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Culture. Le Monastère royal de Brou, un emblème de la loyauté

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Monastère royal de Brou - (Église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou). (Image :Wikimedia / © Benoît Prieur)

Elu monument préféré des Français en 2014, le monastère royal de Brou est célèbre pour ses bouleversants tombeaux sculptés de marbre et d’albâtre. Fondé au commencement de la Renaissance par une fille d’empereur, Marguerite d’Autriche, le monastère royal de Brou se démarque par sa singulière beauté.

Une princesse fidèle à son époux

Le 3 décembre 1501, la princesse Marguerite d’Autriche épouse le duc de Savoie, Philibert le Beau. Son union avec le jeune duc est une réussite. Avec lui, elle vit un mariage heureux. Mais un triste évènement survient après trois années de joies : le 10 septembre 1504, Philibert meurt à 24 ans, des suites d’une pneumonie. Après sa mort, Marguerite d’Autriche, accablée par la perte de son époux, ne se remariera pas.

C’est notamment pour lui rendre hommage et le rapprocher de Dieu qu’elle fera édifier le splendide monastère de Brou. Elle-même y reposera aux côtés de son bien-aimé. Pour construire ce majestueux monastère, la princesse fit venir les meilleurs artisans de toute l’Europe, et c’est aux portes de Bourg-en-Bresse qu’elle fit élever le somptueux édifice.

Le Monastère royal de Brou, un emblème de la loyauté
Église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, nef. (Image : © Franck Paubel - CMN.jpg – Photo de presse)

L’église du monastère : un lieu de recueillement admirable

L’église est un chef d’œuvre de l’art gothique flamboyant flamand du début du XVIème siècle, unique en France. Elle a été édifiée par Louis van Boghem, maître d’œuvre bruxellois choisi par la princesse.

La partie de l’église qui attire en premier l’attention est sans aucun doute sa magnifique toiture, vernissée et polychrome, parfaitement mise en valeur par la lumière du jour. Ses motifs en losange, voulus par Marguerite d’Autriche, sont l’affirmation de son héritage bourguignon. Cette remarquable toiture n’est pas la seule à ravir le regard. Un jubé, l’un des rares conservés en France, arbore une prodigieuse dentelle de pierre. Conçu pour séparer la nef du chœur, il supporte un passage reliant la chapelle de la princesse à ses appartements. La nef, voutée d’ogives, flanquée de bas-côtés et de chapelles, portée par de puissants piliers, affiche un style volontairement sobre pour mieux contraster avec le foisonnement artistique du chœur.

Eglise Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, tombeaux de Marguerite d’Autriche et de Philibert le Beau. (Image : © David Bordes - CMN.jpg – Photo de presse)
Eglise Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, tombeaux de Marguerite
d’Autriche et de Philibert le Beau. (Image : © David Bordes - CMN.jpg – Photo de presse)

Ce chœur est des plus remarquables. En son sein se trouvent les exceptionnels tombeaux de Marguerite d’Autriche et de Philibert le Beau. Le tombeau de celui-ci se trouve au milieu du chœur, en évidence. Le défunt y est représenté deux fois : d’abord vivant, les yeux ouverts, vêtu de son armure et entouré de petits angelots portant l’emblème de la Maison de Savoie, à l’étage supérieur. Au niveau inférieur, il est représenté dans son trépas, les yeux clos et en attente de la résurrection. Dix élégantes sibylles finissent d’entourer le transi.

Le monument funéraire de Marguerite d’Autriche est aussi des plus grandioses. Un immense baldaquin de pierre, peuplé de statuettes de saints et de saintes, abrite le gisant de la princesse. De la même manière que Philibert le Beau, elle est représentée de deux façons : « au vif », en partie haute, en costume de cour, entourée de quatre angelots qui portent ses armes. En partie basse, dans son repos, enveloppée dans un linceul, ses longs cheveux défaits.

C’est Conrad Meit, sculpteur d’origine allemande, qui a façonné ces paisibles gisants.

L’architecture et la petite statuaire des tombeaux, sont, elles, attribuées à un atelier flamand.

Eglise Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, tombeau de Marguerite d’Autriche, transi et gisant. (Image : © David Bordes - CMN.jpg – Photo de presse)
Eglise Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, tombeau de Marguerite d’Autriche, transi et gisant. (Image : © David Bordes - CMN.jpg – Photo de presse)

Scènes de vie au milieu des cloîtres du monastère

Les trois cloîtres, chacun à leur manière, rythment la vie du monastère de Brou. Tous ont un rôle particulier et une utilité spécifique.

À l’entrée du monastère se trouve le cloître des hôtes. Il est encadré au rez-de-chaussée par de superbes galeries voutées d’ogives, et à l’étage de galeries plafonnées. Lien direct entre l’extérieur et la congrégation des moines, il accueillait les hôtes de passage.

Le deuxième, le cloître des moines, avoisine le premier. Il est le plus vaste des lieux, et était destiné à la promenade et à la méditation des moines. D’un style gothique très pur, il inspire la quiétude. Chaque galerie du rez-de-chaussée s’ouvre sur le jardin par sept grandes baies en arc brisé.

Enfin, le cloître des commis répondait aux besoins pratiques de la vie monastique. Il comporte trois galeries hautes et basses, appuyées sur le bâtiment principal. Son style laisse à penser qu’il fut entièrement confié aux maîtres-maçons bressans. Jouxtant le réfectoire, il conduisait entre autres à la cuisine et au chauffoir au sud, aux fours et au procure à l’est. Recouvert de galets, il comporte un puits couvert en son centre.

Monastère royal de Brou, deuxième cloître vu depuis l’est. (Image : © Franck Paubel - CMN.jpg – Photo de presse)
Monastère royal de Brou, deuxième cloître vu depuis l’est. (Image : © Franck Paubel - CMN.jpg – Photo de presse)

Le monastère de Brou, riche de son histoire et de sa beauté, transporte le visiteur à une époque orientée vers l’art et le divin. Ce monastère est un puissant symbole de loyauté, car il fut fondé par une princesse fidèle à son mari, mais également au Ciel.

Avec l'aimable collaboration du Centre des Monuments Nationaux

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