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Monde. L’impact du virus sur la chaîne céréalière

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Le véritable cœur de la tempête risque d’être la chaîne céréalière. (Image : Peggy Choucair / Pixabay)
 

Le nouveau coronavirus continue de se propager, certains craignent la chute de la bourse, en fait, parmi la série de catastrophes primaires et secondaires apportée par ce nouveau coronavirus, la bourse ne semble pas la plus inquiétante, même le défaut de paiement de la dette et le chômage ne sont pas les plus importants, le véritable coeur de la tempête risque d’être la « chaîne céréalière ».

Suite à la mondialisation économique, les chaînes industrielles mondiales sont interdépendantes. Les plus centrales étant les chaînes énergétiques et alimentaires, tandis que les autres sont subordonnées en termes d’importance. Les exportateurs mondiaux de céréales sont principalement les États-Unis, le Brésil, l’Argentine, la France, l’Ukraine, le Canada, la Russie, le Kazakhstan, l’Inde, le Vietnam, la Thaïlande et l’Australie, tandis que la grande majorité des autres pays sont des importateurs de céréales.

Il s’agit d’une situation fortement monopolistique sur le marché international des céréales, similaire aux monopoles de l’OPEP, des États-Unis et de la Russie sur le marché du pétrole brut. Seuls trente-trois pays dans le monde peuvent atteindre l’autosuffisance en produits agricoles.

Cette épidémie a fait prendre conscience à l’Europe et aux États-Unis des dommages causés par l’externalisation des chaînes industrielles, entraînant une pénurie de fournitures médicales et menaçant la vie de leur propre population. Ainsi, le remaniement des chaînes industrielles mondiales semble inévitable, ce qui inclut la chaîne industrielle mondiale des céréales.

Le Vietnam  veut «suspendre ses exportations de riz, pour s’assurer un bon approvisionnement au niveau national». (Image : Dung Le Tien / Pixabay)
Le Vietnam veut «suspendre ses exportations de riz, pour s’assurer un bon approvisionnement au niveau national». (Image : Dung Le Tien / Pixabay)
 

Le 26 mars 2020, RFI annonçait que le Vietnam réfléchissait à « suspendre ses exportations de riz, pour s’assurer un bon approvisionnement au niveau national, dans un contexte de propagation du coronavirus dans le pays. Une décision qui pourrait avoir un impact majeur sur le marché international ».

Des céréales impactées par une catastrophe naturelle et des mesures sanitaires de prévention

Au début de l’année, une invasion de criquets en Afrique, en Inde et au Pakistan, aura certainement eu un impact important sur le marché mondial des céréales, mais aussi sur la sécurité alimentaire.

La province du Hubei est l’une des productions agricoles importantes de la Chine. Avec l’apparition de l’épidémie, la population du Hubei a été confinée sur une longue période, il était également difficile de se livrer à des activités industrielles et agricoles. À cela il faut rajouter les mesures de blocage s’appliquant au transport des semences, des engrais, des pesticides, des aliments pour animaux, ce qui fait qu’à Hubei de nombreux domaines d’activités agricoles ont été touchés.

Le Premier ministre Narendra Modi a mis en place le confinement en Inde, pour prévenir la propagation de l’épidémie : ce qui aura des répercussions sur les activités agricoles, à une période qui coïncide avec une saison critique pour la gestion de la production agricole.

Le confinement aura un impact majeur sur l’agriculture cette année. (Image : Gerald Friedrich / Pixabay)
Le confinement aura un impact majeur sur l’agriculture cette année. (Image : Gerald Friedrich / Pixabay)
 

L’impact n’est pas limité à l’Inde, mais les principaux exportateurs mondiaux de céréales, comme les États-Unis, le Canada, la France, l’Australie, le Brésil, l’Argentine, la Russie et la Thaïlande souffrent tous de ce virus qui maintient une partie de leur population confinée, ce qui aura forcément un impact majeur sur l’agriculture cette année.

Par ailleurs le Kazakhstan qui a connu un important développement économique, va aussi suspendre ses exportations. Selon le site Novastan.org « Dans un contexte où l’état d’urgence est déclaré depuis le 16 mars, le Kazakhstan mène aujourd’hui une politique active pour pallier les dégâts causés par la pandémie de coronavirus. Pour assurer un approvisionnement constant de sa population, Nur-Sultan a décidé de suspendre l’exportation de certaines denrées alimentaires, notamment le blé, comme le rapporte l’agence Reuters. Cette décision, prise le 22 mars dernier, a été annoncée le 24 mars par le ministre kazakh du Commerce Bakhyt Sultanov. Sur sa page Facebook, le ministre a précisé que cette décision allait de pair avec la suspension de certaines importations ».

L’annonce faite par la Russie selon laquelle elle va « limiter ses exportations de plusieurs variétés de céréales à sept millions de tonnes jusqu’au 30 juin 2020 », risque d’avoir un impact majeur sur les marchés céréaliers, selon un article de La France Agricole : « La FAO (Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation), l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et l’OMS (Organisation mondiale de la santé) craignaient cette décision. Ces restrictions pendant la pandémie causée par le coronavirus risquent en effet de perturber les marchés mondiaux et de créer des pénuries alimentaires ».

Cette épidémie a fait réaliser à de nombreux pays d’Europe et des États-Unis, les risques énormes qu’entraîne l’externalisation de la chaîne industrielle.

L’impact de cette épidémie sur la vie et la santé des personnes est extrêmement grave. À ce jour elle a fait plus de 30 000 morts, mais cela n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’épidémie risque de produire des « effets secondaires », qui ne sont pas encore visibles, mais qui pourraient être beaucoup plus graves que ceux causés par le virus lui-même, comme celles que pourraient causer la rupture de la chaîne céréalière.

Rédacteur Charlotte Clémence

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