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Monde. États-Unis : une ferme agricole accusée d’embaucher des immigrants blancs plutôt que des travailleurs noirs américains

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Six ouvriers travaillant dans des exploitations agricoles du Mississippi ont intenté une action en justice contre des propriétaires d’exploitations pour avoir embauché des immigrants blancs plutôt que des travailleurs noirs américains, dans le cadre d’un programme de visa H-2A.

Selon ces ouvriers, les exploitants ont embauché ces immigrants blancs pour un même travail en les rémunérant davantage, ce qui constitue une violation de la loi fédérale.

L’action en justice a été déposée par le Mississippi Center for Justice and Southern Migrant Legal Services (Centre du Mississippi pour la justice et les services juridiques des migrants du sud) devant le tribunal de district des États-Unis pour le district nord du Mississippi le 10 novembre. Le défendeur de l’affaire est Pitts Farm Partnership, l’une des plus grandes exploitations agricoles du Mississippi. L’exploitation cultive du soja, du maïs et du coton dans le comté de Sunflower, dans le delta du Mississippi.

Selon l’action en justice, l’exploitation a violé les règlements du programme de visas pour les travailleurs étrangers, qui exige un traitement égal entre les travailleurs américains et les immigrants. Elle a demandé l’octroi d’un montant non spécifié à titre de dommages-intérêts, y compris l’argent que les six Noirs américains n’ont pas reçu en raison de la différence des taux de rémunération par rapport aux travailleurs étrangers titulaires d’un visa.

Le programme H-2A

Dans le cadre du programme, les exploitants agricoles agréés H-2A sont autorisés à employer un certain nombre de travailleurs étrangers. Le visa H‐2A pour les travaux agricoles est limité à un séjour de trois ans, suivi d’une période de trois mois hors des États-Unis, avant qu’un nouveau visa ne puisse être délivré. Les familles des travailleurs titulaires du visa H-2A peuvent venir aux États-Unis en utilisant des visas H-4.

Les plaignants affirment que quatre d’entre eux ont effectué des travaux agricoles dans l’exploitation de février à novembre, pour lesquels ils ont été payés au salaire minimum standard de 7,25 dollars de l’heure en semaine et de 8,25 dollars de l’heure le week-end. Pendant ce temps, les travailleurs immigrés d’Afrique du Sud auraient été payés près de 12 dollars de l’heure.

S’adressant à Reuters, Amal Bouhabib, du Southern Migrant Legal Services, a déclaré que le programme H-2A avait été créé à l’origine pour résoudre les pénuries de main-d’œuvre constatées localement en faisant appel à des travailleurs étrangers. « Il ne permet pas aux agriculteurs de payer leur main-d’œuvre américaine moins que les travailleurs étrangers, ni de remplacer les travailleurs américains désireux et capables », a déclaré Amal Bouhabib.

Plus de 213.000 titulaires de visas étrangers ont été introduits aux États-Unis à partir de 2020 pour travailler dans les exploitations agricoles américaines. Cela représente une augmentation de 1200% en termes de délivrance de visas H-2A par rapport à 1997, année où environ 16 000 travailleurs étrangers ont été recrutés pour travailler dans des exploitations agricoles américaines en raison d’une pénurie de main-d’œuvre.

Pitts Farms a violé la Loi fédérale sur la Protection des travailleurs agricoles migrants et saisonniers (AWPA) en payant davantage les immigrants blancs détenteurs de visas H-2A, que les ouvriers noirs américains, pour un même travail.

Ty Pinks, qui travaille pour le Centre pour la justice du Mississippi, a déclaré qu’il était « inacceptable et illégal » que ces agriculteurs accueillent des travailleurs étrangers à un salaire plus élevé, compte tenu du chômage qui sévit dans la région du delta du Mississippi.

« Malheureusement, cette affaire est emblématique d’une tendance désastreuse dans le Sud. Nos recherches indiquent que les propriétaires d’exploitations agricoles abusent de plus en plus du programme H-2A et refusent des opportunités aux travailleurs américains. Cette affaire reflète également la profonde et terrible histoire de notre nation en matière d’exploitation du travail des Noirs. Pendant trop longtemps, des entreprises puissantes ont abusé des Noirs américains dans un but lucratif », a déclaré Ty Pinks dans un communiqué de presse.

Le procès a dénoncé que l’exploitant agricole avait embauché un superviseur blanc qui confiait aux employés leurs tâches quotidiennes et avait le pouvoir d’embaucher et de licencier des travailleurs. Le superviseur blanc aurait utilisé des insultes racistes envers les employés noirs. Pitts Farm en aurait été informé mais n’aurait rien fait.

L’administration Biden a décidé d’ajouter de nouveaux pays, dont la Bosnie-Herzégovine, la République de Chypre, l’île Maurice, Haïti et Sainte-Lucie, à la liste des pays éligibles aux programmes H-2A.

Rédacteur Fetty Adler

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