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Chine. Intelligence artificielle : la Chine exporte son système répressif

ACTUALITÉ > Chine

La Chine exporte son redoutable système de contrôle par intelligence artificielle (IA) dans le monde

La Chine exporte son système de surveillance par IA à l’étranger. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

La Chine est en train de construire le plus grand système de surveillance au monde, avec des millions de caméras installées dans tout le pays, des systèmes de reconnaissance faciale capables d’identifier les gens par leur origine ethnique, des applications qui suivent les activités des citoyens en ligne, un système de censure qui surveille automatiquement ceux qui critiquent le gouvernement, et une foule d’autres technologies répressives.

La Chine n’utilise pas ces technologies seulement dans son pays, mais elle les exporte également vers d’autres nations, faisant essentiellement du modèle communiste un promoteur de l’autoritarisme technologique dans le monde entier, ce qui représente une menace potentielle pour la paix mondiale.

Le fait d’avoir une population de plus d’un milliard d’habitants implique que les entreprises chinoises engagées dans l’élaboration de systèmes de surveillance par IA disposent d’énormes bases de données, rendant les technologies de surveillance encore plus efficaces et précises. Cela donne aux entreprises chinoises un avantage sur les concurrents d’autres pays où les populations sont plus faibles et où les gouvernements sont également stricts sur les règles de confidentialité.

Toutefois, le développement de systèmes d’IA nécessite d’énormes investissements. Et la meilleure façon de récupérer ces investissements et de faire des profits est de vendre des solutions d’IA à de nouveaux clients. C’est le moteur dans l’exportation massive par la Chine de technologies de surveillance par IA à l’échelle mondiale.

Asie, Afrique et Amérique latine

Un rapport publié l’année dernière par le groupe de réflexion Carnegie Endowment for International Peace note que la Chine vend des technologies de surveillance par IA à environ 63 pays, dont 36 ont signé des accords dans le cadre de l’initiative de la nouvelle route de la soie. Les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine sont la cible principale des entreprises de surveillance par IA.

En Malaisie, le gouvernement a chargé la start-up chinoise Yitu de mettre en place un système de reconnaissance faciale pour la police de Kuala Lumpur. En Mongolie, la Chine aligne des caméras de surveillance dans les rues de la capitale. En Serbie, Huawei met en place une « ville sûre » dotée de systèmes de reconnaissance faciale pour assurer la sécurité des touristes chinois.

La Chine a établi un réseau sans fil en Éthiopie avec un accès par porte dérobée pour le gouvernement. (Image: Pixabay / CC0 1.0)
La Chine a établi un réseau sans fil en Éthiopie avec un accès par porte dérobée pour le gouvernement. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
 

Il y a plusieurs années, la société chinoise ZTE a mis en place un réseau sans fil en Éthiopie avec une porte dérobée qui a permis au gouvernement de mettre le nez dans les conversations des citoyens. Plus tard, plusieurs dissidents ont été arrêtés et brutalement interrogés par l’Etat après que leurs appels téléphoniques aient été interceptés. Des pays africains comme l’îleMaurice, l’Ouganda et le Kenya suivent ce modèle et mettent en œuvre ces systèmes de surveillance chinois dans leurs grandes villes.

En Amérique latine, la Bolivie, le Venezuela et l’Équateur embauchent des entreprises chinoises pour mettre en place des systèmes de surveillance et de suivi à l’échelle nationale. Ce sont ces mêmes technologies qui ont été développées et systématiquement utilisées contre les minorités ethniques comme les Tibétains, les Ouïghours, les Kazakhs, et d’autres.

Europe

Selon l’Australian Strategic Policy Institute, même les pays européens sont sollicités par les entreprises chinoises pour des projets de villes intelligentes. Les experts avertissent que donner aux entreprises chinoises l’accès aux données de ses citoyens permet essentiellement au gouvernement communiste d’y accéder.

« Je pense qu’il y a parfois l’hypothèse que " lorsque nous déploierons cette technologie, nous n’allons pas l’utiliser de façon négative, nous l’utiliserons pour fournir des services ou nous l’utiliserons d’une manière qui soit considérée comme acceptable, socialement acceptable dans notre société " ... Mais en fait (nous) ne pouvons pas être sûrs de cela car la différence ne réside pas nécessairement dans la façon dont la technologie est déployée, mais plutôt dans qui a accès aux données qu’elle recueille... Si c’est une entreprise chinoise comme Huawei, et que les données repartent en Chine, elles peuvent être utilisées par le parti, à sa manières », a déclaré Samantha Hoffman, membre du Cyber Centre de l’ASPI, à CNBC.

Les entreprises chinoises sollicitent les pays européens pour des projets de villes intelligentes. (Image: Pixabay / CC0 1.0)
Les entreprises chinoises sollicitent les pays européens pour des projets de villes intelligentes. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
 

La différence entre l’Europe et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine est que l’UE est une puissance économique majeure qui ne peut pas être intimidée. En fait, il y a eu un appel croissant pour empêcher les entreprises chinoises d’accéder aux données des citoyens européens. En revanche, Pékin cible les pays financièrement vulnérables d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, offrant des systèmes de surveillance à crédit. Et quand ces nations sont incapables de rembourser, Pékin assouplit les conditions de la dette, en contrepartie elles devront céder l’accès aux données des citoyens.

Rédacteur Gabriel Olamsaint

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