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Sagesse. Deux histoires illustrant la réincarnation dans la Chine ancienne

CHINE ANCIENNE > Sagesse

PODCAST

Les dix volumes de la Compilation Gengsi sont les notes écrites par Lu Ch’ung (1494-1552) 1 dans ses premières années. Il a recueilli des récits d’événements étranges et extraordinaires survenus sous la dynastie Ming (1368-1644), dont notamment des récits concernant la réincarnation.

Parmi les évènements retrouvés dans la Compilation Gengsi, nous vous proposons deux histoires impliquant la réincarnation.

Deux histoires illustrant la réincarnation dans la Chine ancienne
Lorsque le commerçant vint au magasin, il fut mordu par le chien. (Image : Sasa Begovic / Pixabay)

Le chien de garde veillant sur son argent

Dans la ville de Suzhou, dans l’Est de la Chine, une famille vivant près de la Porte Ouest de la vieille ville possédait un gros chien en bonne santé qui dormait tous les jours près du seuil et ne s’en éloignait pas un instant. Lorsque quelqu’un s’approchait trop près, il risquait de se faire mordre. Les membres de la famille se sont donc mis en garde les uns les autres, de ne pas s’approcher de ce seuil, sauf en cas de nécessité absolue.

Un jour, un commerçant, qui traitait une affaire avec eux, entra dans leur boutique, ignorant tout de la situation. Il fut mordu par le chien, ce qui lui provoqua une hémorragie à la cuisse. Le marchand en colère maudit le propriétaire de la boutique. Ce dernier en avait déjà assez du chien, et maintenant que le client avait été mordu, l’affaire, qui devait être traitée, était sur le point de tomber à l’eau. Le propriétaire s’excusa donc en disant : « Pardonnez-moi. Je tuerai le chien demain pour faire amende honorable et m’assurer que cela ne se reproduise plus ».

Après avoir soigné sa blessure, le marchand retourna à son auberge et, cette nuit-là, il fit un rêve. Un homme lui apparut et lui dit : « J’étais le père du propriétaire du magasin et je suis mort depuis plusieurs années. Au cours de ma vie, j’ai tranquillement économisé des centaines de taels d’argent et je les ai enterrés sous le seuil de la porte ».

« Après ma mort, je n’ai pas pu oublier l’argent et je me suis réincarné en chien dans la maison de mon fils. J’ai gardé le seuil jour et nuit, attendant que mes descendants viennent prendre l’argent enterré dans ma vie précédente. Ce karma résulte de mon obsession pour l’argent. Malencontreusement, je vous ai offensé et mordu dans la journée, mais ce n’était pas mon intention. Aujourd’hui, le fils de ma vie antérieure veut me tuer, c’est pourquoi je vous demande de m’aider. S’il vous plaît, allez voir le propriétaire du magasin et demandez-lui de ne pas me tuer ».

Le marchand se réveilla de son rêve, se rendit immédiatement au magasin et frappa à la porte. Lorsque le propriétaire de la boutique vit le marchand revenir, il vint immédiatement l’accueillir.

Le marchand lui demanda : « Où est le chien qui m’a mordu ? » Le propriétaire répondit : « Il a été tué ». Le marchand écouta avec regret et informa le propriétaire de son rêve. Celui-ci ne le crut pas, pensant que le client, suite à son traumatisme de morsure dans la journée, avait fait un rêve extravagant pendant la nuit. Comment cela pouvait-il être vrai ?

Le marchand proposa alors : « Pourquoi n’ouvrez-vous pas le seuil et ne vérifiez-vous pas la véracité du rêve ? Ainsi, nous serons tous les deux rassurés ». Le commerçant ordonna à quelqu’un d’enlever le seuil et vit qu’il y avait effectivement sous le seuil une jarre contenant plus de 400 taels d’argent. À ce moment-là, le propriétaire de la boutique sut que le rêve du marchand était bien réalité. Son père s’était réincarné en chien et il regrettait profondément de l’avoir tué.

Deux histoires illustrant la réincarnation dans la Chine ancienne
Le bébé naquit avec les caractères « longue vie » très clairement écrits sur son dos. Les gens surent alors que leur fils décédé s’était réincarné dans ce nouvel enfant. (Image : Tính Nguyễn / Pixabay)

Réincarnation d’un enfant avec les caractères « longue vie »

Sous la dynastie Ming, dans la campagne près de Suzhou, un habitant nommé Guo avait un fils qui mourut malheureusement en bas âge. Guo et sa femme étaient tellement affligés qu’ils écrivirent à l’encre les caractères signifiant « longue vie » sur le dos de leur fils décédé lors de son enterrement. Selon le folklore local, si l’on fait une telle marque sur le défunt, elle sera transmise dans la vie suivante, de sorte que l’on puisse reconnaître le défunt lorsqu’il se réincarnera.

L’année suivante, la femme de Guo donna naissance à un autre fils, et cet enfant naquit avec les caractères « longue vie » très clairement écrits sur son dos. Les gens surent alors que leur fils décédé s’était réincarné dans ce nouvel enfant.

Deux histoires illustrant la réincarnation dans la Chine ancienne
« On récolte ce que l’on sème » est une vérité immuable de l’univers, que l’on croie ou non au cycle de la réincarnation. (Image : Steven Weirather / Pixabay)

Une source de bonheur ou de malheur dans la vie suivante

La réincarnation est un phénomène réel et les actes accomplis au cours de notre vie ont des conséquences tangibles. Dans la première histoire, le défunt s’est réincarné en chien de garde parce qu’il ne pouvait pas se détacher de l’argent qu’il avait accumulé et enterré sous le seuil. Cette histoire illustre l’importance de lâcher prise sur ses possessions matérielles et de ne pas trop s’attacher à la richesse.

Dans la seconde histoire, l’enfant décédé se réincarne et la marque faite par ses parents dans sa vie précédente devient la tache de naissance de sa vie suivante. Aujourd’hui, de nombreux experts qui étudient la réincarnation ont également constaté que les blessures de la vie précédente deviennent parfois des taches de naissance après la réincarnation.

Les bonnes et les mauvaises actions des gens auront toutes pareillement un effet de rétribution et deviendront la source de bonheur ou de malheur qu’ils connaîtront dans leur prochaine vie. « On récolte ce que l’on sème » est une vérité immuable de l’univers, que l’on croie ou non au cycle de la réincarnation.

Note :
1 - Lu Ch’ung (1494-1552) était originaire du comté de Changzhou, préfecture de Suzhou (aujourd’hui ville de Suzhou, province de Jiangsu). Cet érudit qui était une personnalité politique de la dynastie Ming, était un descendant indirect de Lu Wan (202-195), général militaire et proche de Lui Bang, le futur empereur Gaozu, fondateur de la dynastie Han.

Rédacteur Albert Thyme


Source : 2 Stories of Reincarnation
www.nspirement.com

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