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Société. La vie secrète des jardins : de l’Antiquité à nos jours (2/3)

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Au Moyen Âge, seuls les châteaux avaient des jardins d’agrément. Les monastères, abbayes, couvents, quant à eux, disposaient d’un potager et d’un jardin propice au recueillement. (Image : Wikimedia / Karldupart / CC BY-SA)
 

Les Jardins de l’Antiquité évoluent au gré du temps et des régions. L’influence religieuse et royale reste très importante.

Les Jardins Européens Médiévaux

Chaque abbaye, monastère ou couvent possède son jardin constitué de carrés délimités par des planches en bois ou d’osier tressé. Nous y trouvons un petit coin de paradis propice au recueillement. Au IXe siècle, Charlemagne ordonna l’aménagement de ses jardins dans son Capitulare de Villis. Toutes les plantes nécessaires aux soins et à l’alimentation y apparaissent, soit : 94 végétaux, se répartissant en 73 plantes et herbes, 16 arbres fruitiers, 3 plantes textiles et 2 plantes tinctoriales.

Chaque carré regroupe les plantes pour leur utilité. Il y a les médicinales, les magiques, les aromatiques telles que l’oseille ou le thym, très importantes dans l’alimentation pour relever les plats qui avaient très peu de sel, rare et cher à l’époque. Il y avait aussi des carrés de plantes tinctoriales, textiles, des fleurs pour orner les autels lors des cérémonies, des légumes et légumineuses. Les vignes couraient sur les murs.

Les Jardins d’Agrément arrivent un peu plus tard, et apparaissent dans les châteaux. Ils sont destinés au repos, à la promenade, aux jeux, aux discussions privées ou aux troubadours, s’y épanouissent également, des roses, du lilas, des delphiniums, etc. Il existe aussi un potager mais les plantes cultivées dans celui-ci, sont beaucoup plus raffinées, parfois même exotiques.

Les Jardins à la Française se sont beaucoup inspirés des Jardins Italiens. Ils ont, ainsi, perfectionné l’art de la taille du buis jusqu’à créer une fine dentelle vue des fenêtres du château. (Image : RENE RAUSCHENBERGER / Pixabay)
Les Jardins à la Française se sont beaucoup inspirés des Jardins Italiens. Ils ont, ainsi, perfectionné l’art de la taille du buis jusqu’à créer une fine dentelle vue des fenêtres du château. (Image : RENE RAUSCHENBERGER / Pixabay)
 

Les Jardins à la Française

Ils égalent la symétrie des Jardins Orientaux et la maîtrise de la taille du buis romain. Les parterres ressemblent à des broderies, vus des fenêtres du château. Nous y retrouvons aussi des bassins, des fontaines et parfois des labyrinthes.

Entre le XVIe et XVIIe siècle plusieurs grands jardiniers se succèdent et développent l’art du jardinage jusqu’à la Révolution. La taille des buis et les arrangements de parterre remontent au XIVe siècle. Mais le premier à organiser les Jardins à la Française est Jacques Boyceau (1560-1633). Dans son Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l’art, publié en 1638, le jardin devient contemplatif. Assurant la symétrie, il évite les carrés trop monotones et crée des terrasses pour les admirer. Claude Mollet (1564-1649) fait partie d’une lignée de grands jardiniers œuvrant auprès des Rois. Il travaille avec Boyceau et s’en inspire. Il a écrit Théâtre des jardinages. Il s’occupe des Tuileries, intervient à Fontainebleau et au Château Neuf de Saint-Germain-en-Laye.

Cependant, André Le Nôtre (1613-1700) est sans aucun doute le plus célèbre des créateurs de Jardin à la Française en transformant par exemple, les Jardins de Versailles à la demande du Roi Soleil, Louis XIV. Il reprend les principes de ses pairs mais à une échelle monumentale.

À la Révolution, les jardins perdent de leur attrait, il faudra attendre le XIXe siècle pour que la famille Duchêne, admirateur de Le Nôtre, rénove et recrée le style des Jardins à la Française dans de très nombreux domaines qui inspirent encore de nos jours de nombreux paysagistes.

La particularité du Jardin Japonais est de façonner un paysage miniature, de le styliser en utilisant des pierres et du sable. (Image : jggrz / Pixabay)
La particularité du Jardin Japonais est de façonner un paysage miniature, de le styliser en utilisant des pierres et du sable. (Image : jggrz / Pixabay)
 

Le Jardin Japonais

Dans un premier temps, il s’inspire de la culture coréenne dont les pierres sont un élément essentiel des jardins. Par la suite, avec la venue des Chinois, l’art du jardin s’enrichit et les Jardins Japonais ressemblent beaucoup aux Jardins Chinois, tant par leur apparence que par leur symbolique spirituelle.

Au XIe siècle, le Sakutei-ki, traité sur les règles de l’Art du Jardin décrit un jardin plus sobre utilisant des cailloux, des roches et du sable pour symboliser les montagnes, les rivières. Tout est miniaturisé même les arbres qui deviennent bonzaïs. Il y a 4 plans qui assurent une perspective et agrandissent le jardin. On l’appelle aussi le Jardin Zen, car c’est un endroit propice à la méditation.

Ce n’est pas l’unique style répandu au Japon. Il existe aussi, le Jardin à Thé avec un pavillon dédié à la cérémonie du thé. Le cadre est clos et ne laisse voir que le jardin afin de créer l’harmonie et la sérénité propice à la cérémonie. Le Jardin Promenade, ou Kaiyûshiki teien, de l’époque Edo prospère entre 1603–1868. Ils reproduisent des lieux connus, souvent mystiques ou religieux, ils sont fastueux, vraiment de très grandes tailles. Ils contiennent les différents types de jardins. Ils appartiennent à de riches propriétaires et conviennent à la diplomatie.

Le Jardin Botanique contient des collections de plantes identifiées permettant leur étude et leur conservation. Ci-dessus, la serre tempérée où prospère une très belle collection de cactus et succulentes. (Image : wikimedia / Lional Rajappa / CC BY-SA)
Le Cottage Garden demeure un endroit où les plantes poussent en fouillis, où les arbustes à fleurs se mêlent aux roses, les plantes herbacées aux bulbes, les grimpeurs aux haies. (Image : wikipedia / Helen Allingham / CC BY-SA 3.0)
 

Les Jardins à l’Anglaise ou Cottage Garden

Les jardins authentiques remonteraient au XIVe siècle. Le paysan cultivait des légumes, des fruits et des fleurs utilitaires. On y trouvait aussi une ruche, une étable avec du bétail et un cochon ainsi qu’un puits. À l’époque médiévale, le jardin était cultivé pour nourrir et soigner la famille. L’époque Élisabéthaine (1558-1603) fut une période prospère, il y eut donc plus d’espace pour faire pousser des fleurs qui avaient tout de même leur utilité. Des violettes, au parfum agréable, limitent la vermine ; les calendulas et les primevères sont comestibles. D’autres, comme les roses trémières sont cultivées pour leur beauté.

Les fleurs utilisées pour garnir les espaces sont devenues progressivement plus dominantes. Notamment, les roses anciennes au parfum envoûteur. Certains grands jardins ont adopté ce style et d’innombrables variations régionales et personnelles se sont développées. Les matériaux utilisés sont le plus naturel possible. Il s’en dégage une atmosphère informelle, reposante où la nature y est luxuriante.

Le Jardin Botanique contient des collections de plantes identifiées permettant leur étude et leur conservation. Ci-dessus, la serre tempérée où prospère une très belle collection de cactus et succulentes. (Image : wikimedia / Lional Rajappa / CC BY-SA)
Le Jardin Botanique contient des collections de plantes identifiées permettant leur étude et leur conservation. Ci-dessus, la serre tempérée où prospère une très belle collection de cactus et succulentes. (Image : wikimedia / Lional Rajappa / CC BY-SA)
 

L’histoire des Jardins Botaniques

Depuis fort longtemps, l’homme voyage et ramène chez lui des objets, plantes et animaux exotiques. Les Chinois sont les plus anciens collectionneurs de plantes ramenées de lointaines contrées puis cultivées pour leur valeur économique ou médicinale. Le légendaire Empereur Shen Nung (environ 2700 av. J.-C.) aurait testé les qualités médicinales de nombreuses plantes et les a décrites et répertoriées. Elles font parties de la pharmacopée chinoise.

En Grèce, au IVe siècle av.J.-C. Théophraste, philosophe, s’intéressait beaucoup à la botanique et constitua une grande collection de plantes médicinales. La Rome Antique suivit son exemple et les Jardins Monastiques en héritèrent. Le traité De Materia Medica de Dioscoride (v. 40-90 ap. J.-C.) a été la principale source d’informations du Ier jusqu’au XVIIe siècle. Les plantes médicinales furent étudiées un peu partout en Europe.

Au XVIe siècle, les Jardins Botaniques voient le jour un peu partout en Europe. L’aristocratie participe également à ce mouvement de connaissance botanique. C’est à ce moment-là que l’on étudie de nouvelles espèces de plantes exotiques. La constitution d’herbiers, de graineteries et d’échanges entre jardins botaniques se généralise. Ils sont le plus souvent rattachées aux Universités.

Il faut savoir que la collecte de plantes d’ornement la plus ancienne se trouve à Karnak, et fut créée par Thoutmosis III au XVe siècle av. J.-C. ce n’est qu’au XVIe siècle, grâce aux serres et au chauffage de celles-ci, que des plantes du monde entier peuvent s’y épanouir.

De nos jours, tous les styles de jardins se côtoient, s’y ajoutent des piscines, des jacuzzis, des aires de sports... Et le potager dans tout cela ? Nous en parlerons, dans le 3ème volet qui lui sera entièrement consacré.

À suivre...

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