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Homme. Des restes humains vieux de 8 000 ans en Asie du Sud-Est

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Selon la pensée traditionnelle, l’ascendance de la population d’Asie du Sud a toujours été attribuée à une ancienne société de chasseurs-cueilleurs appelée Hòabìnhian, qui peuplait la région il y a environ 40 000 ans. (Image : AquilaGib / Flickr)

L’Asie du Sud-Est est l’une des régions de la planète les plus diversifiées sur le plan génétique. Mais les scientifiques n’ont jamais validé de théorie concrète expliquant clairement l’histoire ancestrale de cette région. Selon la pensée traditionnelle, l’ascendance de la population d’Asie du Sud a toujours été attribuée à une ancienne société de chasseurs-cueilleurs appelée Hòabìnhian, qui peuplait la région il y a environ 40 000 ans. Cependant, la découverte de restes humains datant de 8 000 ans avant notre ère bouleverse les fondements de cette théorie.

Les quatre populations ancestrales

L’équipe de recherche qui a mené l’étude a extrait l’ADN de fossiles de diverses régions d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Philippines, Malaisie, Vietnam, Laos, Indonésie et Japon). Près de deux ans et demi ont été consacrés à la recherche et à l’assemblage de restes humains. Au total, environ 43 squelettes anciens ont été rassemblés.

Ces fossiles humains datent de près de 6000 ans avant notre ère. Des crânes découverts en Malaisie et un squelette provenant du Laos représentaient les plus vieux échantillons d’os recueillis par l’équipe. Avant cette découverte, les scientifiques n’avaient eu accès qu’aux échantillons d’os humains datant d’environ 2 000 ans avant notre ère.

Les chercheurs ont étudié 26 génomes au total, dont 25 provenant d’Asie du Sud-Est et un du Japon. Le responsable de l’étude a déclaré (Devdiscourse) : « Le fait que nous ayons pu obtenir 26 génomes humains et mettre aujourd’hui en lumière l’incroyable richesse génétique des groupes de la région est étonnant. »

L'équipe de recherche qui a mené l'étude a extrait l'ADN de fossiles de diverses régions d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Philippines,  Malaisie, Vietnam, Laos, Indonésie et Japon) (Image: Pixabay).
L’équipe de recherche qui a mené l’étude a extrait l'ADN de fossiles de diverses régions d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Philippines, Malaisie, Vietnam, Laos, Indonésie et Japon). (Image : Pixabay).

Ce qu’ils ont découvert les a surpris. Le séquençage de l’ADN a révélé que le mouvement de migration de la région était beaucoup plus dense que prévu. En fait, au moins quatre populations ancestrales auraient contribué à la constitution génétique des personnes qui peuplent aujourd’hui l’Asie du Sud-Est.

Fernando Racimo, chercheur en génétique de l’équipe, a déclaré (Science Alert) : « Nos recherches, qui se situent de l’Hòabìnhian jusqu’à l’Âge de fer, ont révélé que les populations actuelles de l’Asie du Sud-Est sont issues d’au moins quatre populations anciennes… Il s’agit d’un modèle beaucoup plus complexe qu’on ne le pensait auparavant ».

L’ancienne et la nouvelle théorie

Deux théories s’opposent concernant l’histoire génétique de l’Asie du Sud-Est. La première théorie suggère que les Hòabìnhian étaient les seuls occupants de la région depuis 44 000 ans et que ce sont eux-mêmes qui ont développé les techniques agricoles.

La  deuxième théorie, connue dans les milieux universitaires sous le nom de « modèle à deux composants », suggère qu’une migration au sud de la Chine aurait abouti au déplacement du peuple Hòabìnhian et à la naissance de la génération actuelle d’hommes vivant dans cette région. Avec cette nouvelle découverte, ces deux théories ont été démystifiées.

Selon les dernières découvertes, les chasseurs-cueilleurs Hòabìnhian et les agriculteurs d’Asie de l’Est ont certainement été les principaux contributeurs au « pool génétique » de l’Asie du Sud-Est. Mais ils n’étaient pas les seuls. En fait, les migrations depuis d’autres régions ont également fortement contribué à la constitution du pool génétique et à sa diversification.

Smithsonian cite l’étude en déclarant que « les preuves décrites ici favorisent un modèle complexe, y compris une transition démographique dans laquelle les Hòabìnians d’origine se sont mélangés à de multiples vagues entrantes de migrants en provenance d’Asie de l’Est associées aux peuples de langue austro-asiatique, kradai et austronésienne ».

L’étude soulève également des questions intéressantes sur les liens entre les populations éloignées telles que les Hòabìnhians et les Jomons. Et avec davantage de fouilles et de recherches, ce mystère devrait également être résolu très bientôt.

Rédacteur Alexandre

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