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Histoire. Route de la Soie durant la dynastie Han (2/2)

CHINE ANCIENNE > Histoire

Les deux décennies de sacrifice et de paix de Su Wu avec les Xiongnu 
 

Portrait de Su Wu. (Image : wikimedia / CC-PD-Mark)
 

En 100 av. J.-C., une génération après le voyage de Zhang Qian, l’empereur Wu Di envoya le commandant de sa garde impériale, Su Wu, en émissaire auprès des Xiongnu. Ses voyages sont décrits dans le Miroir complet pour Aider à Gouverner, un document historique chinois du XIe siècle. 

Comme celle de Zhang Qian une génération plus tôt, la mission diplomatique de Su Wu comprenait une centaine d’hommes. Ils apportaient des cadeaux pour le chef Xiongnu, qui venait juste d’être investi et avec qui la cour Han espérait négocier. 

Mais lorsque Su Wu se rendît au nord-ouest sur les terres Xiongnu, il trouva peu d’ouverture pour la discussion. Le chef Xiongnu était soupçonneux et irrespectueux, provoquant la colère de l’aide de camp de Su Wu, Zhang Sheng. Sans en informer Su Wu, Sheng complota avec deux fonctionnaires Xiongnu l’assassinat d’un conseiller important afin d'usurper sa position. 

La conspiration échoua et sous l’interrogatoire le rôle de Zhang Sheng fût révélé. Sous la pression, Zhang Sheng avoua son implication et le reste de la mission impériale avant d’être exécuté. Même si Su Wu n’avait rien à voir avec le complot, le chef Xiongnu, déjà méfiant resta convaincu que les Chinois avaient décidé sa chute. 

Le conseiller qui avait échappé au complot connaissait les capacités de Su Wu et voulut le recruter pour travailler avec le chef Xiongnu. Le chef lui-même fut impressionné par le caractère indomptable de Su Wu et épargna sa vie dans l’espoir de gagner son soutien. 

Les deux décennies suivantes devinrent un duel d’esprit entre Su Wu et ses ravisseurs, qui l’avaient exilé dans une région désolée prés de la « mer du nord »-- le lac Baïkal, dans ce qui est aujourd’hui la Russie Sibérienne. Là, il affrontait souvent la faim et en était réduit à manger des racines sauvages et à chasser des rongeurs, mais il resta toujours fidèle à l’empereur et refusa toutes les offres des Xiongnu qui voulaient l’employer comme l’un de leurs propres officiers. 

Comme si les conditions physiques de l’emprisonnement de Su Wu n’étaient pas suffisamment pénibles, lui parvinrent des nouvelles encore plus sombres. À deux reprises lors de son exil sibérien, les Xiongnu envoyèrent un fonctionnaire informer Su Wu des malheurs qui s’étaient produits en Chine. Le grand empereur Wu Di était mort et les frères de Su Wu avaient été accusés de crimes et s’étaient suicidés. Sa mère était décédée et son épouse s’était remariée. 

En 81 av. J.C, après des tentatives répétées, les chinois firent enfin la paix avec les Xiongnu. Après quelques difficultés supplémentaires, le chef Xiongnu fût finalement d’accord pour renvoyer Su Wu. Toujours attaché à son état-major impérial et ses cheveux devenus blancs, Su Wu regagna le Palais Impérial à Chang’an et fut reçu par le nouvel empereur Han. 

À travers les siècles, la relation entre les peuples nomades et la civilisation chinoise a oscillé entre la guerre et la paix, l’amitié et l’adversité. 

La volonté indomptable de Su Wu à travers près de deux décennies d’exil dans une terre désolée des régions nord, fût célébrée comme un témoignage de l’endurance de longue haleine propre au caractère des Chinois, lesquels, fût-ce face à des calamités et des épreuves incessantes, s’en tiennent fermement à des critères plus élevés qui les guident à travers les générations.

Rédacteur Constance Ladoux

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