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Tradition. Les dix avertissements de l’officier impérial Lin Zexu (1/2)

CHINE ANCIENNE > Tradition

Lin Zexu, un fonctionnaire de la dynastie Qing, était célèbre pour sa lutte acharnée contre le commerce illégal d’opium, mais il s’imposait également de hautes exigences. (Image : wikimedia / Lam Qua / Domaine public)
 

Lin Zexu (林則徐 1785-1850) était un honnête fonctionnaire de la fin de la dynastie Qing, connu pour sa lutte sans relâche contre le commerce de l’opium. En 1839, lors d’une tournée à Macao et, voyant les maux qui affligeaient la société, il écrivit dix maximes basées sur ses cinquante quatre années d’expérience. Il mettait en garde contre la futilité d’accomplir des actions bonnes en apparence tout en négligeant sa propre moralité.

Parce que les paroles de Lin se terminent toutes par les idéogrammes chinois 無益, littéralement « aucun avantage », elles sont devenues célèbres sous le nom des « dix enseignements » (十無益).

Voici les cinq premiers des dix avertissements de Lin.

1. Sans respect pour ses parents, adorer les dieux ne sert à rien

L’amour le plus profond est celui des parents pour leurs enfants. La piété filiale est donc la vertu sociale fondamentale. Peu importe à quel point vos réalisations ou votre rang sont élevés, vous devez honorer vos parents. Dans « adorer les dieux ne sert à rien », Lin signifie que si l’on pratique des rituels religieux aux dieux, mais que l’on ne parvient même pas à satisfaire les exigences fondamentales de respect filial, une telle foi n’est pas authentique.

2. Sans compassion dans votre cœur, le Feng Shui ne sert à rien

Dans la culture traditionnelle chinoise, la compassion (en caractères chinois 仁), est la première des Cinq Vertus Cardinales. Le mot utilisé ici, ren (仁), se prononce de la même façon que le caractère chinois ren (人) qui signifie « humain ». De manière significative, le caractère 仁 est composé d’une variante du caractère 人 (humain) et de 二 qui signifie « deux ». Cela représente la compassion, vertu fondamentale indispensable à l’harmonie entre deux (ou plusieurs) personnes.

Le Feng shui est également à l’œuvre dans les jardins chinois. (Image : Russ Allison Loar / wikimedia / CC BY-SA 4.0)
Le Feng shui est également à l’œuvre dans les jardins chinois. (Image : Russ Allison Loar / wikimedia / CC BY-SA 4.0)
 

Le Feng shui, ou géomancie, est l’ancienne pratique chinoise de construction des bâtiments et d’autres structures qui vise à se conformer au flux de l’énergie vitale connue sous le nom qi. Il était destiné à porter chance et santé. Mais selon Lin Zexu, peu importe le degré de perfection auquel les gens accèdent dans le feng shui — s’ils n’ont pas nourri la compassion fondamentale pour les autres cela n’a aucune importance.

Ces dernières années, de nombreux responsables corrompus du Parti communiste ont été arrêtés et jugés par les autorités chinoises. Au cours des enquêtes, il a été constaté que certains d’entre eux ont consulté des maîtres bien connus de feng shui. L’argent détourné par ces fonctionnaires et les innocents qu’ils ont persécutés montraient que, malgré leur intérêt pour cet art ancien, le feng shui ne leur apportait rien de bon.

3. Sans harmonie dans la fratrie, avoir des amis ne sert à rien

Confucius a dit : « celui qui aime les autres mais pas ses parents est en rébellion contre la vertu, et celui qui respecte les autres, mais pas ses parents est en rébellion contre les rites. »

Le même principe s’applique aux relations entre frères, sœurs et cousins. Si vous ne pouvez même pas traiter vos propres sœurs et frères avec amour et respect, vos amitiés aussi seront en proie à des conflits et des désaccords.

4. Sans comportement approprié, la lecture ne sert à rien

Confucius a dit que dès leur plus jeune âge, les enfants devraient d’abord apprendre à respecter leurs parents, à bien traiter leurs frères et sœurs et leurs pairs, à agir de façon authentique, à développer de la compassion pour leur prochain — et seulement alors commencer à lire des livres.

En chinois, le mot « lire » est synonyme d’étude. Dans la Chine ancienne, les jeunes enfants ont appris à mémoriser des textes classiques avant d’apprendre à lire. Le but de cette mémorisation était d’abord de leur enseigner la dignité et la moralité, avant de les familiariser avec la connaissance laïque.

Un temple confucéen à Taipei, Taiwan. (Image : edwin.11 / flickr / CC BY 2.0)
Un temple confucéen à Taipei, Taiwan. (Image : edwin.11 / flickr / CC BY 2.0)
 

Confucius parlait de quatre types de personnes : le sage, le gentilhomme, le simplet et le fourbe — c’est-à-dire une personne de faible caractère moral. Il disait que dans le cas où l’on ne peut pas trouver un sage ou un gentleman à embaucher, il serait préférable d’embaucher un simplet plutôt que d’engager un fourbe. Le fourbe peut avoir plus de connaissances et de compétences, mais son manque de valeurs morales fera finalement de lui un fardeau plutôt qu’un atout.

5. Si vous êtes déraisonnable, être intelligent ne sert à rien

C’est presque un stéréotype que les génies ne peuvent pas s’entendre avec les autres. Beaucoup de gens très doués ont des opinions inflexibles, ce qui rend difficile leur coopération avec des gens qu’ils imaginent moins astucieux ou perspicaces qu’eux. Si l’on ne peut pas faire appel au bon sens en travaillant avec les autres, et si l’on a aucun principe dans ses interactions, être vif et intelligent ne suffira pas à éviter de se faire des ennemis ou de se créer des ennuis.

A suivre...

Rédacteur Gabriel Olamsaint

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