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Monde. Extradition de Hongkongais vers la Chine continentale

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Pékin veut utiliser la loi sur la sécurité nationale pour cibler les Hongkongais qui s’engagent dans la promotion de la démocratie, de la liberté d’expression, etc. (Image : Studio Incendo / flickr / CC BY 2.0)
 

En mai, le gouvernement chinois a adopté la proposition visant à mettre en œuvre une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.

Le régime communiste chinois veut cibler les personnes qui participent à des activités telles que la promotion de la démocratie et de la liberté d’expression, entre autres choses, en les accusant de sécession, de terrorisme ou encore de subversion. Il semble maintenant acquis que le régime chinois sera même en mesure d’obtenir l’extradition de Hongkongais vers le continent.

Extradition vers la Chine

Un haut fonctionnaire chinois a récemment déclaré que Pékin aura le pouvoir de juridiction sur certaines des infractions commises à Hong Kong qui « mettent gravement en danger la sécurité nationale ». Ce droit sera exercé dans « très peu de cas » et dans des « circonstances très spéciales ». Le chef du bureau chinois des affaires de Hong Kong et de Macao a également déclaré publiquement que la loi sur la sécurité nationale aura pleine autorité sur Hong Kong, ce qui signifie qu’aucune loi de la ville ne pourra la contester.

Le fonctionnaire a d’abord affirmé que la nouvelle loi donnera au régime communiste des pouvoirs judiciaires et d’exécution à Hong Kong. Cependant, lorsque la déclaration officielle de son discours a été publiée, les mots relatifs au pouvoir judiciaire étaient absents. Tam Yiu-chung, le seul délégué de Hong Kong auprès de l’organe législatif suprême de la Chine, a révélé ce que la loi sur la sécurité nationale signifie pour les Hongkongais. Si le gouvernement communiste chinois le juge nécessaire, les Hongkongais pourraient être extradés vers le continent, en particulier dans les cas impliquant une ingérence étrangère.

Les Hongkongais pourraient être extradés vers le continent, en particulier dans les cas impliquant une ingérence étrangère. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Les Hongkongais pourraient être extradés vers le continent, en particulier dans les cas impliquant une ingérence étrangère. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Michael Davis, Global Fellow au Centre international Woodrow Wilson, a souligné que les déclarations des fonctionnaires étaient très préoccupantes. « Placer les affaires de Hong Kong impliquant des violations présumées de la sécurité nationale devant les tribunaux du continent serait un désastre... Vous ne saurez probablement pas si votre plaidoyer est un " cas si rare " jusqu’à ce que vous soyez traîné de l’autre côté de la frontière pour être jugé. Ce genre d’idée porte atteinte à l’État de droit », a-t-il déclaré au Guardian.

À l’heure actuelle, les tribunaux de Hong Kong ont le pouvoir de contester les lois anticonstitutionnelles. En revanche, les tribunaux du continent n’ont pas ces pouvoirs. Et en Chine continentale, le système juridique permet également aux autorités de détenir des personnes jusqu’à six mois avant tout procès, la personne détenue étant coupée de ses proches et de ses avocats. Si la loi sur la sécurité nationale entre en vigueur, les Hongkongais arrêtés en vertu de cette loi pourraient également être soumis à des situations aussi horribles.

Amnesty International a qualifié la loi sur la sécurité nationale d’« attaque dévastatrice contre les droits de l’homme » et a demandé à Pékin de ne pas l’appliquer. L’organisation a averti que les agences de sécurité continentale créeraient des succursales à Hong Kong et prendraient comme cibles les ONG et les militants pour des détentions arbitraires et la torture. Les pays du G7 ont également appelé à l’abolition de la loi et ont demandé à Pékin de reconsidérer sa décision. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a fait remarquer que la façon dont l’Amérique traitera Hong Kong à l’avenir dépendra de la question de savoir si la ville reste une ville autonome ou juste une autre ville chinoise sous le contrôle du régime communiste.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a fait remarquer que le traitement que Hong Kong recevra des États-Unis dépendra du fait que la ville reste ou non autonome. (Image : The White House / CC0 1.0)
Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a fait remarquer que le traitement que Hong Kong recevra des États-Unis dépendra du fait que la ville reste ou non autonome. (Image : The White House / CC0 1.0
 

Imposer l’hymne chinois

Début juin, le gouvernement de Hong Kong a adopté un projet de loi controversé qui fait de tout acte diffamatoire à l’égard de l’hymne national chinois un crime. Les personnes qui insulteront l’hymne seront condamnées à une amende de 50 000 HK$ (environ 6 380 dollars américains) ou à une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans. Le projet de loi a été adopté le 4 juin, jour du 31e anniversaire du massacre de la place Tiananmen.

Le département de l’éducation de la ville a demandé aux écoles d’afficher le drapeau national dans leurs locaux, ainsi que de chanter l’hymne national chinois les jours de célébration comme le jour de l’an, la fête nationale, les cérémonies de remise des diplômes, etc. S’il s’avère que des élèves ou des enseignants n’ont pas respecté l’hymne, les autorités scolaires sont tenues d’en informer la police.

Rédacteur Camille Lane

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