Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Chine. Un document révèle comment la Chine surveille les Ouïghours

ACTUALITÉ > Chine

La Chine efface l’identité des Ouïghours. (Image : jun jin luo / wikimedia / CC BY-SA 3.0)
 

Le gouvernement chinois est connu pour avoir adopté une position discriminatoire envers la population musulmane ouïghoure du pays. Un nouveau document, qui fournit des informations sur une base de données gérée par l’État, révèle la gravité de la surveillance et de la persécution à l’encontre des Ouïghours, dans les camps d’internement. La base de données répertorie des centaines de personnes du comté de Karakax, dans le Xinjiang, et donne les raisons pour lesquelles ces personnes sont surveillées ou détenues.

Répression de l’identité ouïghoure

« Dans la base de données, les détenus et leurs familles sont suivis et classés en catégories, rigoureuses et bien définies. Les ménages sont désignés comme " dignes de confiance " ou " non dignes de confiance ", et leur attitude est classée comme " ordinaire " ou " bonne ". Les familles sont classées selon leur " impact " religieux " léger " ou " lourd ", et le document comptabilise le nombre de parents de chaque détenu emprisonné ou envoyé dans un " centre de formation ". Les fonctionnaires ont utilisé ces catégories pour déterminer le degré de suspicion à l’encontre d une personne, même si elle n’avait commis aucun crime », selon The Guardian.

Les informations concernant la liste des personnes du district de Karakax ont été recueillies par des fonctionnaires en poste dans les communautés et dans les mosquées ou suite à des perquisitions chez l’habitant. Ces données qui intègrent des informations sur les individus, leurs proches, leur communauté et leur appartenance religieuse ont été rassemblées dans un dossier. Le district de Karakax est constitué à 97% de Ouïghours, la plupart des personnes sont donc issues de cette communauté religieuse.

Les fonctionnaires ont ciblé les gens en tenant compte d’activités telles que l’installation de logiciels étrangers, le fait de cliquer sur des liens vers des sites web étrangers, l’obtention d’un passeport, les voyages à l’étranger, la fréquentation d’une mosquée, la prière et le fait de porter la  barbe. Les personnes jugées suspectes ont été envoyées dans des camps de détention. Les personnes qui avaient déjà de la famille dans l’un de ces camps étaient beaucoup plus susceptibles de s’y retrouver. Cela a eu pour conséquence de criminaliser une famille entière.

Une femme de 38 ans a été envoyée dans un camp pour avoir porté un voile. Un homme de 65 ans a été épinglé pour « endoctrinement continu » dans le camp, parce que deux de ses filles avaient porté le voile ou la burka et qu’un de ses fils avait montré de fortes tendances islamiques ainsi qu’une attitude anti-Han. La « liste de Karakax » ne comporte aucune marque permettant son authentification. Sa validité en tant que document officiel est donc presque impossible à vérifier. Le document a été fourni par une femme ouïghoure nommée Asiye Abdulaheb, vivant à Amsterdam, qui l’avait reçu d’un exilé ouïghour.

Un homme de 65 ans a été épinglé pour «endoctrinement continu» dans le camp parce que deux de ses filles avaient porté la burka. (mentatdgt / Pexels)
Un homme de 65 ans a été épinglé pour « endoctrinement continu » dans le camp parce que deux de ses filles avaient porté la burka. (Image : mentatdgt / Pexels)
 

« Qu’il y ait ou non des cachets officiels sur le document, ces informations concernent des personnes réelles, vivantes... Ce sont des informations privées sur des personnes, qui ne seront pas rendues publiques. Il n’y a donc aucun moyen pour le gouvernement chinois de prétendre qu’il s’agit de faux... Je m’inquiète pour la sécurité de mes parents et amis... Mais si tout le monde garde le silence parce qu’il veut se protéger et protéger sa famille, alors nous n’empêcherons jamais que ces crimes soient commis », a déclaré Asiye à la BBC.

La peur du coronavirus

La propagation du coronavirus en Chine a alarmé la communauté ouïghoure. Comme beaucoup de ses membres sont détenus dans des camps d’internement aux conditions dégradées, le risque que le virus se propage rapidement parmi les détenus est très élevé. Une pétition sur Change.Org demandant la fermeture des camps, afin de réduire la possibilité d’infection par le coronavirus, a recueilli plus de 3 000 signatures.

Les Ouïghours s’inquiètent du fait que les personnes détenues dans les camps de détention puissent finir par être infectées par le coronavirus. (Image : effelle / Pixabay)
Les Ouïghours s’inquiètent du fait que les personnes détenues dans les camps de détention puissent finir par être infectées par le coronavirus. (Image : effelle / Pixabay)
 

« Les gens commencent à paniquer. Nos familles sont là, aux prises avec les camps et le virus, et nous ne savons pas si elles ont suffisamment de nourriture et si on leur fournit des masques », a déclaré Dilnur Reyhan, sociologue français d’origine ouïghoure à The Guardian. Selon les statistiques officielles, le Xinjiang n’a enregistré que 55 cas d’infection. Cependant, étant donné que l’État tente de dissimuler des vérités embarrassantes sur l’infection au coronavirus, les statistiques officielles ne sont pas entièrement fiables.

Rédacteur Fetty Adler

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.