Au cœur de la pensée taoïste, le symbole du taiji incarne les forces qui façonnent le cosmos et l’esprit humain. (Image : wikimedia / Nihillis / Domaine public)
Le symbole familier du taiji, noir et blanc, souvent présent dans les arts martiaux et la culture traditionnelle chinoise, est bien plus qu’un simple motif décoratif. Il représente l’un des concepts fondamentaux de la philosophie taoïste : l’équilibre et l’interaction de deux forces opposées : le yin et le yang. Dans ce symbole, le noir représente le yin et le blanc le yang, et ensemble, ils transmettent l’essence du Tao, ou la Voie.
La forme distinctive du symbole taiji, avec ses deux moitiés imbriquées et enroulées l’une dans l’autre, montre que le yin et le yang sont non seulement opposés, mais qu’ils contiennent aussi la graine l’un de l’autre. Chaque côté porte un petit point de l’autre couleur, suggérant qu’au sein du yin se trouve toujours une part de yang, et vice versa. Le concept de dualité dans l’unité est au cœur de la perception de l’univers par le taoïsme.
Un symbole aux racines anciennes et mondiales
Les archéologues ont été surpris de découvrir des symboles ressemblant au diagramme du taiji, et à l’ancien motif wàn (卍), sur des artefacts provenant de diverses cultures préhistoriques du monde entier. Bien que ces symboles n’aient pas eu exactement la même signification selon le contexte, de nombreux chercheurs les voient comme des signes d’une compréhension spirituelle commune aux premières civilisations.
Dans les traditions orientales, le symbole wàn (卍) a été vénéré comme un signe sacré pendant des millénaires avant le XXe siècle. Issu du sanskrit svastika, signifiant « bien-être » ou « bonne fortune », il représente souvent l’éternité, l’équilibre ou la présence divine. La découverte de ces motifs omniprésents dans des artefacts anciens a conduit certains chercheurs à spéculer que ces symboles pourraient être des traces laissées par des êtres éclairés ayant autrefois foulé la Terre.
le symbole wàn (卍), autrefois symbole vénéré d’harmonie et de divinité.(Image : wikimedia / Nacaru, CC BY-SA 4.0)
Toute forme d’existence possède le yin et le yang
Dans la pensée taoïste, tout dans l’univers peut être compris à travers le prisme du yin et du yang. Imaginer le symbole du taiji comme représentant une planète, une galaxie, voire une vie, illustre que tout est constitué de ces deux qualités opposées. Le jour et la nuit, le soleil et la lune, le masculin et le féminin, le chaud et le froid, le haut et le bas - tous sont le reflet de cette dualité cosmique.
Même les choses les plus ordinaires peuvent être divisées de cette façon. Dans la numérologie chinoise ancienne, les nombres pairs étaient considérés comme yin, et les nombres impairs comme yang. En substance, le yin et le yang ne sont pas des jugements moraux, mais des attributs abstraits utilisés pour décrire l’ordre naturel. Le yin est associé au passif, à l’obscur ou au caché, tandis que le yang est lié à l’actif, à la lumière ou au visible. Ensemble, ils forment un équilibre dynamique qui sous-tend toute existence.
Quelle est la signification du taiji ?
Le mot tai signifie « grand » ou « suprême », et ji désigne l’« ultime » ou l’ « extrême ». Ensemble, taiji désigne l’« Ultime Suprême », un concept qui décrit le niveau le plus fondamental de l’univers, là où toute chose prend naissance. À ce niveau élevé, tous les phénomènes s’expriment par l’interaction du yin et du yang. Le symbole du taiji représente visuellement cette idée profonde.
Un guide de moralité et de discernement spirituel
Au-delà de sa signification cosmologique, le concept de yin et de yang joue également un rôle dans la façon dont le taoïsme - et plus largement la pensée traditionnelle chinoise - perçoit le comportement humain. Au fil du temps, les interprétations culturelles ont attribué des valeurs morales à ces qualités : le yin en est venu à représenter le négatif, l’obscur ou le nuisible, tandis que le yang symbolise le positif, l’éclat ou la vertu. Dans ce cadre, les personnes, les actions et les événements peuvent être considérés comme justes ou injustes, bons ou mauvais.
Cette approche s’inscrit dans la lignée d’autres grandes écoles de philosophie chinoise. Le confucianisme met l’accent sur la distinction entre les bons et les mauvais en fonction de la vertu et de la conduite, tandis que le bouddhisme privilégie le discernement du bien et du mal dans le cadre du développement karmique. Bien que le langage et les axes d’étude diffèrent, les trois traditions partagent la conviction que le discernement moral est essentiel au bon fonctionnement de la société et à une vie pleine de sens.
Bien que distincts dans leurs enseignements, le bouddhisme, le confucianisme et le taoïsme convergent vers une vérité unique : le discernement moral est essentiel au bon fonctionnement de la société et à une vie pleine de sens. (Image : wikimedia / Subhrajyoti07, CC BY-SA 4.0 & Studytogether, user of Mystical World Wiki (神秘世界 维基)., CC BY-SA 4.0 & Nyo~commonswiki / domaine public)
Clarté morale en temps de crise
Pourquoi est-il si important de distinguer le bien du mal, le vrai du faux ? L’une des réponses réside dans le rôle que joue ce discernement dans le maintien de l’harmonie sociale. Promouvoir la vertu et réprimer le mal contribue à maintenir l’ordre et l’équilibre, tout comme le yin et le yang doivent rester en harmonie dans l’univers.
D’un point de vue spirituel, cette distinction peut avoir un objectif encore plus profond. Dans les enseignements taoïstes, on retrouve le concept de « fin du dharma », ou déclin de l’ordre moral à la fin du cycle d’une civilisation. Dans ces moments-là, la distinction entre le bien et le mal devient essentielle, non seulement pour la survie de la société, mais aussi pour le salut personnel.
Pour illustrer cette idée, prenons une histoire familière de la tradition occidentale : l’Arche de Noé. Selon la Bible, Noé et sa famille étaient considérés comme justes et furent ainsi épargnés par le déluge. Ce récit véhicule un thème universel : lorsqu’une catastrophe frappe, ceux qui ont mené une vie moralement intègre peuvent être protégés, tandis que ceux qui ont choisi le mal peuvent être détruits.
Dans cette perspective, l’essor et le déclin des civilisations peuvent être perçus comme un processus de purification spirituelle, où le bien est préservé et le mal éliminé. Selon la pensée taoïste, l’équilibre du yin et du yang n’est pas seulement un principe cosmique, mais un guide pour la survie de l’humanité, nous rappelant qu’en période de grands bouleversements, la vertu peut être la clé de la persévérance.
Pour améliorer votre expérience, nous (et nos partenaires) stockons et/ou accédons à des informations sur votre terminal (cookie ou équivalent) avec votre accord pour tous nos sites et applications, sur vos terminaux connectés.
