Mike Pompeo, Washington « a des raisons de croire que plusieurs chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan sont tombés malades à l’automne 2019, avant le premier cas identifié de l’épidémie ».

Que les employés aient souffert de symptômes compatibles avec la Covid-19 « soulève des questions sur la crédibilité de la chercheuse principale de l’Institut de virologie de Wuhan, Shi Zhengli », qui a affirmé un taux de « zéro infection » parmi le personnel et les étudiants du laboratoire.

Ni transparent ni cohérent

Selon les rapports officiels chinois, les premiers cas connus de Covid-19 sont apparus en décembre 2019. Cependant, les autorités du Parti communiste ont muselé les premiers rapports sur le virus, affirmant pendant des semaines qu’il n’y avait aucune preuve qu’il puisse se transmettre chez les humains. Le dirigeant chinois Xi Jinping et d’autres responsables n’ont admis la transmission interhumaine que le 20 janvier 2020, après les déplacements en masse lors du Nouvel An chinois, et que plusieurs cas aient été confirmés à l’étranger.

Un laboratoire classé P4 abrite des éléments de haute dangerosité. Une protection maximale est exigée pour manipuler des germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4). (Image : wikimedia / United States Army Medical Research Institute of Infectious Diseases / Domaine public)
un laboratoire classé P4 abrite des éléments de haute dangerosité. Une protection maximale est exigée pour manipuler des germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4). (Image : wikimedia / United States Army Medical Research Institute of Infectious Diseases / Domaine public)
 

Les autorités chinoises ont initialement affirmé que le coronavirus aurait été transmis naturellement de l’animal à l’homme,et que ce serait peut-être dû aux conditions insalubres sur un marché humide de Wuhan, situé dans la province centrale du Hubei.

Le département d’État a déclaré que l’Institut de virologie de Wuhan faisait des recherches sur les coronavirus similaires au SRAS-CoV-2 depuis au moins 2016. Mike Pompeo a déclaré que l’Institut, qui est le seul centre de recherche biologique de niveau de sécurité P4 en Chine, ne s’est pas manifesté au sujet de son étude des pathogènes, et que les liens existant entre cet institut et l’armée chinoise le rendaient particulièrement suspect.

« Depuis l’épidémie, l’Institut de virologie de Wuhan n’a été ni transparent ni cohérent sur son travail avec le coronavirus RaTG13 ou d’autres virus semblables, y compris d’éventuelles expériences de " gain de fonction " pour améliorer la transmissibilité ou la létalité.»

« Bien que l’Institut de virologie de Wuhan se présente comme une institution civile, il a collaboré à des publications et à des projets secrets avec l’armée chinoise. Depuis au moins 2017, il s’est engagé dans des recherches classifiées, y compris des expériences sur des animaux de laboratoire, au nom de l’armée chinoise », a déclaré le département d’État.

Selon la fiche d’information, le Parti Communiste Chinois (PCC) continue de « retenir des informations vitales nécessaires aux scientifiques pour protéger le monde contre ce virus mortel et le suivant ».

Au 16 janvier, la pandémie a affecté près de 100 millions de personnes dans le monde avec plus de 2 millions de morts.

La politique des coronavirus et le laboratoire P4 de Wuhan

La présence de l’Institut de virologie dans la même ville où les infections par le SRAS-CoV-2 ont été enregistrées pour la première fois a alimenté de nombreuses spéculations depuis le début de la pandémie.

En mai dernier, Mike Pompeo a déclaré que les agences de renseignement américaines avaient « des preuves solides » suggérant que le laboratoire serait à l’origine du virus, mais elles n’ont pas donné de détails à l’époque.

L’analyste chinois Bill Bishop a tweeté le 15 janvier que, selon une source, l’initiative d’exposer les liens entre le coronavirus et l’Institut de virologie de Wuhan irait au-delà de Mike Pompeo, qui quitte ses fonctions le 20 janvier avec le reste de l’administration Trump.

« Ce sera intéressant si et comment l’équipe Biden donne suite à ces allégations », a déclaré Bill Bishop.

Au 16 janvier, la pandémie a affecté près de 100 millions de personnes dans le monde avec plus de 2 millions de morts. (Image : Gerd Altmann / Pixabay)
Au 16 janvier, la pandémie a affecté près de 100 millions de personnes dans le monde avec plus de 2 millions de morts. (Image : Gerd Altmann / Pixabay)
 

Les normes de sécurité dans les installations chinoises sont suspectes. La fiche d’information du département d’État note qu’en 2009, le virus du SRAS a été accidentellement libéré d’un laboratoire de Pékin étudiant le coronavirus qui s’est propagé de Chine à travers le monde en 2002 et 2003 et a tué plus de 10 000 personnes.

Un rapport spécial publié en mai dernier par le cabinet de conseil sur les risques politiques en Chine, SinoInsider, après l’examen des preuves disponibles et la réaction du PCC au Covid-19, a conclu qu’il y avait une forte possibilité que l’agent pathogène se soit échappé du laboratoire de bio-recherche P4 de Wuhan, en Septembre 2019.

Le rapport SinoInsider, qui se concentre sur les effets de la pandémie dans les cercles politiques de l’élite chinoise, note plusieurs coïncidences suspectes. Il s’agit notamment de la tenue d’exercices concernant la libération accidentelle d’un coronavirus à l’aéroport international de Wuhan Tianhe en septembre 2019 et de l’augmentation soudaine de la valeur de l’action de CanSino Biologics Inc., une société pharmaceutique cotée à Hong Kong.

En mars 2020, CanSino Biologics a annoncé qu’elle développait un vaccin contre le SRAS-CoV-2. Le major général de division militaire chinoise Chen Wei et son équipe de chercheurs, qui avaient été envoyés à Wuhan, ont dirigé le développement du vaccin.

Selon l’économiste chinois Wang Hao, basé à Taiwan, l’un des quatre actionnaires majoritaires de CanSino Biologics est devenu membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois en mars 2018. Les recherches du major général Chen sur le vaccin ont pu commencer en septembre ou octobre 2019 , avec des fonctionnaires bien informés du PCC faisant grimper le cours de l’action de CanSino Biologics en fournissant à l’entreprise un afflux d’investissements.

Rédacteur Nello Tinazzo

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