Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Homme. Étude : sept règles morales que l’on retrouve partout

SAVOIR > Homme

 
 

Les anthropologues de l’Université d’Oxford ont découvert ce qu’ils croient être sept règles morales universelles. Les règles – aider sa famille, soutenir son groupe, rembourser ses dettes, être courageux, faire confiance à ses supérieurs, répartir équitablement les ressources et respecter la propriété d’autrui, ont été trouvées dans une enquête menée auprès de 60 cultures du monde entier.

Des études antérieures ont examiné certaines de ces règles à certains endroits, mais aucune ne les a toutes examinées dans un large échantillon représentatif de sociétés. La présente étude, publiée dans Current Anthropology, est la plus vaste et la plus complète enquête interculturelle jamais réalisée sur la morale.

L’équipe de l’Institut d’anthropologie cognitive et évolutive d’Oxford (qui fait partie de la School of Anthropology & Museum Ethnography) a analysé les comptes rendus ethnographiques d’éthique de 60 sociétés, comprenant plus de 600000 mots provenant de plus de 600 sources.

Le Dr Oliver Scott Curry, auteur principal et chercheur principal à l’Institute for Cognitive and Evolutionary Anthropology, a déclaré : « Le débat entre moralistes universalistes et moralistes relativistes perdure depuis des siècles, mais nous avons maintenant quelques réponses. Partout dans le monde, les gens sont confrontés à un ensemble de problèmes sociaux similaires et utilisent un ensemble de règles morales analogues pour les résoudre. »

« Comme prévu, ces sept règles morales semblent être universelles à travers les cultures. Dans le monde entier, il apparaît que chacun partage un code moral commun. Tout le monde saccorde à dire que coopérer, promouvoir le bien commun, soit la juste manière de faire. »

L’étude a mis à l’épreuve la théorie selon laquelle la moralité a évolué pour faciliter la coopération et que – parce qu’il existe de nombreux types de coopération – il existe aussi de multiples formes de moralité. Selon cette théorie de la « moralité comme coopération », on comprend pourquoi nous ressentons une responsabilité vis à vis de nos familles, et pourquoi nous condamnons l’inceste.

C’est la raison qui nous pousse à nous rassembler (l’union fait la force et la sécurité), et pour laquelle nous valorisons l’unité, la solidarité et la loyauté. L’échange social est la raison pour laquelle nous faisons confiance aux autres, rendons service en contrepartie, ressentons de la culpabilité et de la gratitude, faisons amende honorable et pardonnons. Et la volonté de résolution des conflits explique pourquoi nous nous engageons dans des prouesses coûteuses – comme la bravoure et la générosité, pourquoi nous nous en remettons à nos supérieurs, pourquoi nous répartissons équitablement les ressources contestées et pourquoi nous reconnaissons en amont la propriété.

La recherche a d’abord révélé que ces sept comportements coopératifs ont toujours été considérés comme moralement bons. Deuxièmement, des exemples de la plupart de ces morales ont été observés dans la plupart des sociétés. Il n’y avait pas de contre-exemples – pas de sociétés dans lesquelles l’un ou l’autre de ces comportements était considéré comme moralement mauvais. Et troisièmement, ces mœurs étaient observées avec la même fréquence d’un continent à l’autre, elles n’étaient pas l’apanage exclusif de « l’Occident » ou d’une autre région.

Ainsi, chez les Amhara, « bafouer le devoir filial est considéré comme une déviation honteuse, indiquant un mauvais état d’esprit. » En Corée, il existe une « éthique communautaire égalitaire d’entraide et de coopération entre voisins (et) de forte solidarité au sein du groupe... La réciprocité s’observe à chaque étape de la vie de ces derniers (et) occupe une place très importante dans la structure sociale des valeurs de cette communauté. »

Parmis les Massaïs : « Ceux qui s’accrochent aux vertus guerrières sont toujours très respectés » et « l’idéal intransigeant du guerrier suprême [implique] un engagement ascétique au sacrifice de soi... dans le feu de l’action, comme une suprême démonstration de loyauté courageuse. » Les bembas manifestent « un profond respect pour l’autorité des anciens ».

L’« idée de justice » de Kapauku s’appelle « uta-uta », moitié-moitié...[dont le sens] se rapproche beaucoup de ce que nous appelons l’équité. Et chez les Tarahumara, « le respect de la propriété d’autrui est la clé de voûte de toute relation interpersonnelle ». L’étude a également détecté des « variations sur un thème » – bien que toutes les sociétés semblaient s’accorder sur les sept règles morales de base, elles variaient dans la manière dont elles les hiérarchisaient ou les classaient.

L’équipe a maintenant élaboré un nouveau questionnaire sur les valeurs morales afin de recueillir des données et cherche à savoir si les divergences culturelles dans la moralité reflètent les écarts dans la coopération dans des conditions sociales différentes.

Selon le professeur Harvey Whitehouse, co-auteur, les anthropologues sont particulièrement bien placés pour répondre aux questions de longue date sur les universaux moraux et le relativisme moral : « Notre étude était basée sur des descriptions historiques de cultures du monde entier, ces données ont été recueillies avant et indépendamment de l’élaboration des théories que nous testions. Les travaux futurs permettront de tester des prédictions plus fines de la théorie en collectant de nouvelles données, encore plus systématiquement, sur le terrain. »

« Nous espérons que cette recherche aidera à faciliter la compréhension mutuelle entre des personnes de cultures différentes, une appréciation de ce que nous avons en commun, et comment et pourquoi nous sommes différents », a ajouté Curry.

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.