Les leçons de l’allégorie de la caverne, ou caverne de Platon, restent pertinentes dans la société moderne et se rapportent à la prévalence des fake news. (Image : wikimedia / Kosths / CC BY-SA 4.0)
Si quelqu’un disait que notre société est semblable à un groupe de prisonniers dans une grotte observant des ombres et croyant que ces ombres sont des objets réels, seriez-vous d’accord avec lui ? Penseriez-vous que cette personne divague ? Mais vous ne penseriez certainement pas à l’allégorie de la caverne de Platon.
Pourtant, c’est exactement ce qu’a suggéré Platon, l’un des philosophes et penseurs les plus connus au monde, dans son histoire emblématique, l’allégorie de la caverne, qui se trouve dans le Livre VII de La République.
L’histoire aborde les thèmes de l’ignorance, du pouvoir de la connaissance et de l’étroitesse d’esprit. C’est pourquoi, bien qu’elle ait été écrite il y a environ 2 400 ans, les leçons de l’allégorie de la caverne, ou la caverne de Platon, restent pertinentes dans la société moderne et se rapportent à la prévalence des fake news (ou fausses nouvelles).
L’allégorie de la caverne de Platon, qui a été acclamée, reflète le fait que la société peut être victime d’une ignorance aveugle et les dangers d’un manque d’esprit critique.
« [Socrate] Et maintenant regarde encore, et vois ce qui s’ensuivra naturellement si les prisonniers sont libérés et désabusés de leur erreur. Au début, quand l’un d’entre eux est libéré (…) il sera incapable de voir les réalités ». Extrait du Livre VII de La République de Platon, 380. (Image : wikimedia / Jan Saenredam / Domaine public)
L’allégorie de la caverne expliquée
Une allégorie est un support narratif qui transmet un sens caché, ou déguisé. Elle est destinée à être interprétée afin de voir l’histoire pour ce qu’elle essaie de dire ou de représenter. Dans l’allégorie de la caverne, Platon raconte un dialogue entre deux personnages : Socrate (son maître) et Glaucon (son frère).
La vie dans la caverne et les ombres
Dans le récit, Socrate demande à Glaucon d’imaginer un groupe de personnes emprisonnées dans une caverne. Ils y sont depuis leur naissance et n’ont jamais quitté la grotte froide et humide pour sortir. De plus, ils sont enchaînés, face à un mur, incapables de tourner la tête ou de marcher librement. La seule source de lumière provient d’un feu situé derrière eux.
Entre les prisonniers et le feu se trouve une allée surélevée où passent de temps en temps des personnes appelées marionnettistes. Ils portent des objets, des figures d’animaux et d’autres éléments qui projettent une ombre sur le mur.
Les prisonniers voient ces ombres vacillantes et les classent, croyant fermement que ce qu’ils voient devant eux sont des objets réels et non une simple projection d’ombre. Les nuages sont leur réalité et tout ce qu’ils savent de la vie.
Découvrir l’extérieur
Platon lance ensuite l’idée que l’un des prisonniers peut sortir. L’ancien troglodyte découvrirait pour la première fois la lumière naturelle du soleil, ce qui lui ferait mal aux yeux. Ce nouvel environnement le désoriente d’abord, mais au fur et à mesure qu’il s’adapte, il partage la réalité qui l’entoure, ne découvrant que les objets qu’il connaissait auparavant comme des ombres.
Dans l’allégorie de la caverne, le soleil représente la raison, les prisonniers sont les masses qui n’ont pas l’esprit critique et ne croient qu’en leur perception, et le prisonnier qui s’est échappé de la caverne est une personne éclairée qui tente d’éduquer les ignorants qui vivent loin de la vérité. (Image : wikimedia / 4edges / CC BY-SA 4.0)
Partager la vérité et être rejeté
Fort de sa découverte, il retourne à la grotte pour l’annoncer à ses compagnons. Cependant, le passage de la clarté à l’obscurité l’empêche de voir les ombres, ce qui le fait passer pour un idiot et un inintelligent aux yeux des prisonniers.
Malgré ses tentatives pour leur parler du soleil, des arbres et des objets à l’extérieur, les autres prisonniers se moquent de lui et traitent ses idées de ridicules. Ils pensent que le voyage l’a rendu aveugle et qu’il ne fait que débiter des absurdités. Lorsqu’il continue à leur expliquer que les ombres ne sont que des ombres, ils s’énervent de plus en plus et complotent pour le tuer.
La vérité et la façon dont les gens l’acceptent ou non
Dans l’allégorie de la caverne, le soleil représente la raison, les prisonniers sont les masses qui n’ont pas l’esprit critique et ne croient qu’en leur perception, et le prisonnier qui s’est échappé de la caverne est une personne éclairée qui tente d’éduquer les ignorants qui vivent loin de la vérité.
La société actuelle ressemble à la caverne et à ses prisonniers. Les médias de masse et l’internet ont facilité la diffusion de n’importe quel contenu, même de choses qui ne sont pas vraies ou qui ne sont que des demi-vérités. Sans un bon esprit critique, les médias peuvent créer de fausses perceptions. Ce que vous croyez être la vérité peut être une projection, comme les ombres dans la grotte.
En 2016, un homme armé a pris d’assaut une pizzeria, pensant qu’elle abritait des esclaves sexuels juvéniles, tout cela à cause d’un article conspirationniste sur Internet. De tels cas soulignent l’importance de tout remettre en question et montrent qu’avec une bonne éducation et une pensée critique, la société peut se libérer de ses chaînes et se rapprocher de la vérité.
La société actuelle ressemble à la grotte et à ses prisonniers. Les médias de masse et Internet ont facilité la diffusion de n’importe quel contenu, même de choses qui ne sont pas vraies ou qui ne sont que des demi-vérités. (Image : NoName_13 / Pixabay)
Pendant ce temps, certains s’entêtent à accepter de nouvelles perceptions au point de devenir hostiles à ceux qui tentent de mettre en évidence leur ignorance. L’allégorie de la caverne nous rappelle de ne pas croire uniquement aux ombres, mais de chercher à explorer la vérité à l’extérieur de la caverne.
