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Monde. Chine : le secteur bancaire parallèle en difficulté

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Le système bancaire parallèle chinois constitue un risque pour la stabilité financière. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

L’épidémie de Covid-19 a jeté une ombre non seulement sur l’industrie financière officielle de la Chine, mais aussi sur son secteur bancaire parallèle. L’expression « shadow banking » ou système bancaire parallèle, désigne essentiellement un groupe d’intermédiaires financiers ne dépendant pas d’une organisation, qui facilitent l’octroi de crédit sans être soumis à la réglementation bancaire.

Problèmes au niveau du secteur bancaire parallèle

En avril, l’agence de notation de crédit Fitch a auguré que le système bancaire parallèle chinois serait mis sous pression cette année, car la pandémie réduit la capacité des entreprises privées à générer des flux de trésorerie. « Nous prévoyons que la part des actifs des banques parallèles dans le PIB continuera à diminuer en 2020, pour atteindre 41 % du PIB fin 2020, contre 43 % fin 2019 » a-t-elle prédit.

« Cela reflétera en partie la peur liée aux risques, chez les prêteurs du secteur, qui seront réticents à s’exposer davantage à un moment où les conditions économiques sont particulièrement difficiles pour les emprunteurs », a déclaré l’agence dans un communiqué.

Xu Zijun, un analyste de Reality Finance Research basé à Pékin, pense que nous allons assister à des défaillances record par rapport aux 5,4 trillions de yuans (environ 800 milliards de dollars) dans les offres de fiducie attendues cette année. Il s’agit de produits financiers à haut rendement qui sont souvent vendus à des personnes fortunées, des banques et des investisseurs institutionnels.

Xu Zijun estime qu’environ 300 de ces produits seront en défaut de paiement d’ici la fin de l’année, soit plus du double des 118 défauts de paiement de l’année dernière. Selon la China Trust Association, environ 1 500 produits fiduciaires d’une valeur totale de 577 milliards de yuans (environ 85 milliards de dollars) étaient classés comme risqués à la fin de 2019.

La Cour suprême de Chine a limité les intérêts exigés par les prêteurs privés. (Image : pixabay / CC0 1.0)
La Cour suprême de Chine a limité les intérêts exigés par les prêteurs privés. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

L’agence de notation Fitch s’attendait à ce que les régulateurs chinois relâchent leur emprise sur le secteur bancaire parallèle étant donné que la pandémie a créé une crise de liquidité. De ce fait, tout crédit qui peut passer par le marché est généralement le bienvenu. Cependant, l’inverse semble être en train de se produire en ce moment. La Cour suprême de Chine a fixé un plafond pour les taux d’intérêt des prêts privés à environ 15,4 %, ce qui représente une baisse par rapport aux taux de 24 % appliqués précédemment.

Cela poserait de gros problèmes aux petites entreprises et aux particuliers qui dépendent du secteur informel du crédit pour obtenir des fonds. Les prêteurs du secteur bancaire parallèle vont probablement réduire leurs prêts en raison de la baisse des taux d’intérêt. Fitch pense que la nouvelle décision aura un impact négatif sur des secteurs comme le microcrédit, le financement à la consommation et la location de voitures d’occasion.

Le secteur bancaire formel

En ce qui concerne le secteur bancaire formel, les choses ne se présentent pas très bien non plus. Les banques chinoises ont déclaré une énorme baisse de leurs bénéfices nets, pour la première fois depuis plusieurs décennies. Ces institutions ont augmenté leurs provisions pour créances douteuses de 656 milliards de yuans (environ 95,8 milliards de dollars), ce qui souligne la gravité de la situation financière du pays.

Les banques chinoises ont récemment déclaré une baisse de leur bénéfice net. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Les banques chinoises ont récemment déclaré une baisse de leur bénéfice net. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
 

Les autorités de régulation du secteur ont déjà déclaré que les banques vont amortir 3,4 billions de yuans (500 milliards de dollars) de prêts douteux cette année, ce qui représente environ 50 % de plus que ce qui a été cédé l’année dernière. En outre, près de 4 % des dettes douteuses des banques, équivalant à 7 billions de yuans (environ 1 billion de dollars), ont apparemment été reportées à l’année prochaine.

Les entreprises chinoises sont également en défaut de paiement sur les prêts étrangers. Selon Fitch, neuf entreprises chinoises ont manqué à leurs obligations en devises étrangères en 2020, pour un montant total d’environ 4,5 milliards de dollars. Ce chiffre a largement dépassé les 3,3 milliards de dollars que les entreprises chinoises ont manqué à leurs obligations en 2019, et l’année n’est même pas encore terminée. D’ici la fin de l’année 2020, près de 54 milliards de dollars de remboursements d’obligations devraient être dus. De ce fait, il y a plus de défaillances avec les cartes.

Rédacteur Fetty Adler

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