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Bien-être. Schizophrénie : prémices dévoilés par l’imagerie cérébrale

SANTÉ > Bien-être

Les neuroscientifiques découvrent des connexions cérébrales anormales pouvant prédire l’apparition d’épisodes psychotiques. (Image : Geralt / Pixabay) 
 

La schizophrénie, trouble cérébral qui produit des hallucinations, des délires et des troubles cognitifs, frappe généralement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Bien que certains signes puissent suggérer qu'une personne présente un risque élevé de développer le trouble, il n’y a aucun moyen de le diagnostiquer de façon définitive avant le premier épisode psychotique.

Des neuroscientifiques du MIT (Massachusetts Institute of Technology-USA) travaillant avec des chercheurs du Beth Israel Deaconess Medical Center, du Brigham and Women’s Hospital et du Shanghai Mental Health Center, ont maintenant identifié un shéma d’activité cérébrale lié au développement de la schizophrénie qui pourrait servir de marqueur pour le diagnostic précoce de la maladie. Guusje Collin, scientifique invitée au McGovern Institute for Brain Research du MIT, et auteure principale de l’article, a déclaré : « Vous pouvez considérer cette tendance comme un facteur de risque. Si nous utilisons ces types de mesures cérébrales, nous pouvons peut-être prédire un peu mieux qui sera susceptible de développer une psychose, et cela peut aussi servir de guide dans le cas d’interventions ».

L’étude, qui paraît dans la revue Molecular Psychiatry, a été réalisée au Shanghai Mental Health Center. Susan Whitfield-Gabrieli, scientifique invitée au McGovern Institute et professeure de psychologie à la Northeastern University, est l’une des chercheuses principales de l’étude, avec Jijun Wang du Shanghai Mental Health Center, William Stone du Beth Israel Deaconess Medical Center, feu Larry Seidman du Beth Israel Deaconess Medical Center et Martha Shenton du Brigham and Women’s Hospital.

Connexions anormales

Avant de vivre un épisode psychotique, caractérisé par des changements soudains de comportement et une perte de contact avec la réalité, les patients peuvent éprouver des symptômes plus légers comme des troubles de la pensée. Ce type de réflexion peut conduire à des comportements tels que sauter d’un sujet à un autre au hasard (sauter du coq-à-l’âne), ou donner des réponses sans rapport avec la question initiale. Des études antérieures ont montré qu’environ 25 pour cent des personnes qui éprouvent ces symptômes précoces développent une schizophrénie.

L’équipe de recherche a réalisé l’étude au Centre de santé mentale de Shanghai car le nombre considérable de patients se rendant à l’hôpital chaque année, leur donnait un échantillon suffisamment important de personnes présentant un risque élevé de développer la schizophrénie. Les chercheurs ont suivi 158 personnes, âgées de 13 à 34 ans, identifiées à haut risque en raison de symptômes précoces. L’équipe comprenait également 93 sujets témoins, ne présentant aucun facteur de risque.

Au début de l’étude, les chercheurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour mesurer un type d’activité cérébrale impliquant des « réseaux de l’état de repos ». ces réseaux sont constitués de régions du cerveau qui se connectent et communiquent entre elles de préférence lorsque le cerveau n’effectue aucune tâche cognitive particulière. Whitfield-Gabrieli a déclaré : « Nous voulions examiner l’architecture fonctionnelle intrinsèque du cerveau pour voir si nous pouvions détecter une connectivité cérébrale aberrante précoce ou des réseaux chez des personnes se trouvant dans la phase clinique à haut risque de la maladie. »

Un an après les scanners initiaux, 23 des patients à risque élevé avaient vécu un épisode psychotique et avaient reçu un diagnostic de schizophrénie. Dans les scanners de ces patients, effectués avant le diagnostic, les chercheurs ont trouvé un modèle d’activité différant de celui des sujets témoins en bonne santé et des sujets à risque mais n’ayant pas développé de psychose.

Par exemple, chez la plupart des gens, une partie du cerveau appelée gyrus temporal supérieur, impliquée dans le traitement auditif, est fortement connectée aux régions du cerveau impliquées dans la perception sensorielle et le contrôle moteur. Cependant, chez les patients ayant développé une psychose, le gyrus temporal supérieur est devenu plus connecté aux régions limbiques, qui sont impliquées dans le traitement des émotions.

D’après les chercheurs, cela pourrait aider à expliquer pourquoi les patients atteints de schizophrénie souffrent généralement d’hallucinations auditives. Pendant ce temps, les sujets à risque élevé qui n’ont pas développé de psychose ont montré une connectivité réseau presque identique à celle des sujets sains.

Intervention précoce

Ce type d’activité cérébrale distinctive pourrait être utile en temps qu’indicateur précoce de la schizophrénie, d’autant plus qu’il est possible de l’observer chez des patients encore plus jeunes. Les chercheurs réalisent maintenant des études similaires auprès de populations à risque plus jeunes, notamment des enfants ayant des antécédents familiaux de schizophrénie. Whitfield-Gabrieli a déclaré : « Cela montre vraiment comment nous pouvons traduire cela cliniquement, parce que nous pouvons intervenir de plus en plus tôt pour identifier les réseaux aberrants, dans l’espoir de pouvoir effectuer des interventions plus tôt, et peut-être même de prévenir les troubles psychiatriques. »

Elle et ses collègues, testent maintenant des interventions précoces, telles que la thérapie cognitivo-comportementale et la rétroaction neuronale, qui pourraient aider à combattre les symptômes de la schizophrénie. L’approche par rétroaction neuronale consiste à amener les patients à utiliser la méditation de pleine conscience pour réduire l’activité dans le gyrus temporal supérieur, qui tend à augmenter avant et pendant les hallucinations auditives.

Les chercheurs ont également l’intention de continuer à suivre les patients de la présente étude. Ils analysent actuellement quelques données supplémentaires sur les connexions de la substance blanche dans le cerveau de ces patients afin de déterminer si ces connexions pourraient générer des différences supplémentaires qui pourraient également servir d’indicateurs précoces de la maladie.
 

Fourni par : Anne Trafton, Massachusetts Institute of Technology (Note : Le contenu et la longueur des documents peuvent être modifiés)
 

Rédacteur Fetty Adler

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