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Chine. Recul pour Xi Jinping face aux chefs du parti à la retraite

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Le président chinois Xi Jinping assure ses fonctions dans une période de déclin économique marqué et de violations des droits de l’homme généralisées, commises par le Parti communiste. (Image : Jane Wittoeck / flickr / CC BY 2.0 )
 

Des mois de pourparlers commerciaux entre les États-Unis et la Chine ont été interrompus au début du mois de mai lorsque Pékin a soudainement fait marche arrière sur une grande partie de ce qui avait été convenu précédemment avec l’administration Trump. Cela a incité Washington à augmenter les droits de douane et a jeté de sérieux doutes sur la possibilité d’un accord fructueux entre les deux plus grandes économies mondiales.

Les observateurs ont immédiatement décelé la mauvaise foi du gouvernement chinois lors de ses négociations avec les Etats-Unis. À première vue, il semblerait que les réformes économiques structurelles dont le gouvernement Trump a requis la  mise en œuvre sont inconciliables avec les objectifs du Parti communiste chinois (PCC) et, par extension, avec ceux du président et chef du parti chinois, Xi Jinping.

Cependant, ce que l’analyse classique n’a pas permis de distinguer, c’est le rôle joué en interne par les factions du Parti communiste dans les pourparlers bilatéraux entre Pékin et les deux parties, au sein de leur désaccord. Bien que les efforts de l’administration Xi dans les négociations avec Washington, par l’intermédiaire du vice-premier ministre Liu He, aient pu avancer pour trouver un terrain d’entente, des groupes d’intérêts bien établis et l’opposition au sein du PCC, ont travaillé pour miner le leadership de Xi Jinping, en exploitant la nature opaque et tranchante de la politique partisane.

Le président américain Donald Trump s'entretient avec le vice-premier ministre chinois Liu He le 4 avril 2019 dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. (Image : La source va ici / CC0 1.0)
Le président américain Donald Trump s’entretient avec le vice-premier ministre chinois Liu He le 4 avril 2019 dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. (Image : Source goes here. / CC0 1.0)
 

D’anciens dirigeants à la retraite laissent tomber des allusions lors de participations à des activités publiques très médiatisées

Le 20 avril, Zeng Qinghong, un puissant fonctionnaire à la retraite qui avait été à la fois vice-président de la Chine et membre de haut rang du Politburo du PCC, svest rendu dans sa ville natale de la province du Jiangxi pour effectuer une « inspection », selon le journal Ming Pao de Hong Kong. Six jours plus tard, l’ancien chef du Parti Jiang Zemin, proche allié politique de Zeng Qinghong, a attiré l’attention des médias avec une photo de lui et de sa femme dans sa ville natale de Jiangzhou, province du Jiangsu, diffusée sur les réseaux sociaux chinois. C’était la première fois en un an et demi que Jiang, 92 ans, faisait une apparition publique.

Le 16 mai, Ming Chu-cheng, professeur de sciences politiques à l’Université nationale de Taipei à Taiwan, a expliqué sur la chaîne locale Nian dai xiang qian kan (年代向錢看) que si les activités publiques des anciens et actuels politiciens sont un phénomène banal dans les sociétés démocratiques, les mouvements des dirigeants du Parti en Chine font partie d’intrigues politiques complexes.

La faction du Parti communiste centrée autour de Jiang Zemin a dominé la politique chinoise de 1997 à 2012, avant que Xi n’arrive au pouvoir. En l’absence de son propre réseau de parrainage, Xi Jinping a commencé à purger les loyalistes de haut rang de Jiang Zemin dans le cadre de sa campagne anti-corruption, à commencer par Bo Xilai, membre du Politburo, dont l’implication dans un coup d’État présumé en 2012 lui a valu en 2013 une peine de prison à vie. 

« Lorsque quelqu’un comme Zeng Qinghong se montre et apparaît en public, ne pensez vous pas que c’est tout ce qu’il est nécessaire de faire », a déclaré le professeur M. Ming. « C’est très extraordinaire. Quand ces gens sortent, cela motive leurs factions alliées en montrant que leurs patrons sont toujours en bonne santé et qu’ils les surveillent. »

« Le rapport de Ming Pao note que Zeng Qinghong était accompagné de responsables locaux et d’un important détachement de sécurité, et qu’il a été chaleureusement accueilli par les habitants de Ji’an », a écrit SinoInsider, un cabinet de conseils en risques politiques, dans un article du 3 mai. Dans le rapport de Ming Pao, on pouvait lire des commentaires de réseaux sociaux chinois affirmant que Zeng Qinghong se comportait comme un officiel en service.

En dehors de la faction de Jiang Zemin, Xi Jinping doit faire face à une vive opposition de la part de divers groupes au sein même du PCC. (Image: YouTube/Screenshot)
En dehors de la faction de Jiang Zemin, Xi Jinping doit faire face à une vive opposition de la part de divers groupes au sein même du PCC. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

La lutte entre factions au sein du Parti s’intensifie

Selon SinoInsider, l’apparition publique des chefs de faction de Jiang indique que la lutte entre factions au sein du Parti communiste s’est considérablement intensifiée pendant la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, les opposants de Xi Jinping cherchant des ouvertures pour obtenir des victoires politiques ou idéologiques contre lui.

En dehors de la faction de Jiang Zemin, Xi Jinping doit faire face à une vive opposition de la part de divers groupes au sein même du PCC dont les avantages et les privilèges sont menacés par sa campagne anti-corruption et d’autres politiques. Parmi eux se trouvent des cadres de base du Parti, des officiers militaires et des groupes d’intérêts financiers.

Cheng Xiaonong, un spécialiste de la politique et de l’économie basé aux États-Unis, a écrit dans une analyse traduite et publiée par The Epoch Times, que le fondement de l’opposition à Xi Jinping « résulte de l’animosité extrême contre les campagnes anti-corruption de la haute direction. La nostalgie des époques Jiang Zemin et Hu Jintao est, en fait, une préférence pour la politique de " corruption pour la coopération " des précédents dirigeants. »

Le 18 mai, Reuters a rapporté que Liu Shiyu, l’ancien chef de la Commission de réglementation des valeurs mobilières de la Chine, faisait l’objet d’une enquête de la part de la commission de lutte contre la corruption de l’État. Selon SinoInsider, Liu Shiyu est un allié clé de Xi Jinping, qui a contribué à stabiliser le système financier chinois après le krach boursier de 2015. En 2017, il a déclaré que plusieurs responsables du PCC de la faction Jiang Zemin qui ont été soumis à des purges, avaient « comploté pour usurper » la direction de Xi Jinping.

L’arrestation de l’ancien responsable de la réglementation des valeurs mobilières Liu Shiyu donne à penser qu’au milieu de la crise de la guerre commerciale et du ralentissement économique de la Chine, Xi n’est pas tout à fait capable de protéger ses propres alliés contre les critiques, car son administration ne fait fait pas la distinction entre les négociations avec les États-Unis et les forces déloyales du Parti communiste.

Des réformes dangereuses

En décembre dernier, Xi Jinping aurait établi une longue liste d’engagements lors de son sommet avec le président Trump en Argentine, dont beaucoup ont été annulés par les représentants chinois et américains au cours des mois suivants. Au cours de cette « trêve » commerciale, les États-Unis ont gelé les droits de douane à 25 % pour environ 60 milliards de dollars US de marchandises chinoises et à 10 % pour 200 milliards de dollars US supplémentaires.

Selon SinoInsider, les efforts de Xi Jinping pour négocier avec les Etats-Unis l’ont placé dans une position idéologiquement dangereuse à un moment où la propagande du Parti s’acharne contre une prétendue agression américaine et renforce la puissance du système communiste chinois.

Dans cet environnement de dictature en Chine, il est dangereux, même pour les dirigeants du Parti, de paraître faible ou en désaccord avec l’idéologie communiste. En 1989, le secrétaire général du PCC, Zhao Ziyang, a été évincé pour avoir soutenu des manifestants pro-démocratie, et en 1987, Hu Yaobang, le secrétaire général que Zhao Ziyang avait remplacé, a été mis à l’écart pour avoir préconisé des réformes politiques qui auraient pu remettre en cause le statut autoritaire du parti communiste.

Selon Ming Chu-cheng, professeur de sciences politiques à l’Université nationale de Taïwan, il est peu probable que le  gouvernement chinois ait toujours envisagé de revenir sur ses accords antérieurs dans les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine, étant donné le grand nombre de réunions bilatérales tenues depuis la trêve commerciale du 1er décembre. Les retours en arrière du gouvernement chinois reflète plutôt les tentatives de l’administration de Xi Jinping pour parer aux attaques de ses rivaux du Parti communiste. 

Dans son analyse du 19 mai, SinoInsider écrit : « Xi est actuellement confronté à des risques politique très élevés, cependant, il pourrait être en mesure d’éviter ces risques s’il s’accordait à reconnaître que préserver les règles du PCC ne lui assurera pas sa propre immunité »
 

Rédacteur Swanne Vi

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