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Histoire. Retour sur la butte Montmartre d’hier et d’aujourd’hui

FRANCE > Histoire

Fort appréciée des Parisiens, plébiscitée par les visiteurs du monde entier, la butte Montmartre située au nord de Paris est un quartier incontournable. D’où provient l’attractivité qui caractérise ce site ? Essayons de trouver quelques éléments de réponse.

Quelle est l’origine du nom « Montmartre » ?

L’origine serait double :

  • Mons martis, le « mont de Mars » : les fouilles archéologiques laissent entendre qu’à l’époque gallo-romaine il existait sur la butte Montmartre un temple consacré probablement au culte de Mars, le dieu de la guerre. Un autre temple attribué au culte de Mercure, le dieu du commerce, se trouvait à proximité.
  • Mons martyrum, le « mont des martyrs ». Selon la légende au IIIe siècle, saint Denis, premier évêque de Paris, y subit le martyr avec ses compagnons le prêtre Rustique et le diacre Éleuthère. Décapité sa tête aurait été transportée jusqu’à l’endroit correspondant à l’emplacement de l’actuelle cathédrale de Saint-Denis. Une rue appelée « rue des Martyrs » conduit à la butte Montmartre. En outre, le mot martre, tiré de l’ancien français signifie « martyr ».
La basilique du Sacré-Cœur abrite la plus grande mosaïque de France avec une superficie de 480 m² environ. (Image : wikimedia / Didier B (Sam67fr) / CC BY-SA 2.5)

Montmartre, ancré dans la tradition religieuse

Dès l’origine, la butte Montmartre semblait montrer des prédispositions pour le sacré. Plusieurs édifices religieux font la renommée de cette colline :

- L’Église Saint-Pierre de Montmartre

Située au sommet de la butte, l’église Saint-Pierre de Montmartre compte parmi les plus anciennes églises de Paris. Louis VI le Gros et son épouse la reine Adélaïde de Savoie ayant acquis le domaine de Montmartre en 1133 fondent l’abbaye royale des moniales bénédictines. L’église Saint-Pierre de Montmartre est consacrée solennellement en 1147 par le pape Eugène III. Elle accueille dans sa partie orientale les moniales et dans sa partie occidentale les paroissiens. L’abbaye est détruite à la Révolution tandis que l’église échappe au délabrement. Restaurée à la fin du XIXe siècle, l’église est rendue au culte. Elle représente actuellement le deuxième haut lieu de culte sur la butte Montmartre.

- Le Sacré-Cœur

Lieu emblématique de Paris, la basilique du Sacré-Cœur à partir de son dôme majestueux en pierre blanche permet de découvrir une vue panoramique sur la Ville Lumière. Elle abrite la plus grande mosaïque de France avec une superficie de 480 m² environ. C’est aussi le point culminant de Paris avec une hauteur avoisinant les 130 m. Les événements de la Commune de Paris éclatèrent en 1871 sur les hauteurs de Montmartre. La basilique du Sacré-Cœur aurait été construite pour « expier » les fautes commises par les insurgés communards.

« Nous promettons de contribuer à l’érection à Paris d’un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus. », avait écrit, en janvier 1871, Alexandre Legentil, un philanthrope influent issu de la grande bourgeoisie. La construction de l’église est déclarée d’utilité publique par la loi du 24 juillet 1873 votée sous l’impulsion de ce fervent catholique. Le Sacré-Coeur, premier haut lieu de culte sur la butte Montmartre est l’édifice religieux le plus visité à Paris après Notre-Dame. Pas moins de 11 millions de touristes s’y côtoient chaque année.

- L’Église Saint-Jean de Montmartre

Cette église édifiée entre 1894 et 1904 se trouve à la Place des Abbesses. C’est l’œuvre de l’architecte Anatole de Baudot, élève de Viollet-Le-Duc. Elle a été construite pour remplacer l’Église Saint-Pierre de Montmartre devenue trop petite. Inspirée de l’Art Nouveau perceptible dans ses courbes et arabesques, elle fut la première église construite en béton armé, matériau utilisé essentiellement à l’intérieur du bâtiment. Le Ministère des Cultes opposé à ces idées novatrices alla jusqu’à ordonner sa démolition pour « non-conformité » mais la silhouette originale de l’Église de Saint-Jean a eu raison des querelles. Un ensemble de vitraux remarquables dont La Crucifixion, La Multiplication des pains ajoute au charme de cette église intéressante à visiter.

Avec ses rues étroites et escarpées, ses escaliers interminables, ses vignes, Montmartre a gardé les vestiges d’un passé rural. (Image : Pierre Blaché / Pixabay)

Montmartre, un village authentique au cœur de Paris

En 1860, Montmartre est rattaché à Paris pour devenir le 18ème arrondissement. Sa situation géographique et son passé contribuent à maintenir sa singularité. Avec ses rues étroites et escarpées, ses escaliers interminables, ses vignes, Montmartre a gardé les vestiges d’un passé rural, ce qui lui confère une identité unique dans le paysage parisien. La butte Montmartre tient lieu de « village » au cœur de la capitale. Le site fut longtemps habité par des artisans, des paysans et des meuniers. Les lieux étaient couverts de vignes et de moulins. Le moulin de la Galette seul moulin en activité en est la preuve vivante.

Des associations telles que la République de Montmartre veillent à préserver l’identité de Montmartre. Elles ont instauré notamment les fêtes des vendanges qui honorent les traditions viticoles du « village ». Ces célébrations ont lieu chaque année au mois d’octobre.

Une vie artistique tournée vers la bohème

Il est difficile d’évoquer la butte Montmartre sans évoquer la vie artistique intense qui a animé ce quartier. Des cabarets mythiques tels que Le Chat noir ou Le Lapin Agile ont vu déambuler une pépinière d’artistes. On pourrait citer Degas, Manet ou Picasso et bien d’autres encore attirés par l’authenticité de ces lieux propices à la création artistique.

Au milieu du XXe siècle, des chanteurs comme Edith Piaf, Jacques Brel, Georges Brassens et Charles Aznavour ont débuté dans les cabarets montmartrois. La célèbre chanson La Bohème rappelle avec nostalgie le romantisme révolu du quartier. « Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Montmartre en ce temps-là, accrochait ses lilas jusque sous nos fenêtres. » La conclusion de Charles Aznavour « la bohème, ça ne veut plus rien dire du tout » fait allusion sans doute au nouveau visage de Montmartre touché par un tourisme de masse effréné. Les habitations modestes d’autrefois ont fait place à des demeures luxueuses aux coûts exorbitants : c’est la conséquence de la « gentrification » qui sévit sur la colline montmartroise.

La butte Montmartre a traversé les siècles, les tumultes, les tendances. Ses multiples visages constituent probablement sa force et sa singularité. Ils sont le reflet d’une société en constante mutation.

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